Certaines îles paradisiaques dont Maurice sont déjà touchées. Détruites par l’érosion, les constructions et l’exploitation humaine, les plages (synonymes de détente, farniente et de vacances au soleil) sont en train de se détériorer, pour ne pas dire disparaître dans l’indifférence quasi générale. Si des solutions existent pour les renflouer, elles restent très onéreuses, et impossible à mettre en œuvre à grande échelle. Une menace qui devrait inquiéter nos gouvernants et nos professionnels du tourisme, pour qui la plage reste le premier argument de vente d’un séjour balnéaire.
Les coupables sont connus depuis longtemps : érosion des littoraux exacerbée par l’élévation du niveau de la mer et l’exploitation par l’homme pour construire des bâtiments. Le sable serait la seconde ressource la plus utilisée après l’eau. Un constat dramatique révélé dans un documentaire diffusé en 2019 et rediffusé il y a quelques jours; le réalisateur y prédit la disparition du sable sur les plages d’ici 2100. Autant dire pour demain.Si les Maldives, le cas le plus médiatisé,font l’objet de nombreuses alertes dramatiques, il convient de souligner que cette dégradation accélérée touche les rivages de Maurice.
Malheureusement, il n’y aucune statistique établie qui donne une indication précise du nombre de plages déjà grignotées. Comme pour démontrer que cette grave détérioration est le cadet des soucis. Pour montrer le décalage dans la volonté de trouver une parade, citons les États-Unis, où la majeure partie de la taxe de séjour est versée dans un fonds pour l’achat de sable afin de remblayer les dizaines de kilomètres de rivages. Ici, nous n’en sommes pas là, mais il faut dire les choses crûment.
Le sort de nos plages a été considéré pendant des années comme un cas de second plan et c’est pourquoi nous lançons un appel au nouveau ministre de l’Environnement pour qu’il prenne les taureaux par les cornes. Au prime abord, revoir le fonctionnement de la <>. À quoi sert cet organisme et quel est son bilan? Toute une remise en cause à laquelle il faut procéder. Quand même, le sort de nos plages préoccupe les écologistes et l’organisation AKNLM de Yan Hookoomsing a été la première à monter au créneau pour conscientiser et dénoncer cet état des lieux en décrépitude. C’est un bel exemple qui mérite d’être mis en lumière et d’être suivi.
Les hôtels aussi devront assumer leurs responsabilités et à ce titre nous avons relevé que dans certains pays, ces établissements rechargent à leurs propres frais les plages faisant face à leur complexe, avec du sable acheté depuis d’autres pays. L’espoir est permis quant à une action efficace pour freiner, voire stopper la dégradation. Ainsi, saluons avec fierté l’initiative de venir à la rescousse de nos plages, du Dr. Rajiv Bheeroo et de son fils Vivek, deux experts en << marine science, geospatial technology & coastal & ocean engineering>>.
Notre journaliste Ali Sayed-Hossen leur a accordé une longue entrevue pour exposer leur expertise, leur lecture de la situation et leur projet. Il n’en demeure pas moins que toute opération pour sauver nos plages est très coûteuse. Mais, tout pays ayant déboursé des sommes énormes ne regrette pas consenti de telles dépenses. Nous ne cesserons de faire ressortir que les plages, leurs propriétés et la “propreté”, exceptionnel vecteur d’attractivité touristique, sont trop souvent réduites, dans l’imagerie populaire, à la vaste étendue de sable fin et d’une propreté immaculée, dédiée aux loisirs de bord de mer : une jolie “carte postale” qui ne montre rien de leurs réalités, de leur utilité, de leur complexité et de leur fragilité, y compris au regard d’un nettoyage inapproprié…
Il est grand temps, dans le sillage des mesures, de faire toute la population prendre conscience de l’envers de ces “décors” touristiques, notamment l’érosion et l’urbanisation qui dénaturent les paysages réels des plages et qui, plus grave, fragilisent le littoral et en appauvrissent la biodiversité. Les plages sont tout à la fois…Des espaces “remparts” naturels, en perpétuel mouvement. Les réceptacles des laisses de mer (bois flotté,algues,coquillages,…) ; des déchets nuisibles (comme les hydrocarbures, plastiques, cordages, filets, flotteurs, verres, fer, casiers,…), des espaces fréquentés pour de multiples usages : tourisme, loisirs (pêche, sports de plage et nautiques,…),professionnels ( restaurants, campings…), eux-mêmes conditionnés par le bon état écologique et sanitaire des plages et enfin les victimes de l’incivilité attestée par la fréquentation anarchique et l’altération des plages,mais aussi par la prolifération des détritus (restes de pique-nique, emballages, mégots de cigarette…) abandonnés voire enfouis dans le sable par des usagers indélicats : Autant de paramètres à prendre globalement en compte pour mieux raisonner les Mauriciens. Le renforcement de ce phénomène qu’est l’érosion est-il inéluctable, menaçant à terme toute notre économie touristique? L’érosion des plages ; une lutte à <> ? Nous persistons malgré tout à avoir foi dans les efforts ( surtout ceux à venir) dans la recherche des solutions pour ralentir cette altération négative.
Certes, nous payons actuellement les pots cassés des années fastes, où on a aménagé le littoral en créant des routes de bord de mer, des parkings,…Aujourd’hui pour endiguer les dégâts, il n’y a pas d’autres recours que de protéger artificiellement nos plages. Malheureusement, il y a différentes méthodes, toutes très coûteuses. En règle générale, les autorités sont conscientes des problèmes, mais quand on leur présente l’addition, elles préfèrent reculer plutôt que de sauter. Une note d’espoir? Oui, car dans tous les cas, il est nécessaire «d’anticiper».
L’enjeu c’est d’arriver à montrer que la société peut évoluer autrement que sous le coup des événements catastrophiques. La balle est dans le camp de tous : Les politiques, les institutions, la population, les hôtels et les experts. Il y a urgence et pour la saisir, disons qu’un sursis est accordé à nos plages. L’esprit d’entreprise et la promptitude de notre PM, Pravind Jugnauth sont deux éléments catalyseurs pour changer la donne. Il suffit que ceux qui sont responsables du dossier lui fournissent toutes les données, au plus vite.