Les chiffres communiqués par le bureau des statistiques indiquent une baisse dans le taux de chômage. Ceux qui regardent ces graphes d’un point de vue partisan seront tentés de dire que le gouvernement ment sur le taux réel de chômage dans le pays. Mais si on reste objectif, on est forcé de reconnaître qu’il y a effectivement moins de chômeurs chez les Mauriciens, du fait que les travailleurs étrangers augmentent leur présence dans plusieurs secteurs du pays.
Faut-il s’en inquiéter ? Oui et non. S’il y a moins de Mauriciens chômeurs, c’est parce que beaucoup d’entre eux partent à l’étranger. Vers le Canada en particulier. Et par cette porte laissée ouverte, les travailleurs étrangers s’engouffrent sur notre sol, et tiennent à y faire racine.
On ne peut reprocher aux Bangladais, Indiens, Srilankais, Malgaches et autres « expatriés » de venir tenter leur chance ici, alors que les Mauriciens quittent leur pays de leur propre gré. Tant que cet équilibre profite à l’économie, et au secteur des petites entreprises, personne ne se plaindra.
Mais attention que des voix s’élèvent ensuite pour dire que s’il y a autant de travailleurs étrangers ici, c’est parce que tel parti veut se constituer un « bank vote », que le défunt Soopramanien Kistnen voulait, semble-t-il, dénoncer.
Et alors que l’ancien Premier ministre Navin Ramgoolam entame une nouvelle croisade contre les résultats des dernières élections, plus particulièrement dans la circonscription où il avait posé sa candidature, il est symptomatique qu’il n’ait jamais fait était de possibles fraudes relatives aux travailleurs étrangers. D’où vient donc cette « haine » contre les travailleurs étrangers, devenus malgré eux un élément de campagne électorale ?
En fait, dans tous les pays où il y a la montée du fascisme, on a noté que les étrangers deviennent les parfaits boucs-émissaires, où on leur fait porter tous les malheurs d’un pays sur leurs épaules. Il est dommage que l’Etat, et le secteur privé, n’aient jamais commandité une étude pour connaître l’impact exact des travailleurs étrangers, tant sur le monde du travail, mais aussi sur le social, l’environnement, l’exode, pour ne prendre que quelques exemples.
Avec ces vraies données, on aurait pu comprendre pourquoi étrangers et Mauriciens ne peuvent pas cohabiter sur les mêmes lieux. Car, comme souligné plus haut, quand les travailleurs étrangers augmentent ici, les Mauriciens sont plus nombreux à quitter leur pays, pour devenir eux-mêmes des travailleurs étrangers en terre…étrangère. Un vrai paradoxe, qui n’a malheureusement pas été clairement expliqué.
En tout cas, c’est un phénomène qui ferait clairement la joie des sociologues. Qui doivent nous dire pourquoi cette terre de peuplement devient un aller-retour pour les uns, et un aller sans retour pour les autres. Il serait aussi intéressant de savoir, au moment où le gouvernement enjoint les Mauriciens de « faire des enfants »,si cette « tâche » n’incombera finalement pas aux travailleurs étrangers. Dont beaucoup font souche ici.
Pour prendre ce phénomène humain du côté humoristique, on pourrait dire que pour certains la chair est plus tendre ici, alors que pour d’autres l’herbe est plus verte ailleurs !