Navin Ramgoolam se plait à citer des chiffres pour démontrer qu’il a recueilli plus de votes que les deux autres leaders du MMM et du PMSD, à savoir PRB et XLD. Comme pour balayer d’un revers de main les appels et par extension les exigences pour qu’il ne soit pas présenté au poste de Premier ministre lors des prochaines élections. Avant de mettre en avant certains arguments qui justifient le retrait de NCR de la politique active, disséquons ces chiffres qui, à la vérité, détruisent la soi-disant justesse dans la façon de Navin d’interpréter les nombres de votes obtenus, en sa faveur.
Il affirme avoir récolté plus de votes que Paul Bérenger et Xavier Duval. Oui il a totalisé 17 536 votes, soit plus que les deux autres chefs de file. Mais, il faut s’empresser de faire ressortir que son score équivalant à 41,170 % réalisé à partir d’un nombre de votants nettement supérieur, soit 42 594 contre 33 213 dans la circonscription du no.17 [où XLD était engagé] et 28 169 au no. 19 [dans le fief de PRB]. D’ailleurs, P. Bérenger a recueilli approximativement 10 % plus de votes que Navin [51,006 % contre 41,170 %]. Le leader mauve peut se targuer d’avoir dépassé les 50 % de votes, qui montre qu’il a mérité son élection avec un pourcentage majoritaire.
En revenant aux résultats de 2014, on notera que les votants du no. 5 [où NCR s’est toujours fait élire avant] ont en majorité rejeté N. Ramgoolam. Car, il n’a totalisé que 20 093 votes, soit un pourcentage de 43,868 %. Ce qui signifie que 56,2 % ne l’a pas voté. Les deux échecs successifs [2014/19] stigmatisent clairement la décadence du leader rouge. Et, ces résultats prouvent, si besoin est, que NCR est dans la mouvance d’une désaffection populaire établie et en constance. Comment pourrait-il convaincre qu’il pourrait être élu après ces deux défaites qui surgissent l’une après l’autre ? On devrait parler dans cette trajectoire de recul progressif, donc dangereux pour son avenir.
Navin frisera les 80 ans en 2024, techniquement date des prochaines élections. Sans donner dans des références et des considérations médicales, il faut préciser qu’à 78 ans il sera physiquement éreinté, si l’on tient en ligne de compte qu’il n’a pas eu un train de vie équilibré. On ne veut pas être méchant, la santé d’un PM et celui qui vise à devenir Premier ministre est du domaine public. Dans cette optique, déjà, on constate qu’il a bien maigri. Sans insinuer quoi que ce soit, il est approprié de jouer la transparence, quant à l’état médical d’un prétendant au poste de PM. On pourrait arguer sur l’âge de SAJ pour son come-back politique. Mais, à voir de très près, on se rend à l’évidence que Sir Anerood Jugnauth pouvait se prévaloir d’un dossier médical à toute épreuve. N’ayant été ni fumeur ni buveur invétéré, SAJ se parait de surcroît d’une vie saine irréprochable, les mœurs dissolues n’étant pas son affaire.
Après cette revue de santé implacable, il y en a plus qui puisse accabler NCR. Sa gestion quelconque du pays ponctuée par son immobilisme, ceci se vérifiant par son refus ou la rareté dans le fait d’accorder des rendez-vous à ses ministres. D’où la non-réalisation de nombreux projets, tel le métroléger.
L’amer et scandaleux épisode de Nandani Soornack qui absorba la plupart de son temps fut en fait une exacerbation des faillites de NCR à la tête du pays. Et, pour combler le tout, le coffre-fort dans sa demeure, où était précieusement amassées pas moins de Rs 250 millions fit voler en éclat les apparences trompeuses de l’ancien PM lequel croyait pouvoir toujours lénifier le peuple avec son sourire à double-sens.
Navin Ramgoolam face à une armada de l’opposition constituée par des leaders aguerris et bien focalisés sur une rupture définitive avec le « prime ministership navinien » et qui ne cèderont à aucun compromis, survivra difficilement dans sa tentative de postuler pour le « Prime ministership ». Politiquement, il se retrouve entre la corde et le poignard, soit une mort lente et progressive.
Il va sans dire qu’il y a péril en la demeure du PTr, avec cet entêtement de son leader à défier la logique, la raison et la cruelle réalité.
Seul, le PTr n’a jamais gagné une élection générale depuis 1976. Avec une moyenne se situant à 30 %, le PTr est parti pour une nouvelle défaite et la poursuite d’une carrière dans l’opposition.
Le seul personnage assez crédible à pouvoir lui tenir tête et le déloger, en l’occurrence Arvin Boolell, est rentré dans les rangs. Son affiliation « castéiste » ne lui octroyant que peu de marge au sein d’un parti enchaîné de toutes parts par les engrenages géo-ethniques mis en place par SSR, Arvin ne jouit plus de cette santé de fer qu’il affichait dans le passé. Un pontage coronarien ne laisse que peu de perspectives dans un domaine où les artères coronaires sont soumises à rude épreuve.
Donc, Navin ayant fait le trou, c’est la bouteille à encre derrière lui. Le MSM ne doit pas perdre son temps et aura tout à gagner à dérouler une stratégie de verticalité et d’horizontalité. C’est à dire, d’un côté hiérarchiser l’équipe, avec la montée en puissance de certains hommes [s’agissant ici de parlementaires] publiquement et non pas en coulisses; et de l’autre côté à ratisser en long et en large dans les terroirs du PTr.
La nomination d’un chef de file extra-parlementaire à plein temps serait un point d’appui solide pour opérer sans relâche sur le terrain.
Quoiqu’il en dise, Navin ne pourra pas cacher, voire supprimer la fronde sournoise grandissante qui rumine dans les bases travaillistes. Où les purs sangs rouges voient déjà la défaite au travers du maintien de NCR à la tête du parti. Ils s’agitent, mais NCR arrive à les museler jusqu’ici. Mais, connaissant le réchauffement d’une nouvelle intensité dans l’époque actuelle, “the momentum is being gathered” et l’implosion est de nature inévitable.