April 20, 2024
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Un avertissement de changement doit souffler sur l’éducation !

Hier encore, la météo a émis un avis de fortes pluies. Et ce matin, les enfants ont repris le chemin de l’école en passant entre les gouttes. Bien entendu, le soleil a fait son apparition après. Mais le fait est que ça devient de plus en plus stressant, tant pour les élèves que pour leurs parents.

N’est-il pas temps de remettre en question tout le système éducatif, qui n’a été jusqu’ici bâti que comme une « annexe » de Cambridge ? Si l’on prend une île comme Rodrigues, très forte académiquement, puisque donnant chaque année deux lauréats, on peut aussi se poser la question de ce qu’on fait ces lauréats pour empêcher que leur île ne connaisse pas la souffrance du manque d’eau ? Qui a quantifié le « manpower » sorti des écoles et collèges Rodriguais, et ce que cela a rapporté en retour à sa population ? Aujourd’hui, il y a un nouveau gouvernement régional, et il leur incombe de plancher pour trouver une solution au problème de l’eau dans l’île. N’était-ce pas du devoir des lauréats de faire ce travail ? Oui, mais ils ne sont dans l’île. Tous sont partis ailleurs, privant ainsi Rodrigues du privilège de leurs cerveaux.

La même chose s’est passée à Maurice. Ananda Devi a été lauréate, et si elle fait la fierté de notre île au niveau littéraire, ce n’était pas pour devenir écrivain qu’elle avait eu cette bourse. Et vous vous demandez sûrement : Quel rapport avec l’avertissement de fortes pluies et les lauréats ? Eh bien, c’est parce que le mauvais temps souffle aussi sur un système éducatif qui a un grand besoin de soleil et de grand vent. Avec le Covid qui est passé chez nous, et qui y est encore !, de nouveaux mots sont entrés dans le vocabulaire des parents. Dont ce fameux « présentiel ».Avec des parents dorénavant obligés de tenir compte de la présence de leurs enfants, non pas à l’école, mais à la maison !

Et le rapport de l’Audit est venu, encore une fois, remuer le couteau dans la plaie. Des tablettes ont encore une fois été commandées pour des élèves, mais elles n’ont jamais été livrées. Ce qui fait que le rêve de voir des enfants connectés à leurs écoles/collèges n’est pas près de devenir réalité. Et ils devront donc continuer à affronter les intempéries. Et se fier toujours à la météo, pour savoir s’il y aura classes ou pas. Car, il n’y a pas que le mot « présentiel ».Le mot « changement climatique » s’est aussi invité au débat. Et tous les experts s’accordent à dire que cela s’aggravera.

Doit-on donc toujours penser l’école comme un bâtiment et quatre murs, avec des enfants ? Le dernier ministre à avoir construit beaucoup d’établissements scolaires est Steeve Obeegadoo. Il est aujourd’hui Vice-Premier ministre. Et avec les temps durs qui s’annoncent, des suites du Covid, mais pas seulement !,il doit bien savoir qu’il ne sera plus possible pour aucun gouvernement d’investir dans cette direction. N’est-ce donc pas là l’occasion rêvée de penser l’éducation autrement que comme il y a 50 ans de cela ? N’est-ce pas aussi le moment, puisqu’on parlait d’Ananda Devi, de revoir tout le curriculum scolaire, encore très imprégné de vestiges du colonialisme, et de le faire devenir plus Mauricien ? Surtout dans un contexte où notre vivre-ensemble vacille, avec des pyromanes qui faussent notre histoire à gogo sur les réseaux sociaux ?

Les sages le disent souvent : l’éducation de chaque enfant commence à la maison. L’école ne fait que polir ce que la pierre brute que les parents envoient dans le giron des enseignants. On le voit donc, il faudrait de plus en plus penser l’éducation comme faisant partie de la maison. Avec le wifi disponible pratiquement dans toute l’île, même si on est loin de la « Cyber island » promis par Pravind Jugnauth quand il fut ministre des Finances, il est possible aujourd’hui de prémunir l’enfant des dangers que peuvent représenter les intempéries. Les cadres entourant Leela Devi Dookun, payés des fonds public, doivent donc aider la ministre à repenser le système éducatif. De façon à l’ancrer dans le terroir Mauricien, dans tous les sens du terme. Car, qui dit terroir implique aussi la mise en demeure. Il ne faudrait plus considérer comme « perdu » pour l’école un enfant qui resterait chez lui. Au contraire, la maison peut, et doit !, surtout dans le contexte que le monde vit, devenir le havre d’apprentissage à la vie pour tout enfant. Si cela n’est pas fait maintenant, et pour les cinq ans à venir, attendons-nous à des drames quand nos enfants continueront à braver le mauvais temps, pour aller se murer dans une classe. Avec l’angoisse dans leurs têtes. Et celles de leurs parents. L’éducation ne doit pas être source de stress. Valeur du jour, nous produisons une nation de schyzophrènes. Et ne nous trompons pas : Féminicides, crimes, vols, viols et drogues, tout cela est lié au système éducatif. Il est temps qu’un avertissement de changement souffle sur l’éducation à Maurice !

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