December 10, 2024
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Impératif d’avoir un leadership visionnaire, fort et discipline

Quand le regretté Sir Seewoosagur R a m g o o l a m , Père de la nation pourtant, fut battu dans sa circonscription de prédilection et botté hors du pouvoir par le premier 60-0 de l’histoire, il avait 82 ans. Son fils Navin Chandra, devenu Premier ministre pour la première fois en décembre 1995 grâce au second 60-0, cèdera les rênes de l’Hôtel du gouvernement à son prédécesseur, feu Sir Anerood Jugnauth. Ce dernier démissionnera comme PM et deviendra chef d’État en 2003 après l’accord à l’israélienne avec Paul Bérenger, président du Cabinet ministériel pour la dernière fois à 60 ans. En 2005, à la tête de l’Alliance sociale, Navin Ramgoolam retrouvera le Bâtiment du Trésor et y restera jusqu’en 2014. Il avait alors 67 ans. Quand SAJ décida d’offrir le poste suprême à Pravind Jugnauth et de s’y retirer, il avait 87 ans. L’actuel chef du gouvernement est âgé de 61 ans et en 2024, il aura 63 ans quand il remettra son titre en jeu.

Tous ces Premiers ministres ont connu des fortunes diverses. Chacun a apporté sa modeste contribution et sa pierre à l’édifice pour la construction du pays et le progrès de la nation. Sir Seewoosagur Ramgoolam a dû composer, dans son Cabinet, avec des ministres corrompus et incompétents. C’était l’une des raisons de sa chute et pour laquelle il a été blâmé sans être directement responsable. Sir Anerood Jugnauth, Navin Ramgoolam et Paul Bérenger l’ont appris à leurs dépens et Pravind Jugnauth n’est pas en reste. N’importe qui succèdera à ce dernier un jour fera face au même problème parce que la gourmandise de l’homme ou sa malhonnêteté ne connaît pas de limites et le surveiller nuit et jour relève d’un tâche herculéenne, ne sachant pas quand et où il va frapper. C’est le gros problème global de tout gouvernement, le combat contre la fraude et la corruption étant un de tous les instants eu égard aux tentations et aux tentacules prêtes à sévir.

Aucun chef du gouvernement ne peut se targuer d’avoir eu à diriger une équipe exempte de tout reproche. Durant chacune des différentes législatures, il y a eu des hommes et des femmes choisis par l’électorat pour le représenter, mais qui ont fini par voler cette confiance pour des « affaires » indignes de leur statut d’honorables membres de l’Assemblée nationale. Certains se sont comportés si indignement et par manque d’honneur qu’ils ont fini par se brûler politiquement. Les élus qui n’ont connu que l’ivresse d’un mandat ne se comptent plus. Ce n’est pas seulement à l’échelon national que le bât blesse. Au niveau des collectivités locales, une certaine mentalité de se faire élire pour s’enrichir au lieu de servir perdure. Bientôt avec la tenue des municipales, les leaders de tous les partis politiques auront à faire le tri tant les éventuels conseillers se bousculent aux portillons des quartiers généraux. Une fois élus, les problèmes des citadins ne sont plus les leurs et il faudra attendre la prochaine consultation populaire pour les sanctionner. Entre-temps, beaucoup d’eau ont coulé sous les ponts…

En politique de nos jours, il faut une culture de mérite et de respect, de responsabilité et d’intégrité. Il faut également une bonne dose de valeurs et de principes quand on aspire à défendre les droits des citoyens. Ceux qui traitaient Ramgoolam et Bérenger de dinosaures, par exemple, ont changé leur fusil d’épaule. Parce qu’ils se retrouvent, à l’instar de Rama Valayden, dans un nouveau parti avec des « jeunes » de 70 à 75 ans pour inviter la jeunesse à aimer et à faire la politique autrement que celle qui lui a fait prendre ses distances des affaires du pays. Comment espère-t-on que les jeunes vont avoir confiance en cette classe d’hommes et de femmes quand certains leaders déjà dévalués et décrédibilisés adoptent une posture de géométrie variable selon les tractations d’alliances et d’arrangements électoraux ?

Il est vrai que n’importe qui peut aspirer à devenir Premier ministre. L’aspiration est une chose, la concrétiser une toute autre dans une démocratie. Lorsque l’on considère la vision et la discipline, nonobstant la majorité d’élus qu’il faut pour constituer l’équipe gouvernementale, les aspirants au poste tant convoité se comptent sur les doigts d’une seule main. Qu’on le veuille ou non, il y aura toujours contre le régime en place une opposition divisée parce que deux anciens ministres qui portent l’étoffe de leader ne font pas l’unanimité pour constituer un groupe fort et homogène capable d’unir tous les opposants contre la bande à Pravind Jugnauth laquelle peut encore se renforcir si les travaillistes sont partants parce que le MMM, le PMSD et le Reform Party n’offrent pas la meilleure garantie. Pour l’intérêt supérieur du pays, on peut bien mettre de côté ses différends, nous dira-t-on.

Tous les Premiers ministres depuis l’indépendance ont plus profité que souffert du culte de la personnalité. De Sir Seewoosagur Ramgoolam à Pravind Jugnauth, en passant par Sir Anerood, Navin Ramgoolam et Paul Bérenger, il y a eu cette adulation, cette admiration excessive qui a fait du tort à la collectivité. Des leaders encore en activité, Paul Raymond Bérenger a déjà concédé qu’il n’a pas l’intention de se présenter comme le challenger de Pravind Jugnauth en 2024. Il a jeté son dévolu sur Navin Ramgoolam, selon ses propres aveux. Ce dernier posera certainement ses conditions après avoir subi une humiliation aux mains du chef du MMM. Le leader inamovible du Parti travailliste peut encore faire l’impasse sur une alliance avec le MMM-PMSD et opter pour le MSM. Dans cette éventualité, Bérenger jouera la carte Bodha. Le duo Bhadain-Valayden n’aura finalement pas le choix que d’être le troisième larron.

Aux élections générales de 2024, seul un leadership visionnaire, fort et discipliné pourra mettre toutes les chances de son côté non sans s’être débarrassé des canards boiteux que l’électorat ne veut plus voir débattre dans son bassin. La formule gagnante sera donc de présenter une équipe crédible et sérieuse déterminée à relever les grands défis pour tout redresser après la paralysie causée par le coronavirus. La population n’a pas encore perdu tout espoir d’un redressement socio-économique malgré la Covid-19, la fraude, la corruption, les fléaux sociaux et la guerre qui impacte déjà sur notre vie quotidienne.

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