April 19, 2024
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Opinion Politique

Salim Abass-Mamode ou le but de la politique c’est d’être au pouvoir

Le MSM marque un grand coup. Salim Abass-Mamode [député du PMSD] se joint à l’équipe gouvernementale et dès les prochaines élections municipales, il tentera de faire basculer de tout son poids la tendance, en faveur des Oranges. Ce qu’il pourrait apporter au MSM n’est pas à sous-estimer, car SAM jouit d’une bonne réputation et d’une grande cote d’amour du public. Sinon comment expliquer qu’il s’est fait êlire en 2014 et 2019, améliorant même son rang [3ème en 2014, il se classa juste derrière S. Mohamed 5 ans plus tard].

Il pourrait influencer une partie des votes, qui est traditionnellement acquise au Parti Travailliste et au MMM. Car, lui, Husnoo et sans doute Ashraf Dulull formeront un trio de choc pour mettre en brèche les assises rouge-mauve au no.3 en 2024. C’est un bon coup, on ne peut le nier. Encore si Abass-Mamode décroche un porte-feuille ministériel. Sinon une promotion comme PPS.

L’ancien bleu justifie sa démission du PMSD [fin avril de cette année] et par extension son virage de 180° pour intégrer le MSM. Ses huit ans sur les bancs de l’opposition ne lui ont pas permis de soutenir concrètement les habitants du no.3. Il reste bien à leur écoute, mais il lui est très difficile, voire impossible de faire aboutir les démarches. Au sein du gouvernement, il pourrait se montrer efficace, eu égard des relations privilégiées avec les ministres et au changement d’attitude des différentes administrations à son égard. ” Revenir vers les habitants en tant que membre de l’opposition en 2024 réduirait à néant le peu de chances qu’il me reste pour me faire ré-élire. Après tout, le but de la politique c’est d’être au pouvoir.” “

Il dit s’être retrouvé seul au PMSD face à une machine avec des obsédés, des magouilles. Il ne ménage pas son parti, dont il fustige les postures idéologiques, la dictature de son leadership et le manque d’ambition.

Voyons maintenant le revers de la médaille. Si vous voulez savoir si un tel changement d’affiliation fait mal aux politiques, vous n’avez qu’à vous rendre sur les réseaux sociaux. Plus les propos sont virulents, plus la flèche frappe droit au cœur. Les partis de l’opposition, le PMSD en tête, tentent par tous les moyens de discréditer le choix de Salim Abass-Mamode [élu à deux reprises au no.3, en 2014 et 2019] de se joindre au MSM. Plusieurs qualificatifs peu flatteurs ont été utilisés par des partisans bleus déçus et des mandants de Plaine-Verte par la décision de SAM notamment : transfuge, opportuniste, traître. Une vague de commentaires dures s’abat sur Salim AbassMamode, beaucoup de messages d’indignation, mais aussi une écume d’insultes réduisant au silence tout intervenant contradictoire.

Oui, peu de gens cautionnent la culture du transfuge qui règne au Parlement et qui permet à un député de tenir une position atypique.

Un transfuge c’est une personne qui s’est fait élire, qui est toujours en poste et qui décide de se retirer pour adhérer à une autre formation politique. Bien sûr, en démocratie, chacun des députés est libre de ses choix, d’autant qu’il n’existe aucune loi pour contrer une telle démarche.

Cependant, comme le fait ressortir Olivier Barbe, membre influent du PMSD, ce qui est malaisant quand un individu traverse la chambre, c’est que ce dernier s’était fait élire sous une bannière et que lors de l’élection, bien des électeurs avaient voté pour la personne, mais aussi pour le parti politique qu’il représentait. ” AbassMamode a ce devoir moral de loyauté. Il doit absolument démissionner et faire face à ces milliers de mandants qui l’a êlu en deuxième position pour la raison qu’il appartenait à l’alliance PTR-PMSD. Il ne le fera pas, mais qu’il sache que son sort est réglé dans cette circonscription.”

Salim Abass-Mamode a bien réfléchi sur son avenir politique, puisqu’il a mis deux ans avant de changer de conviction. Il avait violemment rejeté des rumeurs sur son éventuel départ en 2019: « Je reviens d’un pèlerinage à la Mecque, je ne vendrai pas mon âme », le député de la circonscription numéro trois (Port-Louis Maritime/Port-Louis Est) soulignait qu’il portait les valeurs du PMSD et qu’il ne les trahirait jamais. Au journal Le Défi Plus, il avait insisté en ces termes: « Pour moi c’est Maurice avant tout…Changer de parti ? Même pas en rêve ! » Comme quoi la politique rend possible ce qui est impossible en apparence.