April 19, 2024
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Opinion

Stop! Les enfants ne sont pas de « petits adultes »

Un enfant est laissé sans surveillance. Est-ce de la négligence? Ayant été élevée en 1995, dans une maison modeste située dans le Sud de l’ile, l’auteure de ces lignes se souvient avec une grande joie d’une enfance passée en grande partie à l’extérieur, et sans surveillance parentale. Beau temps, mauvais temps, hiver comme été, les enfants de mon quartier passaient des heures à jouer à des jeux, à explorer, à apprendre à mieux se connaître et à faire face aux difficultés de l’enfance.

Ainsi, on ne peut pas considérer les enfants comme étant de « petits adultes », dans la mesure où leur physiologie, leur métabolisme, leur alimentation et leur comportement sont différents de ceux des adultes. Il n’y a guère d’intérêt à donner la parole aux enfants si les adultes ne sont pas préparés à les écouter. Les cas de négligences envers les enfants sont en hausse de nos jours. Seules les nouvelles mamans savent à quoi ressemblent ces six premiers mois après l’accouchement ; pas le temps de prendre une douche, encore moins de téléphoner à cinq nounous potentielles pendant que vous courez chez le boucher pour acheter finalement quelque chose pour le dîner, un dîner que votre mari n’a pas à acheter chez le traiteur, ramener à la maison, déballer et puis manger dans un carton.

La priorité pour toutes les nouvelles mamans est d’avoir un peu de paix, juste pour un moment, comme laisser son enfant dormir seul à la maison pour enfin sortir fumer une cigarette. Pouvons-nous être un peu relâchés? Pouvons-nous tous vivre comme des adultes responsables et faire nos propres choix intelligemment ? Les enfants ont besoin d’un environnement sain pour grandir, se développer, jouer et apprendre. Nous sommes appelés à faire plus que leur offrir un toit sur la tête, les nourrir et leur acheter des vêtements. Nous devons faire tout notre possible pour soutenir leur croissance d’êtres humains minuscules en adultes pleinement fonctionnels et indépendants. Ils ne sont pas encore là, et peut-être ne le seront-ils pas avant un bon moment.

Et peut-être que nous pensons que nous sommes justes censés leur apprendre ce qu’ils doivent savoir, à leur faire connaître la différence entre le bien et le mal, mais c’est trop simpliste. Trop souvent, les parents voient leurs enfants placés en famille d’accueil parce qu’ils n’ont pas les moyens de s’offrir une garderie, ou parce qu’ils ne peuvent pas donner des explications assez claires sur, par exemple, comment un jeune enfant a été blessé. Et ces jeunes enfants peuvent rester dans ces familles d’accueil pendant des mois, voire des années. Les erreurs des parents sont alors qualifiées d’abus ou de négligences. La maltraitance d’enfants et la violence domestique restent trop souvent un problème à Maurice.

Mais nous ne devrions jamais confondre ces abus avec ce que beaucoup d’entre nous considérons toujours comme un genre de parentalité traditionnelle. Nous devons exiger une meilleure formation, et une meilleure éducation des travailleurs de la protection de l’enfance et des agents de police sur ce qui est véritablement « la maltraitance et la négligence d’enfants ». Il va de soi que l’exploitation, la négligence et la maltraitance des enfants s’inscrivent dans une spirale de violence physique, et psychique qui perdure depuis des siècles.

Certes, les pays avancés accordent toutes leurs attentions à cette problématique d’envergure, et ne lésinent pas sur les mesures pour que l’enfant bénéficie d’un cadre adéquat pour s’épanouir, s’éduquer et réussir dans sa vie. Il est impérieux que Maurice se démarque et émerge comme L’EXEMPLE à suivre sur le continent africain quant au bien-être des enfants, parce que la situation empire de jour en jour, au lieu de s’améliorer dans les pays africains.

Après tout, pour un pays qui s’affuble du label de vraie démocratie et entière comme Maurice, de surcroît économiquement en pleine mutation, il n’y a pas d’excuses à faire valoir. La volonté et les moyens sont là ; il s’agit seulement de passer à la vitesse supérieure.

Yashmeeta Rughoobur