March 28, 2024
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Politique

Sylvio Tang :

Entre déception et mutisme, Sylvio Tang ex-l ’homme de confiance de Navin Ramgoolam, quitte les rangs des rouges pour apporter son soutien à l’Alliance Morisien dirigée par Pravind Jugnauth. Il estime que le peuple veut du progrès dans la continuité. « La population ne veut pas remettre le compteur à zéro », précise-t-il lors de l’interview qu’il a accordée à Ali SAYED-HOSSEN.

Vous parliez à l’oreille de Pravind Jugnauth ce matin (Ndlr : dimanche matin lors du meeting de l’AM à Vacoas). Comment expliquez-vous cette proximité après avoir été très proche de Navin Ramgoolam ?

Politiquement je suis un homme de proximité avec mes mandants et aussi avec tous les bords politique. côtoyé avant tout Sir Anerood Jugnauth, Lady Jugnauth et Pravind Jugnauth. Pour moi, ce n’est pas du tout un hasard. Je dirai que c’est la voix de Dieu. Tout ce qui se passe devrait arriver ainsi. En tant que politicien et citoyen, nous vivons notre vie en cultivant de l’amitié avec tout le monde. Chaque personne a une approche particulière envers vous….

….Avez-vous regrets ?

Non je n’ai aucun regret. Cependant la façon dont Navin Ramgoolam m’a traité me rend mal à l’aise. Pourtant je donnais à fond tout mon temps pour une idéologie sincère. C’est lui, Navin Ramgoolam, la seule personne qui a tout trahi. Nous étions un trio. Moi-même, Reza Issac et Rashid Beebeejaun. Nous avions mené une bataille dans la circonscription No 2 et ce depuis l’an 2000. A cette joute électorale de 2000 nous avions perdu les élections, alors que seul Rashid Beebeejaun fut élu. J’avais alors donné mon support à mon leader d’alors, Navin Ramgoolam. Pour le scrutin de 2005, nous avions enregistré un 3-0 au No 2. C’était une victoire historique après 29 ans que cette circonscription fut « la case mama militant ». Vint ensuite 2010. Là on m’a jeté « dans carreau canne ». Reza Issac devait briguer les suffrages dans la circonscription No 19, Stanley/Rose-Hill. Il fit son entrée au parlement par le biais du Best Loser System. Il faut rappeler, à ce stade, qu’il était en convalescence suite à un problème cardiaque et qu’il n’avait pas pu participer activement à la campagne électorale. En 2010, le Ptr s’était retrouvé en alliance avec le MSM et le 3-0 au No 2 passait à deux candidats seulement élus, notamment Rashid

Vint ensuite 2014 où je n’avais pas eu d’investiture. J’étais candidat indépendant, ce malgré que la communauté chinoise m’eût demandé de retirer ma candidature. Les résultats étaient Reza Uteem (MMM), Roubina Jadoo (MSM) et Osman Mohamed (Ptr)Tout cela explique la trahison de Navin Ragoolam à mon égard. Il a aussi trahi l’électorat No 2 en leur privant d’une représentation venant du Ptr. Il a blessé la dignité d’un homme simple et humble qui était prêt à servir une idéologie politique sincère. Mon dernier entretien avec lui remonte à Avril dernier, rencontre durant laquelle il m’avait promis de me nommer ambassadeur Chine si son parti retournerait au pouvoir. Je lui avais fait bien comprendre ceci : je suis un soldat sur le terrain mais non un joueur du salon. Depuis, je n’ai jamais été en communication avec lui ni ai-je envoyé un émissaire pour une quelconque réconciliation. Ce malgré que mes sympathisants veuillent orchestrer une manifestation. Ce n’est pas mon style.

Pourtant vous n’aviez pas eu de ticket en 2014, pourquoi n’aviez-vous pas pris la décision de vous joindre au MSM depuis cette année-là ?

J’avais eu une rencontre à cette époque-là avec Sir Anerood Jugnauth. Il m’avait donné le feu vert pour travailler la circonscription No 2. Même Xavier Duval, leader du PMSD et qui était en alliance avec le MSM, m’avait donné l’autorisation de labourer la circonscription. Etant donné que la machinerie électorale était déjà en marche et qu’Alain Wong y était comme candidat, je n’ai pas voulu jouer au trouble-fête….

En tant que candidat indépendant en 2014, aviez-vous mené campagne contre le MSM ?

Non. Pas du tout. Ma campagne était basée sur mon bilan personnel. Autour de ma propre personne. Ma conscience est claire. Personne ne peut me pointer du doigt.

Que reprochez-vous à Navin Ramgoolam aujourd’hui ?

De jour en jour, on découvre malgré tout son vrai visage et sa vraie personnalité. Par exemple, il a lui-même dit : « bandit pas bandit mo pou prend pouvoir ». On n’a pas de grand calcul à faire. Les faits parlent d’eux-mêmes. Quand on voit un article de presse qui évoque les dépenses extravagantes de Navin Ramgoolam. Au lieu de se disculper il envoie le président du Ptr au CCID pour consigner une déposition contre les médias qui ont fait mention de ces dépenses. Pourtant selon les informations auxquelles on a eu droit, on comprend que cela reflète bien son style de vie. D’ailleurs, lui-même il avait dit qu’il a du style et de la classe. Or, maintenant on a découvert que l’argent provient de la caisse du Ptr. Dire qu’il a eu le culot de demander aux autorités concernées d’entamer des poursuites au criminel contre d’autres personnes. Si on est intelligent, on doit comprendre que l’enquête devrait commencer à partir du parti même. D’ailleurs il n’y a pas de fumée sans feu.

Quel est votre sentiment après le meeting d’aujourd’hui ?

J’ai le sentiment clair et net que la nation mauricienne, surtout la masse silencieuse, a déjà pris sa décision ultime. Ma conviction personnelle : le peuple a besoin de voir progresser le pays dans la continuité et dans la sécurité. Pour l’avenir de notre pays, on ne peut pas mettre le compteur à zéro chaque cinq ans. Pravind Jugnauth a su démontrer son engagement politique. Ses réalisations pendant ces deux ans et demi sont solides comme du rock. Je suis absolument sûr que la jeunesse mauricienne sait quel type de profile du leader ils souhaitent avoir pour l’avenir de notre pays.

Un pronostic ?
Je ne fais pas de pronostique. Toutefois j’ai la ferme conviction que ce sera un signe dans la continuité. Aucun doute à ce sujet.

Vous qui étiez proche de Rashid Beebeejaun, l’avez-vous contacté avant de prendre la décision de vous joindre au MSM ?

D’habitude je ne parle à personne sur mes décisions politiques. J’agis selon mon propre gré. En ce qui concerne le Dr Beebeejaun, on était toujours très proche. On a toujours eu une bonne communication. Pour moi, il était un mentor politique. A souligner toutefois que ces derniers temps, il n’a pas montré des signes politiques claires.