Selon une étude en France, on constate que la violence conjugale est un fléau social universel avec deux facteurs aggravants : le chômage et les inégalités socio-économiques. On rencontre la violence au sein des couples aussi bien dans les milieux défavorisés que dans les milieux aisés. Plus souvent lorsqu’il y a chômage et surtout quand ce sont les femmes qui sont au chômage.
A Maurice, en rien qu’une semaine, trois jeunes femmes, toutes en pleine possession de leurs moyens, ont été tuées bestialement par celui qui partageait leur vie. Dans deux de ces cas, ces drames sont arrivés devant des enfants impuissants, abasourdis et qui seront, de toute évidence, marqués à vie. Toujours d’actualité aussi est cet aveu de détresse d’une cadre supérieure à la police pour dénoncer la violence conjugale dont elle est victime. Si la police, dans la plupart de ces cas, a été en dessous des attentes, et elle n’est pas vraiment à blâmer n’étant pas formée pour gérer de telles situations, mais que dire alors de la ministre de tutelle qui, par manque de pragmatisme, a donné l’impression de traiter cet épineux dossier avec la même formule creuse?
En effet, Mme la ministre a invité toutes les victimes de violence conjugale à sortir de leur mutisme et se faire connaitre. Comme si c’était une simple formalité. Et hop je débarque, où pour commencer, pour dire que mon mari me bat… et il se passe quoi après ? Si c’était un sujet aussi facile à aborder, croyez-vous, madame la Ministre que toutes ces femmes qui ont péri aux mains de leur bourreau, ne l’auraient pas fait depuis belle lurette ? Croyez-vous que les femmes sont aussi doloristes pour subir leur peine en silence,
Ce qu’il faut savoir c’est qu’il y a deux niveaux de violences au sein du couple, qu’il s’agisse du couple marié, ou du couple vivant en concubinage. Le premier niveau serait des violences psychologiques : dénigrement, humiliation, dévalorisation, menaces de mort, chantage…, et cela de façon répétée au fil des jours, des mois, des années. Ce que certaines femmes appellent l’enfer conjugal. Et il y a un deuxième niveau, celui des violences cumulées et graves, c’est-à-dire là où les violences s’entrecroisent : psychiques, physiques, sexuelles. Dans les violences sexuelles, il y a des pratiques sous la contrainte, il y a le viol.
Donc, devant ce triste postulat, il faut des lois sévères pour punir les violences psychologiques répétées d’une peine allant jusqu’à un an d’emprisonnement. En effet, aujourd’hui, on punit les violences physiques ponctuelles, mais on ne sanctionne guère les violences psychologiques répétées, alors que celles-ci sont parfois plus destructrices pour la femme que certaines violences physiques. 30 % des violences physiques à l’égard des femmes ont lieu après la séparation du couple. C’est pourquoi il serait judicieux d’étendre la qualité de circonstance aggravante aux ex-conjoints et aux ex-concubins.
Outre des associations dont il faut au passage saluer le rôle important et indispensable qu’elles jouent, il faut aussi que dans la loi, nous puissions mettre en avant des mesures vraiment dissuasives dans le cas spécifique des violences à l’intérieur du couple. Il faut aussi tout un système de prévention le plus en amont possible, c’est-à-dire au collège et au lycée pour permettre l’apprentissage du respect de l’autre, ainsi que des campagnes régulières de sensibilisation du grand public. Il faut également des aides spécifiques aux victimes de violences, et je pense plus particulièrement à ces femmes qui sont sans travail, donc sans ressources, et qui se retrouvent du jour au lendemain à la rue parce qu’elles ont voulu réagir contre leur agresseur. Bref, aider les associations, oui, c’est indispensable, car elles font un travail remarquable, mais on ne peut pas se dispenser d’une loi spécifique, comme c’est le cas en Espagne ou encore au Canada pour lutter contre ce fléau des temps modernes.
Il faut impérativement donner un soutien psychologique d’abord aux enfants qui assistent, pour 60 % des violences, à ces actes dirigés contre leur mère. Là, il m’apparaît nécessaire et indispensable que l’on mette en place ce soutien, car ces enfants peuvent reproduire les violences auxquelles ils assistent sur les bancs de l’école, mais peut-être aussi plus tard, lorsqu’ils seront adultes. Concernant les victimes elles-mêmes, il est évident qu’un soutien psychologique s’avère indispensable, faute de quoi la personne sombrera dans la dépression, laquelle dépression peut conduire au suicide. Il faut savoir que les femmes victimes de violences réalisent 15 fois plus, ou parfois 30 fois plus, de tentatives de suicide que les autres femmes en général.
Pour finir, il faut une formation initiale et continue de notre police à ces types de violences. Dans certains commissariats de pays comme la Grande-Bretagne, il y a des unités spécialisées aux problèmes des violences à l’égard des femmes. Il faut les mettre en place à Maurice et au plus vite car si rien n’est fait notre société va se désagréger avec des séquelles encore plus lourdes.