April 27, 2024
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Opinion

Edito – Détruire la misère.

Les Républicains commencent à se poser des questions sur les milliards donnés au sieur Zelensky. Et  ils comptent demander des comptes à Joe Biden. Mais, le schéma est le même, dans tous les pays : Les politiques trouvent toujours de l’argent pour financer les guerres et acheter encore plus d’armes. Mais ils se disent « démunis » quand il s’agit d’éradiquer la misère.

Les déboires des bouquinistes Parisiens, que l’Etat veut déloger des bords de la Seine témoigne, encore une fois, de l’aveuglement des politiques. La culture les gêne, tout comme ils souffent quand ils voient des pauvres. Rappelons-nous de l’organisation du Sommet de la Francophonie chez nous, dans les années 80.François Mitterand en personne allait venir, de même que d’autres Chefs  d’Etats de pays francophones. L’évènement est organisé à Grand Baie, dans un bâtiment flambant neuf. Seul hic : En face, il y a une poche de pauvreté. Avec des maisons en tôle et des gens en haillons. Tout ce qu’il ne faut pas montrer aux riches de ces pays francophones. Alors, un mur est construit, pour ne pas blesser les yeux de ces pontes.

En Inde aussi, pour le Sommet du G20, la même chose a été faite, cacher la pauvreté aux pays milliardaires. Et là, pour les Jeux Olympiques, la France veut à tout prix se débarrasser de ces bouquinistes. Dont on sait qu’ils(leurs ancêtres) sont là depuis très longtemps. En quoi, des athlètes étrangers seraient offusqués de voir ces bouquinistes ? Ou faudrait-il plutôt dire : Pourquoi les politiques ont tellement honte de  voir la misère en face ?

La réponse nous vient de Victor Hugo. Alors élu à l’Assemblée Nationale, il commet un discours  le 9 Juillet 1849.Et ce grand homme dit notamment ceci : »Je ne suis pas, Messieurs, de ceux qui croient qu’on peut supprimer la souffrance en ce monde ; la souffrance est une loi divine ; mais je suis de ceux qui pensent et qui affirment qu’on peut détruire la misère. Remarquez-le bien, Messieurs, je ne dis pas diminuer, amoindrir, limiter, circonscrire, je dis détruire.  La misère est une maladie du corps social comme la lèpre était une maladie du corps humain ; la misère peut disparaître comme la lèpre a disparu (Oui ! oui ! à gauche). Détruire la misère ! Oui, cela est possible.  Les législateurs et les gouvernants doivent y songer sans cesse ; car, en pareille matière, tant que le possible n’est pas fait, le devoir n’est pas rempli… »

Nous l’avons dit dans maints éditos : Dans un pays comme le nôtre, il n’y aurait jamais dû y avoir de misère. Mais on sait tous que l’argent des contribuables est toujours mal distribué par les politiques, sous tous les régimes. Ils préfèrent payer de grosses sommes à leurs petits copains, plutôt que d’investir dans le combat contre la misère. Et Victor Hugo l’avait compris : On combat d’abord la misère en investissant dans l’éducation. Et vous comprenez pourquoi la vue des bouquinistes gêne tant ailleurs ?

A chaque poche de misère qui se voit, et cela peut se décliner en marchand ambulant, en petit ouvrier forcé de bosser dans la rue,ou carrément de mendier, ou vendre son corps, c’est un signe que les politiques ont failli à leur devoir et responsabilité. Qui est de s’assurer que l’argent public soit équitablement distribué.Et quand l’argent ne va pas là où il faut,vous avez ce que décrit Hugo à l’Assemblée : »Il y a dans Paris, dans ces faubourgs de Paris que le vent de l’émeute soulevait naguère si aisément, il y a des rues, des maisons, des cloaques, où des familles, des familles entières, vivent pêle-mêle, hommes, femmes, jeunes filles, enfants, n’ayant pour lits, n’ayant pour couvertures, j’ai presque dit pour vêtements, que des monceaux infects de chiffons en fermentation, ramassés dans la fange du coin des bornes, espèce de fumier des villes, où des créatures s’enfouissent toutes vivantes pour échapper au froid de l’hiver.

Voilà un fait. En voulez-vous d’autres ? Ces jours-ci, un homme, mon Dieu, un malheureux homme de lettres, car la misère n’épargne pas plus les professions libérales que les professions manuelles, un malheureux homme est mort de faim, mort de faim à la lettre, et l’on a constaté, après sa mort, qu’il n’avait pas mangé depuis six jours.  Voulez-vous quelque chose de plus douloureux encore ? Le mois passé, pendant la recrudescence du choléra, on a trouvé une mère et ses quatre enfants qui cherchaient leur nourriture dans les débris immondes et pestilentiels des charniers de Montfaucon !

Eh bien, messieurs, je dis que ce sont là des choses qui ne doivent pas être ; je dis que la société doit dépenser toute sa force, toute sa sollicitude, toute son intelligence, toute sa volonté, pour que de telles choses ne soient pas ! Je dis que de tels faits, dans un pays civilisé, engagent la conscience de la société tout entière ; que je m’en sens, moi qui parle, complice et solidaire, et que de tels faits ne sont pas seulement des torts envers l’homme, que ce sont des crimes envers Dieu !… »

Et Hugo s’écrie : »Vous n’avez rien fait tant que le peuple souffre ! ».D’aussi loin que remonte ce cri, la colère est la même. Parce que les politiques préfèrent laisser détourner de grosses sommes plutôt que de regarder la misère en face. Et prendre ce problème à bras-le-corps. Et c’est pour cela qu’à Grand Baie, à Mumbai et à Paris, ces riches messieurs/dames ne peuvent pas voir la misère. Car, ils savent que cela interpellerait leurs consciences. Et risquerait de les faire vomir sur leurs complets Chanel et leurs voitures de maître.

Alors, voter pour Pravind Jugnauth, Navin Ramgoolam, Roshi Bhadain, Nando Bodha, ou autre, la vraie question est : Qu’est-il prévu dans le programme de nos partis politiques pour le grand combat contre la misère ? Une misère qu’ils ont entretenue quand ils ont été au pouvoir !

Sedley Assonne

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