L’alliance Ptr/MMM/PMSD s’apprête à passer un deuxième test en région rurale, après le succès de son premier meeting à Mare d’Albert, et qui avait attiré une grosse foule. Mais le rassemblement de Flacq aujourd’hui prend une toute autre dimension, car c’est dans cette région que Navin Ramgoolam avait choisi de poser sa candidature, en 2014 et 2019, perdant les deux fois.
Les partis politiques Mauriciens ne se remettant jamais en cause, Navin Ramgoolam est donc toujours leader du Ptr. Et c’est lui qui deviendra Premier ministre si l’alliance qu’il dirige gagne aux élections. Mais s’il invite la population à balayer Pravind Jugnauth hors du pouvoir, Navin Ramgoolam n’a toujours rien montré quant à ses intentions de programme électoral. Pour quelqu’un qui veut diriger le pays, c’est quand même une faute que de ne pas dire aux électeurs où il entend mener le pays durant les cinq prochaines années.
D’ailleurs,Ramgoolam nage en pleine contradiction, quand un coup il accuse la Commission Electorale de jeter le flou sur l’organisation des élections, tout en allant quand même rencontrer les responsables de cette instance, et leur présenter un document.
Si Ramgoolam et son alliance veut rester sérieux sur ce sujet, il n’a qu’à venir dire ceci : »Aussitôt au pouvoir, je viendrai avec une motion pour des amendements aux règlements régissant la Commission Electorale et l’Electoral Supervisory Commission. D’abord, je donnerai son indépendance totale à la Commission. Et ce sera le Commissaire Electorale qui décidera de la date des élections, et non plus le Premier ministre. Car sous le présent système, le Premier ministre est juge et partie. J’ai profité de ce système, tout comme les autres partis mainstream, mais il est temps de le changer. Dès mon arrivée au pouvoir, je m’attêlerai à donner son indépendance à cette institution. Et il va de soi qu’il devra être composé d’hommes et de femmes intègres, qui veilleront au bon déroulement des élections dans la neutralité la plus complète. »
De plus, Ramgoolam aurait pu ajouter, dans son meeting du jour : »Quant à l’Electoral Supervisory Commission, là encore il faudra s’assurer à ce que son personnel ne soit pas des proches du pouvoir, mais des personnes imbus de démocratie. Le temps des petits copains au sein de cette instance sera fini aussitôt mon arrivée au pouvoir. »
Dans le même souffle, il devra évoquer la longue disparité qui a toujours existé entre les villes et les villages, les seconds ne payant pas la taxe. Depuis la « municipalisation » des régions, les élections municipales ont été renvoyées. Que propose l’alliance Rouge/Mauve/Bleu ? Amenderont-ils la Constitution, comme le fit le MMM en 1982, pour que plus jamais une élection ne soit renvoyée, même en cas de force majeure, Rodrigues ayant bien voté au temps du Covid ?
En fait, cette alliance navigue à vue. Jouant juste sur l’émotion des électeurs, et le « BLD ».Mais une élection ne peut pas juste se jouer sur un changement de personnalité, de nom et de patronyme familial à la tête du pays. Navin Ramgoolam, Paul Bérenger et Xavier Duval ont le devoir de dire aux Mauriciens en quoi ils seront meilleurs que le présent gouvernement ? Que feront-ils contre les trafiquants de drogue ? Réintroduiront-ils la peine de mort pour eux, ou laisseront-ils encore une fois l’émotion gagner leurs partis, et laisser dire que leurs membres sont contre, alors que les trafiquants tuent notre jeunesse à petit feu ?
Jusqu’ici, cette alliance ne convainc pas, faute d’un programme en bonne et due forme. Les Mauriciens sont connus pour voter avec émotion. Tir sann la la pou met lot la, apre plegne pandan 5 an. A part donc le « BLD » contre Pravind Jugnauth, quelle est donc la vraie bonne raison pour laquelle il faudra voter pour l’alliance Ptr/MMM/PMSD ? Ne venez pas dire qu’il n’y aura plus de corruption, de petit copinage, de laissez-aller et de vols et crimes si les lois ne sont pas amendées pour punir sévèrement ceux qui ont fauté.
Car, valeur du jour, cette alliance donne l’impression qu’elle n’a aucune intention de « nettoyer » le pays. Elle veut juste d’un changement cosmétique et de patronyme au bureau du Premier ministre. Pour le reste, ce sera du business as usual. Si Ramgoolam et ses alliés veulent rester crédibles, il est donc temps pour eux de rendre publics les grandes lignes de leur programme.
D’ailleurs, si le PMSD a innové, en demandant aux Mauriciens de soumettre leurs propositions pour le pays, pourquoi ce parti ne rend pas public ce qui lui a été envoyé, et dire s’il retient celles qui seraient les plus pertinentes pour le pays ? En fait, si le grand meeting de l’est se veut seulement attirer la masse, ce n’est pas ça qui déterminera le vote des Mauriciens. On veut du concret, du solide. Et non plus de l’émotionnel. L’alliance Ptr/MMM/PMSD doit d’emblée pouvoir se différencier de la politique pratiquée par le MSM. Et cela ne doit pas seulement se réduire à un changement de couleur. S’il faut passer de l’orange aux Rouge/Mauve/Bleu, pourquoi faut-il le faire ? Et en quoi cela va-t-il changer la vie des Mauriciens, même si pas en cent jours ?
Si le MSM table sur les jeunes pour conforter son positionnement, sur qui donc l’alliance Ramgoolam/Bérenger/Duval mise-t-il pour retourner au pouvoir ? Le test rural d’aujourd’hui ne doit donc pas juste se résumer à une guerre des foules. Les trois leaders de cette alliance doivent dire ce qu’ils comptent faire concrètement pour sortir le pays de l’influence MSM, à tous les niveaux. S’ils n’ont pas un programme pour faire cela, il faudra considérer qu’ils ne vendent que du rêve et du blabla aux Mauriciens !
Sedley Assonne
