May 8, 2024
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Fait Divers

Meurtre à Bambous : Dixitha, une (autre) victime de trop

Le village de Bambous est toujours sous le choc après l’agression mortelle à l’avenue Belle Isle, en début de soirée lundi. Dixitha Veerapen, 24 ans, a été agressée à coups de barre de fer et étranglée jusqu’à mort s’en suive par son concubin, Vidianand Beekharry. Cela, sous les yeux de leur enfant d’un an. Vidianand Beekharry, 28 ans, a tenté de mettre fin à ses jours par la suite. Il sera inculpé de meurtre à sa sortie de l’hôpital.

Lundi 7 mars. Une nouvelle dispute éclate entre Dixitha Veerapen et Vidianand Beekharry. Selon les proches, ces disputes étaient fréquentes. Le jeune homme a, cette fois, cadenassé la porte de sa chambre pour que personne n’intervienne. Ce sont les voisins qui ont appelé la police après avoir entendu des cris et les bruits d’objets se fracassant dans la maison. Vidianand Beekharry, hurlait et pleurait en refusant d’ouvrir la porte. Ses proches ont finalement pu défoncer la porte et ont découvert le corps de la jeune femme.

Dixitha Veerapen était inconsciente, à moitié nue, en position assise contre le lit. Ses sous-vêtements étaient éparpillés au sol. La police a constaté qu’elle n’avait plus de pouls et ne respirait plus. L’autopsie pratiquée par le département médicolégale de la police, mardi 08 mars, a attribué le décès à un choc dû à de multiples blessures.

Les policiers ont constaté un désordre indescriptible à l’intérieur de la pièce. Vidianand Beekharry gisait dans une mare de sang à côté de sa compagne. Il portait une lacération au poignet gauche. Il a tenté de se suicider en s’ouvrant les veines avec une paire de ciseaux.

Vidianand Beekharry, qui serait toxicomane, a été admis à l’hôpital Victoria et une sentinelle a été placée à son chevet. En raison de son état de santé, il n’a pas encore été interrogé par la police. Toutefois, sur son lit d’hôpital, il est revenu sur les raisons de la dispute qui a éclatée entre la victime et lui. Le suspect a expliqué qu’il soupçonnait sa concubine d’infidélité, car elle est rentrée plus tard que d’habitude ce jour-là. Malgré les explications de Dixitha Veerapen, il a commis l’irréparable…

Purnima Veerapen, la mère de la victime, a expliqué lundi 07 mars à la presse que sa fille l’a appelée, car elle avait besoin d’un peu d’argent. Mère et fille se sont rencontrées à Rose-Hill et Purnima a donné à sa fille Rs 500 afin qu’elle puisse acheter ce dont son enfant avait besoin.

Dixitha Veerapen est aussi mère de deux autres enfants en bas âges issus d’une précédente union. L’un a été pris en charge par ses grands-parents alors que l’autre se retrouve sous la responsabilité de la Child Development Unit. Vidianand Beekharry, lui, séparé de sa première épouse. Ils ont eu deux enfants.

Le suspect comparaîtra en cour sous une accusation de meurtre à sa sortie de l’hôpital. Les funérailles de la victime ont eu lieu hier après-midi. L’enquête est menée par les limiers de la Criminal Investigation Division de Bambous, sous la supervision du surintendant de police Bansoodeb.

Dixitha Veerapen était une femme battue et l’avait fait savoir à ses proches, qui ont, à maintes reprises tenté, de la convaincre de quitter son époux. Pourtant, malgré les coups, elle est restée. Comme beaucoup d’autres. Les raisons sont parfois floues mais souvent les femmes battues sont prêtes à tout endurer par amour ou pour offrir un avenir meilleur pour leur enfant.

« J’ai fait ce que j’ai pu pour retirer ma fille de l’enfer qu’elle vivait, quand elle nous a dit que son concubin la battait. J’étais parti la chercher à la fin de l’année. D’ailleurs, sa mère et moi lui avons demandé à plusieurs reprises de retourner à la maison, mais elle nous a dit qu’elle a parlé à Vicky qui lui a dit qu’il allait changer », nous explique Nanda Veerapen, le père de Dixitha, qui ajoute que c’est pour cette raison que sa fille retournait vers Vidianand Beekharry à chaque fois.

Dans la plupart des agressions mortelles touchant les petites-amies, concubines, épouses et mères de famille, la victime vivait sous les coups de son bourreau depuis des années. Les victimes pardonnent souvent leurs bourreaux et perdent toute crédibilité lorsqu’elles crient au loup. Pourtant à chaque meurtre, les Mauriciens sont choqués, indignés, les organisations non-gouvernementales montent au créneau et les autorités parlent de campagne de sensibilisation ou de lois plus sévères.

Pour les spécialistes, il faut un changement de mentalité qui passe par l’éducation. Crier haut et fort que la place de la femme n’est pas que dans une cuisine ne suffit plus. D’autant plus que ce problème de mœurs ne semble pas s’atténuer plus les années passent. Les victimes sont plus jeunes et se retrouvent dans un cycle infernal dès que la première gifle est donnée. Débute alors la descente aux enfers. L’heure n’est plus à la réflexion mais bien aux actions concrètes pour briser ce cycle infernal.

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