April 20, 2024
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Opinion

L’euphorie c’est fini, l’heure est au travail

On ne pourra plus dire de Pravind Jugnauth qu’il est un petit bonhomme, un imposteur. Son élection en bonne et due forme, vient taire toutes les épithètes les plus malveillantes qui lui ont été collées par ses adversaires, tout au long de cette campagne aussi intense qu’elle fut sans merci.

En dépit des dénigrements et des coups en dessous de la ceinture, il semble que sa jeunesse, son sérieux, son programme et son message pour la continuité ont été bien compris. Du coup, il est maintenant investi de l’assentiment du peuple pour mener à bien sa mission qui est de taille.

Pour réussir son installation au pouvoir comme un Premier Ministre mandaté pour diriger les affaires suprêmes du pays, Pravind Jugnauth doit absolument garder la tête froide, rester humble et surtout s’entourer d’une équipe de professionnels chevronnés, rompus à toute épreuves, réfléchis et diligents, car du boulot, il y en a.

Les enjeux sont si conséquents qu’il ne peut se permettre aucune distraction et écart de conduite, car tout comme il a dû châtier une majorité de son cabinet pour ces élections de 2019, lui-même risque d’être très lourdement sanctionné dans cinq ans par ce même peuple qui l’a élu, s’il est en dessous de leurs attentes.

Et quelles sont ces attentes ? Il y a d’abord et primordialement un vœu pieux, pour ne pas dire idéaliste de la population, pour une moralisation en profondeur de la classe politique. Ce que veut la majorité des mauriciens, c’est que notre Auguste Assemblée soit composée d’hommes et de femmes dignes de leur titre d’honorables ministres et de députés. Bref, ce que veulent les mauriciens ; ce sont des parlementaires qui font honneur à la démocratie et qui sont respectueux de nos institutions.

Puis vient la relance économique. Celle-ci s’avère ardue en raison de la conjoncture globale qui est loin d’être au beau fixe. Dans un tel contexte, les électeurs attendent de nos élus des alternatives aussi innovantes que robustes, de même que des créneaux porteurs, pour insuffler le dynamisme souhaité en vue de faire décoller l’économie. Si les bases ont déjà été jetées depuis 2014, il s’agit maintenant consolider les acquis, faire preuve d’ingéniosité et d’innovation pour mieux contourner les aléas et se maintenir hors de danger.

Le peuple attend également de Pravind Jugnauth et sa nouvelle équipe des prises de positions fermes s’agissant de gaspillages des fonds publics et du maintien de la dette extérieure à un niveau raisonnable et prudent.

Ce gouvernement de Pravind Jugnauth sera aussi attendu au tournant sur sa politique environnementale en vue de freiner le réchauffement global et le changement climatique. Cela passe par une transition énergétique bien ficelée vers les énergies renouvelables. Si d’autres pays ont réussi cette transition vers l’énergie verte avec brio, il n’y a pas de raisons pour que Maurice soit en reste.

En effet, selon le dernier rapport de la Banque mondiale sur les progrès des politiques publiques en matière d’énergie durable (RISE 2018), le nombre de pays qui se sont dotés de cadres structurants solides a plus que triplé entre 2010 et 2017, pour passer de 17 à 59, tandis qu’un grand nombre de pays parmi les plus gros consommateurs d’énergie ont considérablement amélioré leurs réglementations dans le domaine du renouvelable.

Les progrès sont encore plus marqués dans le secteur de l’efficacité énergétique, où le pourcentage d’États pourvus d’un arsenal de mesures spécifiques a été multiplié par dix entre 2010 et 2017.

Le peuple aura aussi les yeux rivés sur le gouvernement de Pravind Jugnauth sur ce qu’il compte faire pour barrer la route à la fraude et la corruption et sur le combat contre la drogue.

Si Pravind Jugnauth ne montre pas ses muscles sur ces dossiers-là, la confiance va bien vite s’éroder et il fera l’objet de critiques acerbes qui risquent de le handicaper sévèrement. Car une majorité pour diriger le pays ne veut pas dire une carte blanche pour faire tout et n’importe quoi.

Pour finir, Pravind Jugnauth sera attendu au tournant sur les mesures populistes promises à la pelle. S’il manque à sa parole, le peuple rongera son frein pour cinq ans mais après cela ce sera le cataclysme.

Toutefois, nous oserons croire que l’homme de parole qu’il a su démontrer qu’il est depuis sa prise de fonction comme Premier Ministre, sera exact au rendez-vous et qu’il est en poste pour diriger de main de maitre. En tout cas c’est tout le mal qu’on lui souhaite.