Avec des mots simples, disons les choses crûment. 1969-2019 : 50 ans que le MMM chevauche dans la politique mauricienne et Paul Bérenger a eu raison de faire célébrer cet évènement avec faste. N’escamotons pas la vérité, pour ne pas reconnaître le succès, enhardi par le retour des militants longtemps restés éloignés. Déçus et frustrés par les jeux de ping-pong et de yoyo avec le « bling-bling » de l’épisode DNR de 2014. Mais, au fond qu’espèrent ces inconditionnels du MMM, sinon que leur parti retrouve sa place au pouvoir. Il faudrait être d’une candeur naïve pour croire que seuls, les mauves parviendront à leurs fins. Mission sisyphienne, c’est sûr.
Que reste-t-il à Paul Bérenger pour se sauver et sauver son parti ? Peu de choses, mais qui peuvent prendre une autre dimension, si le leader inamovible des mauves a la lucidité d’écarter l’orgueil, la vanité et reconnaître qu’il a été exécrable, quand après avoir mis un morceau de gâteau à la bouche de SAJ (symbolisant le pacte renouvelé avec le leader historique du MSM), il se fit traîner comme un novice dans le guet-apens de Ramgoolam. Avec des ‘si’, on peut mettre Maurice en bouteille, mais où serait P. Bérenger aujourd’hui s’il était resté fidèle et sage? Certainement, au gouvernement, aux côtés des Jugnauth et sans nul doute réalisant un mandat époustouflant, pour reprendre le style résonnant de sa sémantique. La réalité est tout autre, quel gâchis ! Aujourd’hui, il devrait ne pas cesser de vilipender DNR, le traitant plus que probablement de traître, tant il a été écœuré par le faux-semblant de Ramgoolam.
À la vérité, est-ce que pour lui, l’après Ramgoolam a commencé? Le salut pour les militants réside dans l’affirmation que PB ait faite définitivement et irréversiblement une croix sur DNR. Il y a comme un déferlement chez les militants pour que le temps perdu soit rattrapé, avec la nostalgie hypocrite et l’accès d’encensement artificiel entre DNR et PB qui s’estomperaient irréversiblement. L’avenir proche se trouve pour beaucoup dans cette renaissance de l’union mauve-orange. La politique, c’est l’art de rendre possible ce qui est nécessaire, avait si bien dit le Cardinal Richelieu. La nécessité aujourd’hui est de redonner à ces militants, ce dont ils attendent concrètement. Non pas encore se sacrifier, pour finir comme le réflexe du crabe, deux pas en arrière pour un pas en avant.
P. Bérenger a souvent pu et su agir sur sa propre histoire et celle du pays, pour que les raisons pour lesquelles il fera l’histoire (s’il rejoint les attentes des militants) permettent à celle-ci (l’histoire) de lui échapper.
L’interrogation persiste, écervelé et déraisonné qu’il fut par le piège abscons de Navin. Ces gens-là redoutent que le leader rouge, ayant touché le fond, va tenter dans un ultime sursaut, au travers d’un plan obscur et obscurantiste pour retrouver le pouvoir, d’amener PB une dernière fois (par le biais d’un arrangement post-électoral) à lui donner cette respiration artificielle, dans son état comateux, assurer un sursis à sa déchéance et aussi à régler ses comptes.
Dans cet univers convulsé de la politique mauricienne, chargée de peu de vertus, mais d’innombrables vices, faut-il douter encore des agissements de Bérenger ? Raison-garder, il ne faut pas cette fois le sous-estimer. Bérenger a tellement été rompu aux subterfuges et à la malhonnêteté intellectuelle de DNR, qu’il sait fort bien que cette fois-ci, si sa démarche prête à confusion et à équivoque, cela va susciter une colère et une indignation qui détruiront à jamais, non seulement sa carrière (le peu qu’il lui reste en fait), mais mettra aussi en péril le cheminement naissant de sa fille Joana.
Le bienfait de l’alliance MMM-PTR en 2014 aura été d’exposer la dégénérescence de N. Ramgoolam.
Le destin de DNR est de trahir, d’être ingrat et de décevoir. Et, quand un politique comme DNR, qui a dirigé un État arrive à la croisée de ce chemin tordu, dans lequel il s’est empêtré, il n’y a plus de retournement de situation. Il est permis de croire qu’en dépit d‘une caricature de la liberté, qui rend licite toutes les alliances, PB s’est résolu à tirer un trait définitif sur toute association avec Ramgoolam. Vaux mieux tard que jamais. Il ne lui reste plus qu’à faire droit aux aspirations et souhaits légitimes des militants. Si ces derniers, en grande majorité, ont le désir de ne pas voir le MMM aller seul, qu’il choisisse alors de donner priorité aux court-terme calculs, qui sont de rechercher la réunification ratée de 2012.