May 5, 2024
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Opinion

Édito – Temps de remettre en question l’immunité !

“If Trump is immune from the law, then the U.S. is a dictatorship”.C’est le titre d’une lettre d’un lecteur envoyée au Los Angeles Times, et concernant la question d’immunité, dont se réclame Donald Trump pour échapper à des sanctions.

Comme le souligne ce lecteur Américain, pourquoi devrait-il y avoir deux justices, une pour l’américain moyen, et l’autre pour ceux qui sont installés à la Maison Blanche ou à la barre des administrations de ce pays ? La même question surgit ici. Pourquoi un Premier ministre ou un président, voire un Speaker, ne devraient-ils pas être « accountable » de leurs actes devant une Cour de justice ? Pourquoi devraient-ils être protégés par l’immunité ?

Dans sa lettre,le lecteur s’interroge : “Is Trump immune from the law?” No, he’s not, because if former President Trump were above the law, then he’d be king.The founders set up our country to prevent kings from ever ruling. They’d seen enough of monarchy both in their erudite studies of history and up close and personal with George III of Great Britain.

They risked their lives to defeat authoritarianism in their time and forever, providing that their descendants could show the same kind of backbone. They set up checks and balances in government so no one would have too much power. They put their egos and their wallets aside for the greater good of the country. It’s called values. So no, presidents are not immune from the law — hell no!”

Donc, n’étant pas en autocratie ou monarchie, pourquoi nos dirigeants (pour ceux qui ont fauté, s’entend) ne doivent pas être poursuivis s’ils ont fauté, comme l’a fait Trump durant son mandat ? Pendant longtemps, nos parlementaires faisaient voter des lois, qui allaient soumettre le peuple à des règlements contraignants. Et on a eu tendance à accepter cela, croyant qu’il fallait respecter les lois, et le verdict de ceux qui nous dirigent. Sauf qu’il n’est pas normal que ceux qui nous ont dirigé n’aient jamais été soumis aux mêmes contraintes. Et comme nous ne sommes ni en autocratie et monarchie, n’est-il pas temps de vraiment faire respecter la démocratie, dont le fondement (même si ce n’est pas vrai dans les faits) repose sur l’égalité pour tous ? Mais on sait tous que tel n’est pas le cas, car rarement verrait-on des hautes personnalités subir les mêmes contraintes que le petit peuple. D’ailleurs, c’est pourquoi l’on n’a jamais vu quelque notable/politicien, à des exceptions près, aller en prison pour faute grave.

Ce lecteur américain ajoute que « The greatest fear of granting Trump, or any president, blanket immunity for illegal actions while in office is that individuals will no longer have to account for or justify their actions.The Jan. 6 riot could be just the tip of the iceberg if Trump or another autocrat becomes president.”

Ce qui est encore plus horrible, c’est qu’après toute alternance électorale, les vainqueurs ont eu tendance à passer l’éponge sur les erreurs commises par leurs prédécesseurs. Est-ce normal de nos jours, où on nous gave nuit et jour des mots « bonne gouvernance » ? S’adressant au rédacteur –en-chef du Los Angeles Times, ce lecteur soutient que l’ancien président ne peut bénéficier de quelque couverture immunitaire. »Your editorial on the former president’s immunity defense concludes with, “Trump’s attempt to have the courts grant him immunity from criminal liability poses a threat to democracy.”

Comment le peuple a pu être amené à accepter qu’en démocratie, certains puissent être au-dessus des lois, sans compter qu’ils en  sont eux-mêmes les créateurs? D’autant plus que si des politiciens ont commis des fraudes, erreurs ou autres, le risque est aussi grand de les voir réélus. Et donc de continuer à commettre les mêmes crimes, sous couvert d’immunité. Ce lecteur Américain pose en fait une question fondamentale : »I could not agree more. But an unsettling paradox is that the very democracy we seek to protect may reelect Trump to the presidency whether or not he is criminally liable. A president with complete immunity is called a dictator. Think about that. We must protect our democracy.”

En fait, pendant une alternance politique, si les politiciens  évitent de sévir, c’est qu’ils ne veulent pas être plus tard victimes des lois qu’ils auraient eux-mêmes voté. Le travailleur social Lokee s’étonne d’ailleurs du silence des membres de l’opposition sur le Financial Crimes Commission, qu’ils présentaient comme un « danger » pour le pays. Si cette loi est effectivement un danger, pourquoi les quatre partis mainstream ne le dénoncent plus ? Pourquoi ne sont-ils pas allés en Cour pour objecter à sa mise en place ? Peur que cette loi soit utilisée contre eux ? Et si jamais ils viennent au pouvoir,utiliseront-ils cette même loi contre leurs adversaires, ou le « repeal » ?

Cela n’est pas dit, mais la question d’immunité entre en jeu. Et il est temps de s’y pencher. Car, il n’est pas normal que des Mauriciens puissent être « scrutinized » sous le Financial Crimes Commission, pour ne prendre qu’un exemple, tandis que d’autres en sont « immune ».Si tel est le cas, nous ne serions plus en démocratie !

Sedley Assonne

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