Le gouvernement demande aux entreprises à adhérer à la nouvelle réglementation sur les rémunérations et à respecter le paiement de l’ajustement de la relativité salariale afin de protéger les employés et d’assurer leur bien-être. C’est ce qu’a déclaré le ministre du Travail, du Développement des ressources humaines et de la Formation, Soodesh Callichurn, en conférence de presse tenue à Port-Louis, hier. Il voulait surtout apporter des éclaircissements concernant les ajustements de la relativité salariale suite à un communiqué officiel de Business Mauritius publié le 23 septembre 2024.
Le ministre Soodesh Callichurn a rappelé que la nouvelle réglementation sur les rémunérations a été officialisée et « gazetted » depuis le 13 septembre 2024 à la suite de consultations avec le State Law Office, les ministères et d’autres institutions concernées. « Le gouvernement a élaboré cette réglementation pour que les employeurs aient légalement l’obligation de payer les ajustements de la relativité salariale après l’introduction du salaire minimum », a-t-il précisé. Et de faire ressortir que des amendements ont été apportés à 32 réglementations de rémunération existantes pour remédier à la distorsion des salaires des travailleurs percevant un salaire mensuel de base allant jusqu’à Rs 50 000. « Le non-respect des nouvelles réglementations de rémunération créera une instabilité et une injustice sociale parmi les employés », a-t-il souligné.
Le ministre a en outre expliqué que des améliorations considérables ont été apportées jusqu’à présent aux conditions de travail et aux salaires des employés pour atténuer l’impact de l’inflation. Il s’agit notamment de l’octroi d’une rémunération supplémentaire annuelle et d’une augmentation du salaire minimum. Il a ajouté qu’une série de mesures de soutien ont également été fournies aux entreprises pendant la pandémie de COVID-19 pour soutenir les opérations commerciales et limiter les pertes d’emplois. « Le gouvernement travaille dans le meilleur intérêt des employés. Des actions en justice seront engagées contre les entreprises qui ne respectent pas et n’adhèrent pas à la loi », a-t-il dit.
Business Mauritius recommande le Statu Quo
La guerre est déclarée entre le gouvernement et le patronat. En effet, Business Mauritius a émis un communiqué le lundi 23 septembre dernier, pour demander à ses 1 200 membres de maintenir le Statu Quo. Le patronat conteste le réajustement salarial et compte trouver recours à la Cour suprême.
Dans son communiqué, Business Mauritius explique à la suite de nombreux retours de ses membres exprimant leurs vives inquiétudes quant à l’implémentation de la relativité salariale et les conséquences sur leurs activités économiques et l’emploi, le patronat a tenu à partager sa position par rapport à la mise en place des nouvelles Remuneration Regulations imposées par le ministère du Travail et des Relations Industrielles. « Nos conseillers juridiques examinent actuellement la légalité de ces règlements. Selon leur analyse, les règlements ne sont pas conformes à la législation en vigueur. Se conformer à cette directive pourrait créer un précédent potentiellement préjudiciable », peut-on lire dans le communiqué.
Business Mauritius avance aussi que cette augmentation généralisée n’est pas conforme aux processus établis liés à une révision salariale. Son application uniforme et son calendrier imposé, selon le patronat, ne tiennent compte ni des structures salariales existantes dans les entreprises, ni de leurs cycles de révision salariale, ni du fait qu’une majorité d’entre elles aient déjà implémenté les mesures de relativité. Et d’ajouter que cela affecte ainsi de manière structurelle l’équité et la cohérence des politiques de rémunération déjà en place.
« Nous soulignons que le processus établi de consultation auprès du National Remuneration Board et le National Wage Consultative Council n’a pas été respecté. Ces organismes tripartites jouent un rôle crucial dans la mise en balance des intérêts de toutes les parties concernées. En attendant des conclusions définitives de nos conseillers juridiques, nous recommandons à nos membres de maintenir le statu quo en attendant la clarification de cet imbroglio juridique Nous sommes favorables à l’objectif d’une île Maurice à hauts revenus. Cependant, nous pensons qu’il est crucial de prendre en compte le cadre légal et les mécanismes institutionnels en place, les cycles de révision salariale des entreprises, aussi bien que la diversité des entreprises mauriciennes et leur capacité à absorber ces changements », indique le communiqué.
Pour conclure, Business Mauritius explique qu’il s’engage à poursuivre le dialogue avec les autorités pour trouver une solution équitable qui respecte à la fois les lois du pays, les intérêts des employés et le modèle économique qui a fait le succès de notre île. « Nous vous tiendrons informés de tout développement dans les jours qui suivent », a conclu le patronat.