October 15, 2024
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Le kreol, langue attrape-nigauds ?

Avec le 1er février en point de mire dans pas longtemps, il ne serait pas étonnant d’entendre nos chers politiciens dire leur « amour » pour la langue créole. Ils viendront sûrement s’appesantir sur « l’importance » de la langue maternelle des Mauriciens, tout en poussant l’hypocrisie très loin en disant que le comité examinant l’introduction de cette langue au Parlement travaille toujours.

Les descendants d’esclaves applaudiront les discours, et ceux qui haïssent cette langue seront heureux du statu-quo. Et tandis que cette année, les élèves de Grade 1 pourront prendre part aux examens de la School Certificate, avec le Kreol au menu, qu’en est-il véritablement sur le terrain ?

Un parent d’élève ne sait plus sur quel pied danser. Et pourtant, sa fille a eu de très bons résultats, le Kreol figurant sur son certificat. Mais quand elle a été admise dans ce collège secondaire, l’établissement ne propose pas le Kreol comme option linguistique ! En désespoir de cause, et pour ne pas perdre sa place dans ce collège, la mère a demandé à sa fille de « pez nene bwar dilwil ». Malgré le fait que l’enfant aurait tant voulu prendre part à des examens en Kreol !

Est-ce à dire que cette langue est utilisée comme attrape-nigauds, juste pour faire croire qu’elle est utilisée à l’école, et ainsi éviter que les critiques pleuvent sur le ministère de l’Education ? Cette maman déplore en effet que sa fille, après avoir travaillé d’arrache-pied pour avoir de bons résultats, ne puisse plus avoir l’option de la langue Kreol pour aller encore plus loin. Pourquoi donc avoir vendu ce « rêve » linguistique aux enfants ? Etait-ce pour caser ces nombreux jeunes qui postulent comme profs, et qui prennent le kreol comme méthode d’enseignement, juste pour avoir un travail ?

Il serait bon que Leela Devi Dookun vienne répondre aux interrogations légitimes des parents, et surtout des enfants qui choisissent l’option du Kreol. Car, le flou entourant l’avenir de cette langue est source constante de stress pour eux. Il n’est pas bien que des jeunes s’échinent sur un sujet, avec l’idée d’avoir un meilleur avenir. Mais qui voient ensuite que l’horizon de leurs rêves de réussite est bouché.

De plus, il serait bien aussi que l’Etat vienne une fois pour toutes dire si oui ou non le Kreol aura la reconnaissance officielle qu’il mérite. Parlée à 99% par les Mauriciens, cette langue est le ciment qui consolide l’unité nationale chère à nos politiciens. Présente dans toutes les sphères de notre société, sauf au Parlement, la langue créole n’a plus rien à prouver. Mais à titre d’exemple, combien d’auteurs Mauriciens écrivant dans cette langue ont leurs œuvres inscrites au programme d’études ?

C’est là où le bât blesse. L’Etat fait la promotion du Kreol, mais ne donne pas les outils nécessaires aux enfants pour qu’ils approfondissent leur connaissance de cette langue. On se rappellera de la polémique surgie au Mauritius Institute of Education, quand une chargée de cours abandonna l’idée d’un recueil de textes en créole. Sous prétexte que ces textes n’avaient pas reçu d’aval « pli lao ».Ce qui fait que nombre d’auteurs restent boudés, parce que leurs écrits ne correspondent pas au vœu « d’assouplissement » de cette langue, qui garde encore son côté revendicateur.

Bref, tant que l’hypocrisie continuera de mettre des barrières autour de cette langue, le Kreol ne connaîtra pas l’essor voulu. Et les victimes seront toujours ces enfants qui l’ont pris en option à l’école. Surtout quand des collèges continuent de snober cette langue !

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