May 1, 2024
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Opinion

Analyse – Succession au PTr : les anciens font leur grand retour

Alors que le leader du PTr et de l’Alliance de l’opposition Navin Ramgoolam se positionne en chef incontestable de la coalition et a consolidé ses assises au sein de son parti, c’est en ce moment même la question de la succession au sein du Parti travailliste qui est au centre de toutes les questions. A ce titre, un certain nombre prétendants à ce poste se sont déjà alignés en prenant un certain nombre d’initiatives personnelles en prévision des futures législatives générales prévues en fin de 2024. Il est tout aussi intéressant de noter que les deux autres alliés du PTr, le MMM et le PMSD veulent eux-aussi avoir leur mot dans le choix des rouges de désigner un successeur au Dr Navin Ramgoolam, Paul Bérenger – ce n’est guère une surprise – étant le plus actif sur la question.

Deux reprises dans le passé

On se souviendra qu’à  deux reprises dans le passé, la question de la succession au PTr s’était déjà posée : une première fois dans le sillage des élections générales de 2014, où le Dr Arvin Boolell et d’autres ‘laborites’ avaient osé abord la question avant d’obtenir une fin de non-recevoir du Dr Ramgoolam. Feu Yousouf Mohamed était le premier à prendre la parole pour réclamer un renouveau au PTr, suivi de Paul Bérenger lui-même. À ce moment-là, un fort courant s’était formé en faveur d’Arvin Boolell, de manière tout à fait naturelle, en vue de remplacer le Dr Ramgoolam. Mais, pour des raisons propres à l’histoire du PTr et aux attentes de son ‘prétendu’ électorat, ce dernier avait fini par avoir le dernier mot et s’était vu confier le leadership de l’alliance de l’opposition aux législatives générales de 2019. On connait la suite. La question de la succession au PTr était devenue taboue pour la majorité de la population.

Dauphin

Depuis la fin de l’année 2023 et le début de l’année 2024, alors que la perspective des élections générales semble devenir de plus en plus évidente, la succession a refait surface. Cependant, cette fois-ci, il est clair que c’est le Dr Ramgoolam qui procéderait lui-même à l’intronisation de son successeur. Cela commence à être connu dans les instances supérieures du PTr et au sein du MMM et du PMSD. Le leader du MMM surveille les allées et venues des uns et des autres avec sérieux, compte tenu que l’avenir de son parti, y est étroitement associé. Dans une telle situation, la question des affinités d’affaires ou familiales avec l’Inde des prétendants se présente comme un enjeu majeur, le PTr ne souhaitant pas être perçu comme un adversaire du PM indien, Narendra Modi, même si le PTr et le MMM ont toujours entretenu des rapports privilégiés historiques avec le Congress indien. A ce titre, un courant s’est dégagé au sein parmi les rouges afin que leur parti normalise ses relations avec le BJP de Modi, donné grand gagnant aux élections générales prévues au mois d’avril et mai, cette année, pour l’élection des 543 membres du Lok Sabha. Selon eux, le PTr ne peut faire l’impasse sur les enjeux économiques et politiques qui se passent dans l’Océan indien, où l’Inde veut se présenter comme l’acteur majeur. Pour soutenir leurs arguments, les partisans du rapprochement entre le PTr et le BJP vont valoir que même le Président français Emmanuel Macron, qui s’est rendu en Inde récemment après avoir lui-même invité Modi pour la Fête nationale française, reconnaît l’importance de l’Inde en Extrême-Orient et dans la région de l’Océan indien. Pour les partisans pro-Inde au sein du PTr, leur parti doit être capable de maintenir des rapports de proximité avec Modi afin de bénéficier des soutiens indiens dans le secteur financier et le développement de notre secteur de la pharmaceutique et des biotechnologies.

La question indienne

La question indienne est devenue un enjeu important dans la course à la succession au sein du PTr. Le fait que l’Inde et l’île Maurice auront toutes les deux recours aux urnes cette année renforce l’importance de cet enjeu. Au sein du PTr, ce serait un secret de polichinelle quant au choix personnel du Dr Ramgoolam dans la désignation de son dauphin, lui-même très conscient de l’importance de ne pas s’aliéner le soutien de Modi. Selon les rumeurs, il aurait déjà fait son choix depuis son hospitalisation en Inde en 2020, après avoir contracté la Covid. Cette question, qui est actuellement soigneusement dissimulée, pourrait resurgir dans quelques mois avant les élections législatives de cette année. Une des questions qui sera suivie avec une grande attention est celle de l’extension du Metro Express en zone rurale. Sur cette question, le PTr et le MMM et à un degré moindre le PMSD –, paraissent très prudents afin de ne pas apparaître comme des adversaires de l’Inde d’une part et, d’autre part, pour ne pas apparaître comme des adversaires du ‘développement en zone rurale.

A la lumière de ces faits, la question de la succession au sein du PTr va se révéler très suivie car il s’agira de l’avenir de ce parti dans une région où l’île Maurice a une importante carte à jouer.

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