Même si tous les secteurs d’acti- vités de Maurice attendent avec prudence l’ouverture du ciel, ils veulent absolument que cette décision soit prise cette année, avant les fêtes de décembre. Dans le secteur hôtelier, le plus affecté par la Covid-19, les différentes directions ont déjà mis en place les mesures sanitaires adéquates afin de sécuriser le séjour de leurs premiers clients. L’hôtellerie est elle-même génératrice de nombreuses activités de sous-traitance, permettant a plus 100 000 familles de gagner leur vie. En relançant ces activités, c’est toute une chaine d’emplois les plus variées qui permettront d’impacter positivement et durablement la consommation, véritable moteur de la croissance.
On comprend dès lors pourquoi la relance de l’économie demeure la priorité des priorités de ce gouvernement, en consultation avec tous les operateurs dans les secteurs-clés de l’ile. L’ouverture prévue de l’espace aérien de Maurice est rendue possible grâce à la bonne gestion sanitaire de la Covid-19 mais aussi grâce au soutien financier que le gouvernement a accordé aux entreprises, leurs salariés et les personnes exerçant dans le secteur informel. La rigueur qui a caractérisé cet exercice est allée de paire avec le souci du gouvernement de communiquer quotidiennement avec la population pour lui tenir informée de la situation sanitaire dans l’ile. La mobilisation du service de santé public, avec la présence remarquée des ‘frontaliers’ a été déterminante dans cette guerre contre cet ennemi invisible, qui n’a pas dit son dernier mot.
Confiance maitrisée
En remportant cette première manche, Pravind Jugnauth peut légitimement, et avec une confiance maitrisée, se préparer au plus dur sans doute : la relance de l’économie à partir des airs. Mais la vigilance a toujours été un facteur inscrit dans l’ADN du Premier ministre, surtout après les affaires judiciaires dont il s’en est ressorti la tête haute et lavé de tout blâme. Il lui fallait gagner cette bataille ‘politique’ très éprouvante pour ensuite gouverner dans la sérénité, en s’attaquant aux enjeux économiques et sociaux.
La semaine dernière, le PM a montré sa détermination à ne laisser aucune faille dans sa politique de gouvernance en réduisant les heures supplémentaires dans la fonction publique. C’est un véritable pavé dans la mare, car jamais un gouvernement n’avait osé se pencher sur ce secteur au moment où le privé, lui, exigeait des sacrifices de ses salariés. En ce faisant, Pravind Jugnauth indique que tout le monde est logé à la même enseigne dans ce combat tous azimuts, il ne saurait y avoir de caste privilégiée. On sait que certains fonctionnaires, en particulier ceux affectés à la Government House, sont souvent pointés du doigt en raison de leur excès de zèle, dans le suivi de certains dossiers importants pour des projets de grande envergure.
Bases positives
Le défi auquel doit s’atteler Pravind Jugnauth a le mérite de reposer sur des bases positives compte tenu d’un passif bien noté. Les dotations massives destinées à soutenir les salaires et pérenniser des entreprises ont permis dans une large mesure de limiter la casse économique et sociale dans le pays et a l’aube de l’ouverture aérienne, il conviendra de donner un deuxième souffle au pays. L’heure n’est donc pas à la politicaille mais aux choses sérieuses.
La confiance dont jouit le gouvernement du Pravind Jugnauth est suffisante pour ignorer les basses manœuvres politiciennes afin de se concentrer sur les mesures de mitigation autour desquelles s’articuleront la relance. Un premier constat visible s’impose ici : la distanciation sociale ainsi que la fermeture de nombreux établissements ont fait chuter les dépenses de consommation des ménages. La structure de ces dépenses s’est également modifiée et, par ailleurs, la confiance des consommateurs est aussi altérée pour les futurs achats.
Mais la tentation pour l’épargne de précaution pourrait encore accélérer alors que les chiffres en chute de la consommation pourraient se prolonger. Au niveau du manufacturier et du commerce international, la chaîne d’approvisionnement mondiale est affectée par la propagation du coronavirus et des mesures de mitigation. Pour les entreprises de Maurice, cela signifie des impacts sur les intrants importés et des revenus non-réalisés sur les exportations.
Budget avisé
Grace à un Budget avisé, l’assouplissement sur le rembour- sement de prêts s’applique à certaines entreprises toute en veillant à ce que l’accélération des dépenses en infrastructures ne crée pas d’effet inflationniste. Grace aux pays amis et à la bonne santé financière de Maurice d’avant la pandémie – dont la capacité de remboursement et la maitrise budgétaire – des soutiens s’ajoutent aux moyens déployés par le gouvernement. A l’échelle du continent africain, l’ile Maurice est le seul pays qui peut humblement se flatter d’avoir su maintenir ses aides sociales à travers l’État-Providence.
A l’évidence, la bataille sera gagnée uniquement sur les enjeux économiques et sociaux et non politiques comme le souhaite l’opposition, qui cherche par tous les moyens à instrumentaliser la situation pandémique. Les défis imposés par la pandémie et le grand confinement imposent des actions économiques à court et long termes et non des actions de diversion, comme c’est devenu courant chaque semaine à l’Assemblée nationale. Au fur et à mesure que les jours passent, la reprise économique amorcée avec le déconfinement semble s’accélérer, les activités montrant des signes de dynamisme dans certains secteurs. Les bons signaux se suivent et se ressemblent ces derniers jours : l’activité du service privé est en redressement, en particulier dans les services qui ont été durement touchés par la crise.
Ces signes ne trompent pas, le mood général est à l’optimisme dans le pays mais loin de crier encore à la victoire, le gouvernement reste encore prudent afin d’envisager tous les scénarios possibles dans une situation caractérisée par l’absence de visibilité.