Il parait que le leader du Parti travailliste (PTr), voulait que Bruno Laurette obtienne une investiture dans le Ward IV. Ce à quoi le leader du MMM s’est vivement opposé, ne voulant pas que l’activiste social fasse de l’ombre à ses candidats qui représenteraient l’électorat afro-mauricien des régions urbaines. Xavier Duval, de son coté, verrait lui-aussi en Laurette un ‘dangereux rival’ potentiellement dangereux pour ses ambitions. C’est que le leader des bleus s’est lui mis en tête d’incarner le seul ‘interlocuteur’ de la communauté afro-créole, afin de mériter la confiance que le PM Pravind Jugnauth a placée en lui.
C’est dire que le défi sera de rivaliser avec Bruno Laurette sur le terrain, un endroit solidement labouré par ce dernier. Bruno Laurette, c’est d’abord et avant tout une force tranquille mais aussi un ‘bulldozer’ avec une capacité de conviction qui donne des sueurs à ses adversaires. Il n’aura échappé à rien, Bruno Laurette. Dans l’affaire où il est sous le coup de trois accusations provisoires : possession de plus de 40 kilos de haschich valant plus de Rs 200 millions, possession d’armes à feu et blanchiment, il a certes été libéré sous caution mais les conditions de cette décision donnent le vertige : il a dû fournir deux cautions de Rs 1 million chacune et une deuxième de Rs 50 000 et signe une reconnaissance de dette de Rs 50 millions. Par, ailleurs il est sous assignation et ne peut pas s’aventurer dans les eaux proches du littoral. C’est à croire que nous sommes dans un mauvais film où il serait question d’un régime totalitaire !
Communauté urbaine
Les raisons pour lesquelles Bruno Laurette fait naitre une telle frousse tiennent au fait à sa capacité de s’adresser à la communauté urbaine en un langage clair et simple et à l’énergie qu’il déploie sur le terrain. On avait longtemps que sa personne se réduisait à un physique de ‘bouncer’ mais voilà qu’on découvre qu’il est aussi capable de tenir des propos cohérents ancrés dans la réalité locale. Tous les discours qui ont tenté de réduire ses actes à un simple propagandiste sectaire se sont heurtés aux actes d’un homme qui a réussi à convaincre du contraire. Même si aujourd’hui, Roshi Bhadain ne voit nulle autre personne que lui-seul comme éventuel futur Premier ministre, l’ex-ministre des Services financiers de Sir Anerood Jugnauth reconnait en Laurette un organisateur hors-pair. Laurette fait aussi partie de cette nouvelle classe de jeunes politiciens qui veulent en finir avec les Bérenger, Jugnauth, Duval et Ramgoolam. Candidat potentiel dans le Ward 1, à Port-Louis, avec sa débauche d’énergie, il serait bien capable de déranger les plans de Bérenger, Ramgoolam et Pravind Jugnauth tous confondus. C’est surtout ce qu’il serait capable de révéler qui inquiète les dirigeants des partis de tout bord étant donné qu’il appartient à une catégorie de citoyens auxquels certaines personnes font aisément confiance car elles ne sont pas parties des hautes instances du pouvoir là où les décisions d’État sont prises. Parfois leurs discours simples, humains et populaires font d’eux ces individus qui inspirent confiance. Le problème avec ce genre d’individus, c’est qu’ils ressemblent à des électrons libres, indépendants de tout, portent leurs convictions en bandoulière et sont prêts à tout endurer pour atteindre leurs objectifs. En cela, ils se présentent comme un véritable danger pour la classe politique traditionnelle qui, elle, a trempé dans toutes les combines et qui vole de compromis en compromissions afin d’être au pouvoir.
Brouiller les cartes
Certes, les Laurette et leurs semblables savent sans doute en leur for intérieur qu’il y a peu chances qu’ils entrent au Parlement mais, le seul fait d’être en capacité de brouiller les cartes donne du tournis à la classe politique traditionnelle, celle-là même qui, tour à tour, se livre à un jeu où elle occupe le pouvoir. Ce jeu-là, aux yeux de cette classe, a le mérite de perpétuer un système qui ne change jamais. Et lorsque des individus comme Bruno Laurette, sortis de nulle part, souhaitent déranger ce manège, ils deviennent leur ennemi commun. Au moment où se joue l’histoire de Maurice, où l’issue des futures élections pourrait soit permettre à Pravind Jugnauth d’assurer la continuité de son règne pour longtemps encore et dans le même temps couper court aux aspirations de pouvoir le PTr et le MMM soit permettre à l’Alliance du changement de prendre le pouvoir à la faveur des urnes, Bruneau Laurette vient étrangement déranger ce plan en leur ôtant leurs certitudes. C’est qu’une bonne partie de la population, la jeune génération en particulier, en a assez de ce partage de pouvoir auquel se livrent les partis traditionnels, chacun, l’un après l’autre, ayant déjà pactisé avec les adversaires d’hier. Bruneau Laurette, avec ses mots et ses moyens, vient nous passer un message dans lequel il nous invite à ouvrir nos yeux sur ce jeu de passe-passe qui a trop duré.