April 25, 2024
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Opinion Politique

Covid-19 : la 2e phase de déconfinement va bon train

Le pays démontre de véritables signes de reprise depuis la mise en opération de la deuxième phase de déconfinement, en ligne avec le déconfinement progressif des pays d’Europe occidentale et des États-Unis. Cette décision de Pravind Jugnauth prend également en ligne de compte le fait que le virus reste toujours en circulation à Maurice et il ne saurait être question de relâchement surtout concernant les mesures barrières. Il convient également de saluer le comportement de la grande majorité des Mauriciens qui est consciente de la dangerosité de la pandémie, de ses variants et de la potentialité d’être exposé si les mesures barrières ne sont pas mises en vigueur et de rigueur à l’aéroport.

Cette décision survient alors que l’économie, comme ailleurs, fait face à la pire crise économique et sociale de son histoire. Même l’après-guerre et la crise des ‘subprimes’ n’avaient pas autant mis à mal notre destin, car ces sombres périodes de l’histoire de l’humanité étaient le fait des individus, d’abord la Deuxième Guerre mondiale, décidée par les nazies puis arrêtée à la suite de la défaite de ces derniers, puis la crise des ‘subprimes’, qui était un des pires avatars de la spéculation immobilière qui avait fini par gangrener l’ensemble des économies mondiales, sauf celles d’Afrique. Encore une fois, ce sont des interventions humaines, celles des gouvernements, qui ont fait reculer la crise. La crise économique provoquée par la Covid-19 n’est pas de même nature, même si aucun immeuble n’a été détruit par les bombes et qu’il ne nécessite aucune reconstruction immobilière ou de relance véritable des activités agroalimentaires ou du textile-habillement, entre autres. La reconstruction sera possible que s’il y a l’assurance que le virus sera vaincu, en tenant compte du fait que de plus en plus de voix scientifiques tendent à affirmer que la Covid pourrait s’installer durablement dans notre vie comme une grippe saisonnière.

Filière pharmaceutique

Face à cet enjeu, le gouvernement a raison d’investir dans une filière pharmaceutique qui nous mettrait à l’abri de la pression sur la recherche des vaccins chaque année, d’autant que les variants de la Covid viennent compliquer un peu plus la situation sanitaire. La mise sur pied d’une industrie pharmaceutique, en partenariat avec un groupe international dans ce domaine, n’est guère une initiative politicienne, elle s’inscrit dans la durée et faisant de Maurice une économie moderne et résolument ancrée dans la réalité. Mais, pour réussir, nous sommes engagés dans une course contre la montre avec l’apparition de différents variants et la perspective réelle qu’elle fasse désormais partie de notre vie. La filière pharmaceutique est devenue un marché hautement porteur depuis l’apparition de la Covid-19 et les pays africains ont rapidement tiré profit des possibilités de croissance offertes par ce secteur tout-bénéfique. Il appartient au gouvernement mauricien de créer les conditions économiques, politiques et sociales destinées à favoriser la mise en œuvre d’une telle filière et son développement hors frontières mauriciennes, car en raison de l’étroitesse de notre marché, sa profitabilité réside en la recherche du marché sur le continent africain.

Vision à long terme

Il n’y a pas si longtemps, il y avait à Maurice une industrie pharmaceutique qui alimentait le secteur hospitalier privé en médicaments de base. Au cours des dernières années, un important groupe local s’est engagé dans la recherche microbiologique avec un certain succès. Il s’agit de promouvoir l’idée selon laquelle un tel réseau ne part pas de zéro, mais se fonde sur une certaine expérience. Mais il suffirait que le gouvernement s’engage à le faire avec une vision à long terme pour donner de la substance à ce projet, qui est tellement vital pour la santé de notre population. Les prochaines années seront déterminantes en ce qu’elles indiqueront de quelle manière Pravind Jugnauth aura remis l’économie en selle pour être jugé à l’aune de son mandat aux prochaines législatives. Même s’il est conscient que l’opposition partira en ordre dispersé, avec un Parti travailliste bicéphale, une plateforme de l’opposition au bord de l’éclatement, le Premier ministre sait que la population l’attend sur la question économique et sociale, la seule qui figure en tête des attentes de cette dernière.

Cohésion

Plus on approchera de la fin de ce mandat, plus la pression économique et sociale sera forte pour le gouvernement. Pour y faire face, ce sera à ce dernier de démontrer une réelle cohésion, il ne peut être question d’un chariot ne portant que deux-roues. Le Premier ministre doit être intransigeant par rapport à ses députés qui ne sont pas capables de gérer leurs dossiers respectifs. Mais ces seuls députés ne seraient pas capables de gagner la bataille de la confiance des Mauriciens s’ils ne prenaient pas le pouls des attentes de la population. Des gouvernements ont perdu leur capital de bonnes gestions économiques – en Inde, notamment quand l’opposition avait fait jouer le slogan ‘chapati against Macdo’, pour démontrer que l’essor technologique avait laissé les villageois en bordure de route.

La vision, la philosophie et les convictions de Pravind Jugnauth doivent se répandre dans tout le gouvernement pour éviter les bruits discordants et contradictoires. Ce sera au cours des prochaines années que la capacité de Pravind Jugnauth à maîtriser ses troupes pour s’affirmer comme véritable chef d’État sera vérifiée.