Notre pays a chaviré dans un semblant de bonheur, qui fait la population oublier ce que le matériel, l’artificiel et l’indifférence représentent comme dangers, risques et menaces sur notre existence quotidienne et notre santé. Les gens ne focalisent que sur leur assiette (remplie ou vide), sur le niveau du réservoir d’essence de leur voiture, la construction de leur maison ou l’éducation de leurs enfants. C’est bien, mais ce serait mieux que ces soucis et ces buts à atteindre ne viennent pas chambouler la structure qui englobe tous les aspects de bien-être et de bonheur de leur vie. Car, tout progrès ne bénéficiera pleinement et durablement à personne, s’il ne cadre pas avec les paramètres aussi essentiels que le climat, la santé, l’environnement, l’insécurité et les menaces qui sont suspendus sur les Mauriciens, comme une chape de plomb, tels le rechauffement climatique et la polution de l’air.
L’argent, les avantages matériels ne valeront rien si les dégâts causés par la dégénérescence planétaire ruineront la vie des peuples. Vous dépenserez plus pour des soins, des mesures à contrecarrer les effets dévastateurs de toutes ces dégradations qui sont à la vérité les méfaits provoqués par l’homme lui-même.
Prenons un cas qui serait à première vue un détail insignifiant: depuis que des centaines d’arbres ont été abattus, pour faire place au projet du métro, la pluie tombe moins à Vandermessch. Souhaitons que le plan de la mise en terre d’arbres à la sortie de Rose-Hill pourrait s’inscrire dans un projet global de maîtriser les dégâts de la déforestration. Le drame dans tout ce charivari d’actes irréfléchis au détriment de l’ensemble des garde-fous, qui assurent une multitude de protections climatiques et environnementales, ce sont nos enfants et les jeunes qui subiront les graves détériorations.
Quand nous voyons les progrès dans la vie quotidienne des Mauriciens, en bon nombre, nous oublions vite que tout se fait sans tenir en ligne de compte les enjeux déterminants qui auraient évité à la population les fracas de l’effet de serre, la pollution tous azimuts et la montée apocalyptique du niveau de la mer. Il y a peu d’endroits où la population puisse vraiment respirer l’air pur pour des poumons sains. Peu s’en inquiètent et beaucoup se fichent des statistiques, qui indiquent d’une manière alarmante que notre santé part en l’air pollué que nous respirons.
L’indifférence est autant flagrante au niveau des autorités concernées. L’heure n’est plus à la glorification d’avoir décroché un fauteuil ministériel. Sans détour, Kavi Ramano sera vite mis à l’index s’il ne déploie les mesures efficaces, rapides et rigoureuses. Le cancer des poumons, celui des cancers les plus mortels au monde tue déjà des Mauriciens dans une spirale incontrôlable. Et, comment juguler le mal si le ministère laisse rouler sur nos routes des centaines d’autobus et de véhicules dont le gas de carbone dioxide qui échappe de leurs tuyaux fait des ravages terribles dans l’air que nous respirons.
Le problème est que depuis les années 2005, le pouvoir en place avait fait l’acquisition d’appareils pour mesurer la fumée que les échappements vomissent à longueur de journée. Quel gâchis d’avoir dépensé des millions à cette époque et qu’aujourd’hui, sans l’ombre d’un doute, les machins rouillent dans les “stores” du ministère de tutelle. L’insolente vérité est que le cartel des propriétaires d’autobus (individuels, et privés, sans compter la compagnie nationale) tient à sa merci des décideurs. Bon nombre sont des agents politiques influents et sont devenus inattaquables.
Personne n’est à l’abri d’une détérioration de santé provoquée par ce cancer de plus en plus tuant. Il arrive souvent que ceux qui sont demeurés imperturbables, insouciants face à ces pollutions fatales se retrouvent eux-mêmes à la merci de ces maladies qui terrassent. C’est alors qu’ils mesurent l’ampleur du mal. Ainsi va la Providence dont on ne peut défier ce qu’Elle manifeste. Quelque part, c’est bien que les gens soient rappelés à leurs devoirs et pour une remise en question de leur conscience.
Quand vous regardez de plus près, vous constatez que dans le regard de beaucoups, il n’y a plus la peur de mourir. C’est le siècle de l’éloignement ou du rejet du sens de réalisme, qui fait des peuples agir et vivre en faisant abstraction du Pouvoir Absolu. L’écrivain Pascal n’avait pas cru si bien dire un jour que <>.
Certes, la longévité a augmenté dans des pays avancés. La raison principale est que toutes les dispositions ont été prises pour que les maux soient combattus avec constance. L’énergie verte, les mesures drastiques pour contrer les pollutions et la fulgurante montée de la température sont autant d’initiatives qui ne tolèrent aucun compromis ou compromission.
Pour citer un exemple, d’ici 2050 l’Union Européenne s’est donné comme engagement de ne faire rouler que des voitures électriques sur le continent, à commencer par l’Allemagne, la France, l’Italie, et l’Espagne. Pari gargantuesque, mais quand on connait la motivation et la résolution de l’UE pour mater tout ce qui détruit la santé, qui foudroie le bon vivre des populations et qui menace la sécurité des États, il n’y a pas de doute sur la réussite éventuelle de ses projets.
Maurice à son niveau et selon ses moyens se doit de définir et d’activer une convaincante politique orientée vers les défis auxquels il fait face. Il ne serait pas présomptueux de suivre les pas des autres. Paradoxalement, la petite dimension de Maurice représente un désavantage certain. Ajoutez à cela le fait d’être entouré de mer et vous comprendrez ce qu’il faut comprendre: le tsunami et la montée des eaux s’imposent comme des dangers réels et grandissants. La promptitude à passer à l’acte est plus que jamais d’une nécessité absolue.
Raschid Meerun