Des partisans du PMSD de Xavier-Luc Duval, du MMM de Paul Bérenger et du PTr d’Arvin Boolell / Navin Ramgoolam seraient en extase devant ce qui semble être une alliance entre ces trois partis. Mais soyons réaliste, il n’y aura pas d’alliance entre ces trois croque-morts qui traînent «dekti, kalchoul et casseroles», entre autres.
Cette alliance se désintégrera à vue d’œil avec les «koustik» de Paul Bérenger, l’amertume de Navin Ramgoolam et les demandes extravagantes de Xavier-Luc Duval. Quand on y pense, il y a d’abord la présence du nom de Paul Bérenger dans le rapport de la BAD, ce qui le lie, et ses «mains propres», à une sombre affaire de corruption dans l’affaire de la centrale de Saint-Louis.
Il y a aussi l’affaire des coffres-forts de Navin Ramgoolam avec ses Rs 220 millions, qui est suspendue comme une épée de Damoclès sur sa tête, la Cour devant donner son jugement définitif. Sans compter le troisième larron, XLD, dont le népotisme a toujours été la base même de toute participation à un gouvernement.
Une chose est sûre ; cette alliance ne suscite pas l’enthousiasme parmi la population. Peut-on considérer cette initiative comme un énième «Winning Formula Flop» de Paul Bérenger, qui revendique toujours un MMM plus fort que jamais ? Il est le «koustiker» le plus connu de l’histoire de la politique mauricienne. L’évolution de Paul Bérenger en politique frôle le délire. Il voulait une coalition Remake 3 avec le MSM bien avant les élections de 2014. Puis, il change d’avis, avant de courir chercher refuge chez Navin Ramgoolam. Ce dernier refuse de partager le poste de Premier ministre (PM), mais en homme de fausses promesses, lui tend l’hameçon de PM avec pouvoirs partagés.
Paul Bérenger part rencontrer sir Anerood Jugnauth (SAJ) pour renouveler le fameux «Remake» de 2000, mais un petit oiseau lui souffle autre chose à l’oreille. Il vante les mérites de SAJ le jour de l’anniversaire de ce dernier et lui met même un morceau de gâteau dans la bouche, avant d’aller boire une tasse de café à River Walk avec le «London Boy». La suite, nous la connaissons ; une raclée monumentale pour l’alliance Mauve-Rouge.
Voilà ce que c’est que de faire alliance avec Paul Bérenger ; retournement de veste sur retournement de veste. Il va sans dire que cette alliance Rouge-Mauve-Bleu finira par se désintégrer, avec un Paul Bérenger qui exigera un partage de pouvoir, tout en éliminant subtilement Xavier-Luc Duval de l’équation. Il suffit d’attendre le moment où Paul Bérenger fera une énième «koustik» avant les élections de 2024.
Le gouvernement de cette alliance (s’il en émerge, mais cela reste du domaine de l’utopie) devrait engendrer une véritable catastrophe. Qui sera le Premier ministre ? Ramgoolam ? Bérenger ? Duval ? Ils vont s’entre-tuer pour être à la tête du pays. En 2024, deux des trois nouveaux compères auront plus de 80 ans, XLD, 66 ans. Ils ont très vite oublié les piques et les crachats qu’ils se sont envoyés entre eux.
On entend déjà SAJ dire : «Lisien em pa manz so prop vomi.» Qu’est-ce qui unit le plus ces trois partis de malheur ? Une haine évidente envers celui qui les a détrônés, l’un après l’autre ? Ils n’ont à l’esprit que la vengeance et des intérêts précis. Comment peuvent-ils croire qu’ils réussiront à rester solidaires pendant plus de quatre ans ? Une nuit en politique équivaut à un an.
Déjà, nous pouvons arriver à la conclusion que Pravind Jugnauth est vraiment un titan si trois dinosaures doivent s’allier contre lui. On s’était tellement habitué aux slogans de «cassures» et «renouvellement de la classe politique» pendant la campagne électorale, mais avons-nous déjà oublié comment ces leaders de malheur nous menaient en bateau ? Comment peut-on faire du sang neuf avec de vieux os ? On s’attendait à voir Paul Bérenger décamper pour faire plus de place à Joanna Bérenger, on s’attendait à ce que Navin Ramgoolam, après un quart de siècle au Parlement (dont 3 mandats de PM), se fasse tout petit après les dénonciations et les conseils de Reza Issack et Yatin Varma.
Mais cessons de nous voiler la face, ils ne penseront jamais à jeter l’éponge, ceux-là ne veulent qu’une seule chose : le pouvoir ! Nora Roberts, une romancière américaine, disait que la soif du pouvoir enflamme le cœur plus que tout autre passion. Ces trois hommes du passé et dépassés en sont la preuve formelle. Après des décennies de défaites, ils pensent encore être indispensables au paysage politique de l’île Maurice.
Le fait de promouvoir cette alliance contre-nature démontre clairement le désespoir de Navin Ramgoolam, qui n’arrive toujours pas à dormir tant ses cauchemars sont semés de «Kotomili, pret, katori» et autres. Il n’arrive toujours pas à avaler la défaite de 2014 dans son propre bastion et la déculottée de 2019 face à des néophytes.
Pour conclure, dans d’autres pays, comme le Royaume-Uni, la France, quand un leader d’un parti politique se fait éjecter de son siège de Premier ministre ou président de la République, il tire sa révérence en félicitant son successeur. Nous pouvons aussi évoquer le cas de François Hollande qui s’est retiré de la course au poste de président de la République, car il savait déjà qu’il subirait une véritable raclée, ayant eu le mandat le plus décevant de l’histoire de la France. Ce n’est qu’à Maurice que des leaders à l’agonie continuent de croire dur comme fer qu’ils peuvent convaincre les électeurs de voter pour eux à chaque fois.
Une alliance de dinosaures, gérée par des dinosaures, saura-t-elle pousser les jeunots sur le devant de la scène ? Roshi Bhadain fera-t-il partie de l’équation ? Reza Issack disait : «Le démon d’hier est-il devenu ange aujourd’hui ?». Navin Ramgoolam cherche des raisons pour justifier cette décision qui ne peut être justifiée. L’hypocrite a toujours du miel dans la bouche et un couteau dans la poche. Pour enfin voir l’émergence d’un nouveau mouvement, il faudra hélas encore attendre.
En fin de compte, cette alliance de trois croque-morts ne signifie qu’une seule chose, la forteresse de Pravind Jugnauth est bien gardée et il faudra user de toutes sortes de ruses pour y pénétrer. Malheureusement, leurs inconditionnels, aveuglés par l’adulation de leurs leaders, continuent de glorifier ces perdants en série comme des leaders à vie !
ZM1621