January 26, 2025
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Opinion

Opinion-Économie & projets : retrouver la confiance à tout prix

Alors que l’ile Maurice connait déjà l’euphorie des fêtes de fin d’années avec un début de consommation, le nouveau gouvernement semble tenir un poêlon chaud bouillant, sans trop savoir par quel bout prendre le récipient. Avec comme première boussole le State of the Economy, les dirigeants des quatre partis qui constituent l’Alliance du Changement sont en face d’un double choix très difficile : soit réduire les dépenses de l’Etat et augmenter les recettes fiscales – en ayant en tête le fait que le ministère des Finances sera déjà privée d’une partie des recettes provenant des taxes sur l’essence -, soit faire appel aux soutiens des aides de la Banque mondiale (BM). Quelque soit la décision qui sera prise, elle sera sous la loupe de l’agence Moody’s.

Le spectre d’une récession

Mais, d’ores et déjà, on peut être sûr que le gouvernement renoncera à faire appel aux fonds de la BM, la seule évocation d’une telle démarche ne pourra que faire apparaitre le spectre d’une récession. Mais, d’autre part, le gel de toute grosse dépense de l’État dans les financements de projets ambitieux ne pourra que donner l’impression que le gouvernement de l’Alliance du Changement n’aura que pour seul projet de société l’assainissement des finances publiques héritées de l’ex-Grand Argentier, Renganaden Padayachy. En une mandature de cinq années, ce serait un bilan peu réjouissant à présenter devant la population en 2030 ! Mais, quelle est donc la marge dont dispose le Dr Navin Ramgoolam avec à ses côtés le Dr Rama Sithanen aux commandes de la Banque de Maurice ? Et quels sont les mots qu’auront ministres, ‘junior ministers’ et députés face à leurs mandats respectifs, car il leur faudra bien une véritable communication de terrain afin de leur avaler la pilule ?

Discours crédibles

L’heure est-elle grave et désespérante ? En fait, il faudra trouver des mots justes dans des discours crédibles afin de convaincre les Mauriciens qu’il faudra se serrer la ceinture afin d’éviter un glissement de notation de la part des agences de notation. L’ennui c’est qu’à force d’avoir mis la barre haute en termes de promesses électorales, l’Alliance du Changement a fini par hériter d’une bombe qui commence petit à petit à lui exploser entre les mains, son adversaire lui, compter sur les milliards de roupies provenant d’un hypothétique paiement pour le bail américain de Diego Garcia. Est-ce que cela revient à dire que la situation économico-financière de Maurice serait identique à celle que l’on connait en ce moment si l’Alliance Lepep avait remporté les élections du 10 novembre dernier ?  Qu’importe, nous sommes dans de beaux draps, si bien que le ministre du Commerce, Michael Sik Yuen explique qu’il compte se tourner vers la Chine afin d’obtenir à moindre cout certaines denrées de base. Est-ce qu’il échouera à Ritish Ramful, ministre des Affaires étrangères, d’aller, lui, frapper aux portes de l’Inde pour obtenir à moindre couts d’autres produits alimentaires ? Voilà donc un partage de responsabilités qui sera intéressant à suivre de près puisqu’il s’agira, si cette perspective s’avère, d’identifier les produits que le pays attendra d’une part de la Chine et d’autre part l’Inde et quels seront les contreparties attendues par ces pays ‘amis’….

Autres enjeux

Mais, d’autres enjeux viennent déjà de se rappeler à notre souvenir : celui du cout du fret et du cout du dollar, ce dernier un des facteurs étant directement responsable de notre déficit de la balance des paiements. Quelque soit la nature de notre modèle de développement ou le parti qui nous gouvernement, notre économie fera toujours à un modèle de travail anachronique avec des produits locaux faisant de plus en plus face à un monde compétitif féroce. Comment augmenter la production locale si nous ne n’importons pas de main-d’œuvre, car de nombreux chefs d’entreprises mauriciens maintiennent que nos couts de production deviennent de plus insoutenables ? Lorsque ce gouvernement en aura fini de réclamer des comptes avec celui qui l’a précédé, il faudra bien qu’il s’attèle aux vrais enjeux économiques et géo-économiques. Comment réformer les lois régissant le monde de travail, avec l’extension des horaires jusqu’à la nuit si nos espaces publiques ne sont pas sécurisés pour tout le monde ? Si faut à tout prix chercher à comprendre les raisons pour lesquelles le projet 24/7 avait échoué. Il y a des possibilités réelles de mettre en pratique des horaires flexibles en accord avec les organisations syndicales afin que la machine productive de notre pays soit pleinement efficiente. Dans le même temps, il convient de créer des compétences nouvelles dans des secteurs l’économie bleue, la filière agro-alimentaire – si chère au ministre Arvin Boolell -, l’intelligence artificielle et la robotique, la recherche et les sciences concrètes, l’accompagnement des PME, entre autres. Comme l’ile Maurice est un petit marché, il faudra à tout prix lorgner des marchés de certaines régions africaines proches de Maurice. Mais, pour y arriver, il faudra des actions concertées des secteurs public et privé, d’une part et d’autre part des partenariats avec des groupes composés d’entreprises africaines, européennes et chinoises.

Partenariats en Afrique

Nous pouvons nous féliciter d’avoir déjà créé des partenariats en Afrique grâce à nos banques et des entreprises engagées dans la finance et c’est là qu’il faudra agir pour que nos entreprises puissent obtenir des parts de marché dans certains pays africains. Ce n’est guère là une tache herculéenne mais plutôt une affaire de communication et de priorités. Pour ce faire, il faut que les différents partenaires économiques se mettent à table pour réfléchir à ces perspectives et dégager des stratégies concrètes. Cette démarche commence par nos ambassades basées en Afrique, lesquelles doivent activer leurs services commerciaux, mais encore faut-il qu’elles possèdent les compétences adéquates de même que des moyens financiers. Pourtant, il faudra bien trouver des débouchés pour les produits ‘Made in Moris’ afin de développer nos entreprises, créer des jobs, réduire notre balance de paiements et nous affirmer comme un partenaire économique majeur dans cette partie du monde, comme l’est Singapour en Asie du Sud-Est.

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