Le naufrage du bateau de migrants survenu au large de la Grèce, dans la nuit du mardi 13 au mercredi 14 juin, demeure toujours un mystère. Une semaine s’est écoulé depuis ce drame, qualifié d’un des plus meurtriers qu’a connu la Mer Méditerranée et le bilan n’est toujours pas précis. Ce qui suscite la colère des sympathisants à travers le monde. Cader Hossenally, un Mauricien établit à Londres, en fait partie.
Cader Hossenally, un Mauricien établit à Londres depuis plusieurs années, a participé à une manifestation à Downing Street, Londres, le lundi 19 juin dernier. Cette manifestation a été organisée en solidarité avec les victimes du naufrage au large des côtes grecques. Dans une vidéo publiée sur sa page Facebook, il explique que selon la BBC, le système radar de l’Union Européenne était indiquait l’itinéraire emprunté par le navire et que les autorités savaient que le navire s’était échoué pendant plus de huit heures. Il estime que ce naufrage a fait plus de 500 victimes car le navire transportait environ 700 personnes. « Les autorités étaient au courant de la position du navire et qu’il n’avait pas bougé de cet endroit pendant plus de huit heures. Elles savaient qu’il était question de temps et que les passagers allaient mourir. Je peux imaginer la souffrance de ces passagers qu’ils se noyaient », déplore Cader Hossenally.
Ce dernier lance un appel à toutes les personnes à travers le monde, les invitant à faire entendre leur voix contre la manière de faire des gouvernements, notamment la manière dont ils traitent les « ti dimounes ». Il faut ouvrir les frontières à tous ceux qui ont besoin d’un refuge. Ouvrez les frontières maintenant ! Les réfugiés sont les bienvenus ici », dit-il. Son appel va aussi pour les Mauriciens : « Nous avons témoigné la misère qu’ont subi les Chagossiens. Il faut faire entendre nos voix pour les victimes des autres pays également », laisse-t-il entendre.
Cader Hosenally, l’infatigable activiste socio-politique
Cader Hosenally est un nom qui résonne fort depuis des années dans le giron politique, surtout au niveau du PMSD. Il a été proche du feu Sir Gaëtan Duval et aujourd’hui de Xavier Luc Duval. Cader Hossenally est un travailleur social très connu. Au chevet de son fils de 32 ans [Saddam], desservi par un handicap depuis sa naissance, Cader se dévoue corps et âme à la cause des enfants autrement capables. Il est basé à Londres où il est engagé dans des activités socio-politiques, mais effectue régulièrement des visites à Maurice pour soutenir les actions du PMSD. Après avoir voué une fidélité inoxydable et sans bornes à feu Sir Gaëtan Duval, il prolonge avec le fils Xavier un pacte identique. Brillant observateur politique et homme de terrain, qui sait ratisser large, il est parallèlement engagé dans le social.
104 rescapés et 82 corps retrouvés
A hier, on avait toujours pas établi un bilan précis du nombre de victimes. Une semaine après le naufrage, on compte seulement 82 victimes officielles. Or, selon les dernières informations disponibles, ce vieux bateau de pêche avait 700 exilés à bord, originaires de la Syrie, d’Egypte, du Pakistan et de la Palestine, et son naufrage a fait au moins 500 victimes. Selon le décompte des autorités grecques, le nombre de rescapés s’élevait à 104 il y a deux jours, à savoir47 Syriens, 43 Egyptiens, 12 Pakistanais et deux Palestiniens. Pour ce qui est du nombre de morts retrouvés, 82 cadavres ont été récupérés en mer.
Les faits remontent à la nuit du mardi 13 au mercredi 14 juin. A 87 km au large des côtes de la péninsule du Péloponnèse (donc entre le continent et l’île de Crète), un vieux bateau de pêche s’est retrouvé en grande difficulté. Le bateau transportait plusieurs centaines d’hommes, de femmes et d’enfants, qui tentaient de rejoindre la Grèce et l’Europe. Mais, le navire a coulé, dans des circonstances encore floues. D’une part, les rescapés du naufrage et des ONG sur place accusent les garde-côtes d’avoir repéré le navire dès la journée du mardi, et d’avoir abandonné ses passagers à leur sort, n’intervenant que le mercredi matin. D’autre part, les autorités grecques, qui ont diligenté une enquête (tout comme les Nations-unies), assurent que les migrants ont refusé toute assistance. Les associations estiment toutefois que, dans tous les cas, il fallait impérativement intervenir, même sans l’accord des victimes.
State murder ?
Le journal anticapitaliste et révolutionnaire « Socialist Worker », publié à Londres, rapporte que l’activiste antiraciste grec, Petros Constantinou, qualifie le drame de « state murder ». Le groupe antiraciste grec Keerfa a organisé un rassemblement de protestation le jeudi 15 juin dernier. Les manifestations ont fait rage à travers la Grèce. Petros Constantinou du groupe antifasciste Keerfa a déclaré à Socialist Worker : « Les manifestations ont été massives et en moins de 24 heures. C’était incroyable à voir. À Athènes, nous avions plus de 30 000 personnes. Et il y a eu des manifestations dans 20 autres villes de Grèce, des ports près du naufrage au nord. Ce fut une journée massive d’action de solidarité envers les réfugiés et de colère contre la politique de fermeture des frontières ».
Petros a déclaré que les protestations avaient également fait rage contre la manipulation des événements par les garde-côtes grecs. « Les arguments des garde-côtes grecs sont des mensonges ouverts. Il a essayé de forcer un autre refoulement. Les survivants ont dit qu’il était responsable du naufrage. Et le bateau était endommagé depuis qu’il a quitté la Libye. Il a tourné pendant cinq jours, dérivant dans la mer. C’est un mensonge très clair qu’il voyageait en Italie. Il fallait le sauver », a-t-il dit.
« Cela a ouvert la voie aux méthodes barbares de refoulement dans la Méditerranée et le fleuve Evros. C’est très fier que seulement 5% des réfugiés entrent maintenant par rapport à 2019 », a-t-il ajouté. Petros a expliqué comment les forces frontalières empêchent sauvagement les réfugiés d’atteindre la Grèce. « Ils prennent les réfugiés qui parviennent à atteindre les îles grecques, les mettent dans des radeaux de sauvetage et les jettent dans les vagues quand le vent souffle en direction de la Turquie », a-t-il fait ressortir.
Keerfa fait maintenant campagne pour obtenir justice pour les victimes et les survivants qui sont traités par l’immigration grecque. « Des femmes et des enfants, ainsi que des centaines de Pakistanais sont portés disparus. Ils ne se présenteront peut-être jamais car cette zone est l’une des plus profondes de la mer », a ajouté Petros.