L’école est censée être le lieu où l’enfant vient y apprendre les rudiments de la vie, au travers d’études qui lui permettront plus tard de trouver sa place dans la société. Le jeune Yonzha Collet, originaire du village de Brûlé, doit sûrement se demander quel péché il a pu faire. Puisque les portes du Rodrigues College lui ont été interdites, à cause de ses dreadlocks, les nattes chères aux rastafaris.
Fils du rappeur et slammeur Azamenjah Livity (Stevenson Collet), qui a déjà représenté Rodrigues/Maurice dans des festivals de poésie à la Réunion, Yohnza est déboussolé, selon son père. »Il ne veut même plus aller dans cet établissement, tellement il a été traumatisé. Il n’a pas du tout apprécié la façon dont il a été traité. Je ne souhaite à aucun parent de vivre cela. »
Informés de cette discrimination envers un natif de leur île, des Rodriguais, dont des enseignants, ont lancé une pétition en ligne intitulé « Admission Refusal based on Racial and Religious Discrimination by Rodrigues College ». Devant récolter un millier de signatures, cette pétition a déjà été adoubée par 724 personnes.
C’est en décembre dernier que le calvaire du jeune garçon a commencé. Le recteur, Jeanrock Perrine, lui aurait signifié de « coupe tes cheveux, ou trouve toi un autre collège ! ». Les pétitionnaires soutiennent donc que « c’est donc l’apparence physique qui est en cause ici. L’enfant est victime d’un délit de faciès. C’est du pur racisme donc. ».Les parents rappellent aussi que « notre enfant a fait ses études primaires au Notre Dame de Lourdes RCA. Il y était connu comme un enfant qui travaille dur, qui était poli et discipliné. Il fait aussi du rap, marchant sur les traces de son père. Il a aussi eu de très bons résultats aux examens de la PSAC, scorant 1 dans cinq matières, avec un haut niveau dans trois langues, dont le français et le kreol. »
Comment donc le Rodrigues College peut refuser l’accès de cet établissement à cet enfant ? Les pétitionnaires Rodriguais rappellent que « ce collège étant un collège d’élite, ses responsables mettent en avant la seule discipline, oubliant les valeurs de la vie. C’est aussi dans ce même établissement que des garçons ont dû se raser la tête, afin de ne pas avoir une coiffure dépassant 2 centimètres. Les filles Rodriguaises n’avaient pas le droit de se teindre les cheveux. Alors que ceux d’autres communautés pouvaient le faire, sans aucun problème. A croire qu’on n’aime pas les cheveux crépus dans ce collège ! »
Les pétitionnaires ajoutent que « ces enfants font l’objet de beaucoup d’humiliations. On leur fait comprendre qu’ils sont « différents »,du fait de la couleur de leur peau, et de leur coiffure. Et qu’ils risquent d’être renvoyés du collège. C’est intolérable, car pour être éduqué, cela n’a rien à voir avec la peau ou la coiffure. Pourquoi donc discriminer cet enfant ? Nous pensons que cela est lié aux pratiques qui avaient cours durant la période de l’esclavage. On veut juste déculturer cet enfant. »
Ils mettent en avant “la Constitution de Maurice, qui dit que tout citoyen est égal. De plus, l’Education Act de 1957 établit qu’aucune école ne doit interdire l’accès à un enfant sur la base de la race et de la religion. En sus de cela, l’éducation est gratuite et obligatoire jusqu’à l’âge de 16 ans. Le Rodrigues College n’est-il donc pas dans l’illégalité en niant l’accès à cet enfant ? La république de Maurice est signataire de multiples conventions liées aux droits de l’enfant. Cet établissement ne va-t-il pas à l’encontre de ces règlements ? Le Rodrigues College ne peut pas continuer à bafouer les droits de cet enfant à l’éducation ! »
De ce fait, ils lancent un appel « à Nanrock Perrine, le recteur, afin qu’il fasse preuve d’humanisme envers cet enfant. En tant que chrétien, il doit montrer qu’il a de l’empathie, et se plier aux conventions de l’éducation. ». L’Ombudsperson pour les droits des enfants, la Commission Régionale, la Human Rights Commission, l’Equal Opportunity Commission et la Commission de l’Education ont tous été informés de ce cas. Et il leur est demandé « de se pencher sur les cas où des enfants d’ascendance Africaine ont été discriminés. Yohnza Collet ayant eu de bons résultats, il n’est pas normal qu’il ne puisse avoir droit à ce collège d’élite. Cela représente indéniablement un frein à son épanouissement intellectuel. Nous espérons que le bon droit prévaudra, et qu’il pourra étudier au sein de cet établissement », disent-ils en conclusion.
Dorothée, la maman de Yonzha Collet, relate sa rencontre avec le recteur du Rodrigues College, et dit sa « déception. Je lui avais dit que depuis sa naissance, mon fils a des nattes (dreadlocks) sur la tête. Et il m’a fait comprendre qu’il y a eu des cas semblables dans le passé. Et que mon fils devait couper ses cheveux pour avoir accès au collège. Faute de quoi, il devait aller voir ailleurs. J’ai été choqué par ce qu’il m’a dit. Etant moi-même une ancienne de ce collège, je n’aurais jamais pensé que mon fils aurait eu droit à un tel traitement. »
Preuve de la mauvaise foi du Rodrigues College, la maman est allé frapper aux portes du collège Le Chou. »Le recteur, M. Azie, a accueilli mon fils à bras ouverts. Il y est admis en Form 1. ».Si tout est bien qui finit bien pour le jeune Yohnza, on attend voir la réaction des autorités face à ce cas flagrant de discrimination envers un enfant. Qui veut juste avoir droit à l’éducation !