April 16, 2024
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Opinion

Navin Ramgoolam :

On peut se réclamer en permanence du socialisme ou de la démocratie sans faille et ne pas toujours donner dans la grandeur. Eh bien, la dictature de parti se porte bien à Maurice, ces temps-ci, prospérant en particulier chez ceux qui donnent toujours des  leçons de tolérance et de liberté d’expression. Quel est ce mauricien qui ne soit pas ulcéré de voir à quel niveau abyssal fonctionne (dysfonctionne) le PTR, pour à ce point refuser tout crédit aux voix discordantes, tenter de les museler et à défaut les vouer aux gémonies des membres ?

Il y a chez les rouges des gens réputés d’avoir la sagesse de pointer les insuffisances (qui sont aujourd’hui réelles) et à critiquer durement le leader qui se dégonflerait. Las ! Pour d’autres, la confrérie du « j’ai toujours raison et les autres ont toujours tort » ne doit pas être contestée ou remise à sa place. Les récents renoncements des principes  pour s’allier au PMSD auraient dû pourtant inciter à plus de modestie. Plus important que tout le reste. Mais non, pour le chef, la fronde, la contestation sera responsable de tout.

L’écrivain La Fontaine persiflait : « le bien, nous le faisons, le mal, c’est la fortune. On a toujours raison, le destin toujours tort ». Voilà à peu près où nous en sommes avec les rouges. Ceux-ci n’ont certes pas le monopole de l’aigreur, mais il y a un bon quota, notamment chez ceux, qui considèrent encore que tout ce qui peut convenir à tous ces inconditionnels osant lever la tête, est intrinsèquement dangereux. À quand l’inversion de la courbe ? Cela tombe sous le sens : le PTR se portera sûrement mieux, le jour où tous les membres se dépêtreront de leur mutisme et de leur peur.

Confidences interdites : ceux qui militent sans retenue pour ce parti, vivent dans la peur, la colère sournoise et le mal du leader. Ce coup d’œil angoissé nous amène même à évoquer la paranoïa. Ils ont peur, peur de se signaler, d’être repérés comme des traîtres. Si les sociétaires d’aujourd’hui en avaient le pouvoir, ils se rendraient invisibles. Impossible d’ouvrir la bouche, sinon que de se réfugier dans l’anonymat le plus absolu. Il y a une obsession sans partage : se faire oublier. Mais leur sourire triste démontre à quel point le PTR est devenu désespérant.

Pour la plupart, il n’y a qu’un seul salut pour sauver le PTR et rendre aux membres  leur liberté d’expression et leur enlever cette peur au ventre. Se débarrasser de Navin Ramgoolam, pour brûler les dernières pages méconnaissables de l’histoire du Labour et en écrire une nouvelle, qui va redonner la dignité qui a fait la force de ce parti. Arvin Boolell et Shakeel Mohamed sont ceux qui ont osé le dire en public, quand Navin fut placé sous le verrou dans l’affaire des coffres forts. Ils s’étaient lâchés et parlaient vrai. Mais, devant la riposte dont ils furent l’objet, ça finissait dans l’oreille des sourds et les bêtises continuent des plus belles.

Dans le cadre des élections de novembre, devant la réticence de la population laquelle n’admet plus le retour de Navin à la tête du pays, des voix se sont élevées. Avec des partisans qui avancent le nom d’un haut dirigeant et prédisant celui-ci comme PM en cas de victoire. Serait-ce une salve, annonciatrice d’un nouveau tournant ? Il n’en demeure pas moins que les partisans ne sont pas prêts d’accepter un nouvel échec, après celui de 2014. D’où notre conviction que la fronde serait très sérieuse. Mais, à la veille du scrutin, l’heure est à la débandade. Comment se désolidariser du colosse aux pieds d’argile, reste l’imbroglio à décanter.

Laissons néanmoins les rouges à leur atermoiement et secousses intestines. Il y a plus important au niveau national. Le temps presse et c’est tout le pays qui paiera l’addition, si faute de soutiens, notre PM ne pourra consolider rapidement sa nouvelle stratégie économique, dont l’un des axes principaux est la création d’emploi. Le redressement devrait être la priorité pour tous, une cause nationale qui doit transcender les clivages et les couleurs politiques. Les perspectives de renouvellement de son mandat se consolident davantage, à mesure que l’échéance approche. D’ici le 22, avec l’officialisation de la liste des candidats, l’avance prendrait des allures qui ne laisseraient la place à aucun doute quant au maintien au pouvoir.