April 27, 2024
Hennessy Court 3rd floor Sir John Pope Hennessy street Port-Louis
Opinion

Édito – Umbrella

Le monde politique local reste toujours injuste envers les femmes.Et Belal est venu accentuer de sentiment d’injustice, quand on voit comment la PPS Marie Alexandra Tania Diolle a été traitée. Ce qui laisse croire qu’elle   n’aura pas de ticket pour les prochaines élections. Du fait qu’elle a réussi à se mettre à dos des membres du MSM, soit le maire de Quatre Bornes, et le ministre Kavi Ramano. Sans oublier  les habitants de la ville des fleurs, dont on voit mal qui d’entre eux pourrait offrir des fleurs à la PPS ?

Tania Diolle est l’exemple-type de quelqu’un qui ne connaissait rien à la chose politique, mais qui s’est retrouvée  sur une liste électorale, a perdu, pour se voir ensuite  repêchée sur la liste des « meilleurs perdants ».Et ainsi entrer au Parlement. Cette ancienne chargée de cours de l’université de Maurice avait d’ailleurs gardé ses habitudes de cours, en restant assise lors de ses interventions dans l’hémicycle, quand le Covid fut un (mauvais) prétexte pour les parlementaires de ne plus se mettre debout pour intervenir. Ce qui faisait ressembler le Parlement plus à une salle de classe qu’à un lieu où on débattait de l’avenir du pays.

Avec des références assez surprenantes, comme la chanteuse Rihanna, Tania Diolle pensait « séduire » les jeunes électeurs. Et elle tenait tant à se débarrasser de cette image « d’opportuniste », qualificatif que lui avait généreusement attribué le syndicaliste Jack Bizlall, lors d’une émission de radio. Proche du ministre Alan Ganoo, Tania Diolle pensait ainsi s’imposer sur la scène politique. Mais, elle est arrivée au mauvais moment. Car, Alan Ganoo est au crépuscule de sa carrière. Et pas sûr que même la circonscription N0.14 lui fasse faire un dernier tour d’honneur lors des prochaines élections. D’autant plus qu’il aura à se battre contre les votes conjuguées de l’alliance Ptr/MMM/PMSD.

Mais dans tout ce qui est arrivé, surtout suite au passage de Belal, et les inondations qui sont survenues à Quatre Bornes, Tania Diolle   n’a pas tous les torts. Kavi Ramano est d’ailleurs resté étrangement silencieux, et invisible !, laissant la presse, le public et l’opposition se déchaîner soit sur Diolle, Anwar Husnoo ou  Pravind Jugnauth.

Pourtant, Ramano est censé s’occuper du dossier de l’environnement, et du climat. Mais il a été une vraie faillite au ministère dont il a la charge. Il s’occupait plutôt des lieux de culte de sa circonscription. Espérant peut-être avoir la bénédiction des dieux,  mais lui aussi est bien parti pour un « one way ticket » dans l’effacement politique. Encore un de ces anciens du MMM, qui se proclamaient « militants », et qui visiblement ne connaissaient rien à la signification de ce terme.

On peut donc comprendre que Tania Diolle ne se soit jamais laissé marcher sur les pieds. Remettant constamment Ramano à sa place. Et s’il était facile de faire croire que c’est  la presse qui  les opposait, Belal est venu confirmer que tout séparait la PPS du ministre. Et Tania Diolle a eu raison de ne pas vouloir porter seule le chapeau du désastre qui s’était abattu sur le cimetière de Saint-Jean, et les rues alentour. Car, on sait que dans le système politique mauricien, le ministre a préséance sur le député/PPS. Ramano a donc eu tort de ne pas voler au secours de la PPS. Et le Premier ministre aurait dû rappeler son ministre à l’ordre. Ce qui n’a pas été fait.

Les options de Tania Diolle sont donc claires : Elle ne doit s’attendre à rien de la part du  MSM. Et le parti d’Alan Ganoo n’ayant qu’une micro-existence sur la scène politique, on voit mal  la PPS  survivre dans la jungle politique sans le support d’un grand parti. Elle ne sera pas la première à disparaître, un « one way ticket » en poche. Financièrement, elle sera à coup sûr plus « well off », mais socialement, elle sera démunie. Et comprendra alors la vraie valeur de l’amitié.

C’est sûr que beaucoup ne la  regretteront pas. Car, si elle avait un côté naïf par moments, elle devait ensuite mettre en avant ce côté calculateur qui a perdu tant de politiciens. En fait, on pourrait lui reprocher d’avoir eu l’esprit trop politicien, trop partisan. Elle n’aura ainsi rien appris d’Alan Ganoo, un politicien roublard à l’aise dans tous les milieux, et qui aidait quiconque venait frapper à sa porte. Tania Diolle passait  au tamis tous ceux qui sollicitaient son aide. Et rejetaient ceux qui n’aimaient pas le jus d’orange et le gouvernement. Sans savoir qu’en politique, il faut toujours penser à demain. Et surtout à ceux dont vous auriez besoin s’il vous arrivait de vous retrouver hors du gouvernement !

Elle a donc fait de mauvais calculs. Et en politique, ça ne pardonne pas. Surtout quand on a été chargée de cours ! Pas sûr d’ailleurs qu’elle puisse retourner à l’université. Surtout si le MSM revient au pouvoir après les prochaines élections. Elle pourrait alors se recycler dans le privé. Tombant dans l’anonymat du corps enseignant. A moins qu’elle ne décide de rester dans l’arène politique, et se batte pour une place, même comme « meilleure perdante ».

Des options pas toujours reluisantes donc. Mais, il se peut aussi qu’elle ait pensé à « l’after party » politique, et ait déjà prévu la réorientation de sa carrière. Mais une chose est sûre : Pour l’hirondelle qu’elle aura été, son printemps aura été très court sur la scène politique.

Et c’est dommage, surtout pour toutes ces femmes qui aspirent à entrer en politique. D’ailleurs, qu’adviendra-t-il de Sandra Mayotte, Teena Jutton, Joanne Tour, Dorine Chukowry, et Subashnee Lutchmun-Roy ? Pravind Jugnauth fera-t-il de nouveau appel à elles, ou devront-elles laisser la place à de nouvelles têtes ? A voir ce qu’a subi Marie Alexandra  Tania Diolle aux mains de ceux qui étaient censés la soutenir, gageons que ces députées et PPS du gouvernement réfléchiront sûrement à deux fois avant de s’engager plus encore en politique. Car, à moins d’être bien cachée sous l’Umbrella du leader et de son parti, la femme reste toujours la grande perdante dans le monde cruel de la politique locale !

Sedley Assonne

Leave a Reply

Your email address will not be published.