April 27, 2024
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Analyse: Alliance de l’opposition…casse-tête pour investitures et postes

Le semblant d’euphorie qui a suivi le meeting régional de l’alliance PTR-MMM-PMSD à Mare-D’Albert fait place maintenant aux vraies questions concernant la stabilité de cette alliance, notamment l’attribution des tickets électoraux et la nomination de ministres, ambassadeurs et autres présidents de corps para-étatiques si d’aventure cette alliance remportait les élections. Mais le plus dur reste les investitures et à ce sujet, le MMM ne compte pas céder d’un iota au Parti travailliste (PTR) dans les Wards où il est bien implanté avec ses parlementaires. Selon les termes de l’alliance – mais qui doit encore être finalisée – le PTR souhaite absolument obtenir un ticket rouge dans ces régions. Or, le MMM n’est pas convaincu que le PTR, qui se veut la locomotive de cette alliance- serait en mesure d’affronter le MSM dans les régions rurales où les mauves ne sont plus présentes depuis de longues années. Le MMM croit plutôt qu’il est davantage en ballottage favorable dans des régions de Port-Louis où les rouges ont une présence et que les députés mauves sont en mesure de conserver leur siège dans les circonscriptions 19 et 20. Il est important de signaler qu’il n’y a aucune circonscription où le PTR a élu ces trois candidats.

Figures indépendantes

La question de l’allocation des tickets se pose avec gravité maintenant que l’alliance de l’opposition a fait sa première sortie publique la semaine dernière, le leader du MMM, Paul Bérenger souhaitant que les investitures soient déterminées en fonction des chances des candidats de la nouvelle alliance de se faire élire dans leurs circonscriptions respectives. Cependant, l’affaire est compliquée par la présence de certaines personnalités indépendantes qui sont plus ou moins bien implantées dans leurs localités, particulièrement dans les zones urbaines. Que ce soit Nando Bodha – très populaire au No 16 -, Roshi Bhadain, Rama Valayden et Patrick Belcourt, ils sont tous en mesure de puiser dans le bassin de l’électorat du MMM, fragilisant ainsi l’alliance de l’Opposition face à l’alliance menée par Pravin Jugnauth. Dans une telle perspective, Paul Bérenger redoute le pire des scénarios : un fort taux d’absentéisme dans les rangs du MMM qui ne font aucune confiance au Dr Navin Ramgoolam lequel est en personne responsable des deux cuisantes défaites de 2014 et 2019. En ce qui concerne la contribution des votes provenant des rangs rouges, ceux-ci sont incertains, d’autant plus que beaucoup d’entre eux ont rejoint les MSM depuis 2014. Paul Bérenger considère lui que le PMSD reste du menu fretin et que le MMM ne peut pas prendre le risque de créer des conditions qui permettraient au bleu d’obtenir plus de parlementaires.

Crédibilité du Dr Ramgoolam

Quant à la réelle présence et impact du Labour – c’est surtout là où la plaie reste béante -, le leader du MMM se pose encore des questions sur la crédibilité du Dr Ramgoolam auprès des jeunes de toutes les communautés à travers l’île Maurice. On sait qu’au sein de la base mauve des circonscriptions 19 et 20, la répulsion envers le leader du PTR reste intacte, les militants berengistes craignant qu’une nouvelle alliance conduite par ce dernier ne se solde par une énième catastrophe. La confiance faite par leur leader au Dr Ramgoolam est un très gros risque et ne serait finalement à leurs yeux qu’un boulevard laissé à l’alliance gouvernementale sans oublier les voix que pourraient s’attirer les candidats indépendants.

La lecture de la situation en milieu rural n’en demeure pas moins incertaine pour le MMM qui, soulignons-le, y était jadis très implanté grâce à son aile syndicale regroupant laboureurs et artisans. Cela veut dire que Paul Bérenger lui-même est familier avec la réalité politique, économique et sociologique du monde rural mauricien. La popularité du Dr Navin Ramgoolam y reste encore un gros point d’interrogation d’autant que l’affluence au meeting régional de Mare-D’Albert donne très peu d’indications sur la réelle influence du leader rouge en milieu rural, car il faudra encore attendre le verdict du Privy Council et l’impact de la réouverture du procès contre lui – Navin Ramgoolam. Dans les rangs du MMM, ces deux questions auront un caractère décisif. Mais au Parti travailliste aussi – même si on a tendance à minimiser – la préoccupation est palpable. « C’est la raison, pour laquelle il fallait une transition de fond au lendemain de la défaite de 2014 alors qu’on avait le temps de voir venir, explique un cadre du Labour à Quatre-Bornes. Avec un Labour repensé, nous aurions pu nous débarrasser du boulet de canon ‘Ramgoolam’, mais nous avons persisté. Aujourd’hui, nous avons les pieds enchaînés. »

Source d’inquiétude

Ce qui reste encore une autre source d’inquiétude pour la nouvelle alliance, c’est la date des élections législatives générales et, à ce sujet, le PM Pravind Jugnauth a toutes les raisons de rester dans le fil de ses objectifs plutôt que de marcher selon les règles dictées par la nouvelle alliance. Parce que, d’une part et surtout, le premier ministre a toujours un calendrier économique et social et, d’autre part, il sait qu’au fil des semaines, l’alliance de l’opposition va rapidement manquer de souffle. Ce n’est pas qu’il veuille gagner du temps, mais c’est parce que son mandat se termine en 2025 et qu’on n’est pas pressé de tenir des élections anticipées. Le trio Ramgoolam-Bérenger-Duval pourra-t-il encore tenir le temps d’un dernier Budget et d’autres projets dont il n’a pas conscience de l’ampleur populaire ?

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