Faute de preuves irrécusables contre eux, les principaux protagonistes de l’affaire Roches Noires ont été lavés de tout blâme durant la semaine écoulée. Cette affaire, pour rappel, se réfère à un cas de cambriolage perpétré au campement de l’ancien Premier Ministre et où mort d’homme s’ensuivit sur le présumé voleur. La CCID tentait, dans ce cas précis, d’établir un lien entre, la mort en cellule de Kumar Ramdhony et le cambriolage au campement de Navin Ramgoolam. C’est aussi l’affaire qui a révélé au grand jour l’existence de la sulfureuse Dame de Carreau Lalianne et de son ‘blue eyed boy’, devenu par la suite un ‘black eyed pea’, j’ai nommé, Rakesh Gooljaury et d’une tristement célèbre ROLEX.
Ce dénouement n’a pas manqué de susciter une vague d’exubérance chez les partisans rouges qui voient déjà leur leader expédié au septième ciel. C’est tout juste si le principal concerné, qui multiplie ses parades d’une nouvelle version de lui ces jours-ci, n’aurait pas osé à l’instar de feu Aznavour, une affiche qui se lit comme suit : « .Je m’vois déjà en haut de l’affiche, en dix fois plus…. «classe». Il est clair que pour le leader du parti travailliste, c’est encore une des onze casseroles qu’il trainait depuis un certain temps déjà qui lui a été enlevée, sans doute sur un énième point de droit ou des dossiers mal ficelés ; et libérant encore en peu plus de ses tracasseries, mais de là à dire qu’il est complètement sorti de l’ornière, serait un peu présomptueux.
En effet, il lui reste l’affaire des coffres forts qui, souvenez-vous, contenaient des dollars (et à cet effet le FBI avait délégué des enquêteurs lesquels avaient ‘crapahuté’ dans certains secteurs-bancaires et financiers-). Assorti à cela, il y a l’autre partie en devises locales qui a été expliqué comme étant le financement du parti, sauf qu’il se trouvait dans un coffre personnel. En conséquence, ce sont là les grands mystères qui restent en suspens et qu’il faudra bien élucider. L’image des coffres forts débordant de billets, avait choqué la nation mauricienne eu égard à cette abondance d’argent qui tranchait singulièrement avec la cherté et la difficulté de nos compatriotes à vivre une vie décente. Tandis qu’en face, cela empestait l’opulence, l’insolence, mais surtout la luxure et le luxe de s’être payé de leur tête.
Tant de temps que cela relevait d’une hypothèse ou de la fiction, le peuple admirable rongeait son frein et prenait son mal en patience, mais quand la réalité lui fut exposée sans filtres, elle a violemment percuté les esprits et le choc y a laissé ses ondes qui font encore frémir. Pour la petite histoire, notons que des chefs d’états et des élus du peuple reconnus coupables ont payé fort les conséquences de faillir dans l’exemplarité qu’ils sont sensés incarner en tant qu’hommes publics. Le dernier cas en date est celui de Patrick Balkany, Maire de Levallois-Perret en France et de son épouse, reconnus coupables de fraudes fiscales. La semaine dernière, le maire a écopé d’un emprisonnement de quatre ans avec effet immédiat.
Tenez, l’ancien Président Alberto Fujimori du Pérou a lui été condamné à une peine de 25 ans pour corruption et pour crime contre l’humanité. Ehud Olmert, ancien Premier Ministre Israélien a essuyé d’une peine de six ans pour corruption et pot de vins. Les exemples ne manquent pas pour vous dire que la corruption et les crimes financiers commis par les hommes d’état et les élus sont punis sévèrement. Citons aussi le cas de l’ancien Président brésilien Lula, incarcéré pour corruption. À Maurice ce serait une grande première de voir un homme politique incarcéré sous des charges formelles de corruption et de pots de vins.
Mais la conclusion à retenir c’est qu’exonération dans le contexte mauricien peut, malheureusement pour nous, aussi vouloir dire absolution. Désormais, tous les regards sont braqués sur le DPP : est-ce qu’il contestera le jugement de Roche-Noire ? Il va de soi que la politique de deux poids et deux mesures ne s’inscrit pas dans l’éthique de cette institution et à cet effet les mauriciens s’attendent à ce que son action n’aura d’égale que celle qu’il prit après que deux juges eurent acquitté Pravind Jugnauth, dans l’affaire Medpoint. C’est aussi simple que l’air qu’on respire.