April 25, 2024
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Opinion Politique

La relance du tourisme : un devoir national malgré les incertitudes

Depuis la chute dramatique des recettes touristiques en 2020 lorsque la Covid-19 a impacté sur l’économie mondiale, les Mauriciens ont pris la mesure de la contribution (23 %) du secteur touristique au produit Intérieur brut (PIB), de Maurice. D’un seul coup, s’est jouée devant les yeux du grand public une tragédie inédite : la mise sous administration volontaire, la suppression de postes, la réduction drastique de salaires et la vente de deux gros-porteurs. S’il s’agissait d’un signe externe de la contraction de l’économie mauricienne, la vue de l’appareil cloué au sol était suffisante pour le démontrer. Pas de touristes, pas d’avion et vice-versa.

La deuxième phase

En ce moment, tous les économistes et observateurs tentent de minimiser l’impact de la première réouverture de nos frontières, avec le regard tourné vers début octobre pour vérifier si la stratégie d’atteindre l’immunité collective se conjugue avec la deuxième phase. C’est à ce moment, sans doute, qu’on pourra juger la dimension réelle de l’impact économique de la pandémie, puisqu’en même temps, on saura si la desserte mauricienne de certaines compagnies étrangères a atteint ses onjectifs. Autrement dit, il y a beaucoup d’interrogations entourant cette deuxième phase. Mais elle permettra de distinguer la part des vacanciers étrangers – les touristes ! -, parmi les arrivées, dont on sait maintenant qu’une grosse majorité consistait en Mauriciens venus rendre visite à leurs proches. Que se passe-t-il donc en ce moment dans la tête des vacanciers habitués à poser leurs valises à Maurice chaque année durant la période pré-COVID 19 ? C’est sans doute ce que tentent de savoir les tour-opérateurs exerçant dans les capitales européennes pour le compte des groupes hôteliers mauriciens. Comment convaincre les vacanciers de privilégier la destination mauricienne aux sables fins des Seychelles, des Maldives et/ou du Sri Lanka ?

Activités connexes

C’est la première fois que les opérateurs touristiques partout dans le monde se battent pour conquérir le touriste lambda, sans trop connaître ce qu’ils doivent lui proposer de ‘nouveau’ par rapport à la concurrence. Car l’industrie du tourisme n’est pas seulement des palaces, du sable fin et des eaux cristallines, ou un service 5-étoiles. Il s’agit d’activités connexes engageant une diversité de professionnels, mais parfois de simples quidams trouvant leur vie sur les plages à la rencontre des touristes charmés par leur gouaille et leur simplicité. C’est dire qu’il n’existe aucun autre secteur d’activité qui dépend tant de la nature – plage, mer, soleil et environnement intérieur – que du contact avec une multitude de personnes. Le secteur du tourisme, dans un pays qui en a fait sa vocation, reflète également l’authenticité de ses habitants, tout en influant sur leur style de vie. Les hôtels, restaurants, boutiques, entreprises de beauté, chauffeurs de taxis, pêcheurs, éleveurs et planteurs, artisans voire vendeurs de plages, finissent parfois par adopter le style de vie de leurs sites touristiques si ces derniers demeurent leurs premières sources de revenus.

Expérience

Le terme ‘expérience’ souvent servi dans la communication des opérateurs touristiques n’est pas anodin, il renvoie bien à une dimension qui allie divers types de rencontres et d’espaces où il s’agit parfois de découvertes. Que ce soit dans l’enceinte de l’hôtel, où le personnel est aux petits soins avec le touriste ou dans l’arrière-pays où ce dernier croise des villageois et découvre des espaces de vie rurale, occasionnant une certaine forme de dépaysement, tout doit participer d’une aventure contrôlée et authentique et surtout en toute sécurité. C’est là où la concurrence se bat pour offrir au touriste l’expérience qu’il présente comme ‘inédite’. Car, en ce moment précis il faut le souligner -, le moindre petit avantage sur la concurrence fera revenir le voyageur et aura un effet boule de neige. Lorsque nous savons que le voyageur « travaille » par expérience, dans le cas de Maurice, ce sera une question d’ingéniosité concurrente pour obtenir un « avantage » durable à long terme. Comment atteindre cet objectif en cette période cruciale, qui nécessite de jeter les bases d’une reprise durable à long terme ?

Visionnaires

L’histoire du tourisme mauricien est jalonnée de développements successifs et réussis comme le reflète notre riche parc hôtelier et ses palaces, son personnel formé et son charme et sa cuisine, entre autres. Mais sans visionnaires, notre industrie touristique serait restée dans l’état d’un secteur confiné à quelques endroits de bord de mer et quelques milliers de riches étrangers loyaux. Véritable pionnier de la transition de l’activité touristique vers une industrie, Sir Gaëtan Duval était un visionnaire qui avait vite vu les attraits d’une île tropicale loin de ses marchés, certes, mais suffisants pour faire accourir les membres de la jet-set mondiale. Si, en son temps, des stars comme Sanjay Khan étaient venus à Maurice, pourquoi celles des années 2020, comme Tiger Shroff, Kriti Sanon, Siddharth Malhotra, ou encore Shraddha Kapoor, ne viendraient pas à Maurice – et pas aux Maldives – pour vendre l’image de nos plages, hôtels et lagons ? Ce sera un de ces fameux “edge”.

Pour ce faire, il faudrait l’inter- vention d’intermédiaires crédibles. Les Indiens étant ce qu’ils sont avec un fort ressenti culturel, il faudrait des profils exceptionnels à cheval sur plusieurs cultures, en tenant compte que la comédienne Sunny Leone ne ressemble en rien à Hema Malini !