« A partir de lundi prochain (aujourd’hui), je prendrai le métro comme tout le monde, et mes ministres en feront de même. » Dans un monde parallèle, le jour de l’inauguration du métro sur le trajet Port-Louis-Curepipe, le Premier ministre aurait fait cette annonce, afin de démontrer que les politiciens, une fois élus, ne sont pas au-dessus des simples quidams que nous sommes, et ils tiendraient à voyager par le même transport dont leur gouvernement estime que c’est « important » et nécessaire » pour le peuple, et pour le pays.
D’ailleurs, dans ce monde parallèle, le Premier ministre aurait aussi annoncé ce qu’il en sera pour la phase II du métro, disant si les villages aussi seront connectés. De même que l’aéroport. Car, à Charles de Gaulle par exemple, on peut prendre le métro pour rallier Paris ou autres provinces, sans que les lobbies des taxis ne se sentent « menacés ».
Ici, à part Côte d’Or et Réduit, on n’en sait pas plus sur les futures connexions ferroviaires pour les villages. Ce qui signifie que rien n’est encore planifié. De toute façon, en abolissant un ministère-clé comme celui du Plan, l’Etat avait démontré que le moto gouverner c’est prévoir n’était pas dans ses priorités. Car, avec un tel ministère, on pouvait quantifier, à l’avance, le coût d’un tel projet pour le monde rural.
Dans ce monde parallèle, le Premier ministre aurait aussi annoncé que son gouvernement abandonnait les limousines, qui coûtent cher aux contribuables !, qui servent au transport des ministres. Ces derniers prendraient eux aussi le métro. Et une navette, pourquoi pas ceux de Metro Express Limited, les attendrait au Victoria Terminal, à Port-Louis, quand ils se rendront à leurs bureaux, ou aux travaux parlementaires. D’ailleurs, pour faire faire des économies au pays, la décentralisation des ministères deviendrait une réalité. Afin d’éviter le déplacement des ministres dans la capitale. Fini aussi la SSS et les gardes du corps de la VIPSU, dont les éléments réintègreront les rangs de la police régulière, où leurs services seront mieux utilisés. Notamment pour le travail de terrain et l’aide aux policiers pour arrêter les trafiquants de drogue, qui font souvent usage de violence envers la police.
Dans ce monde parallèle, le Premier ministre, soucieux du sort des Mauriciens qui peinent à joindre les deux bouts « à cause de la guerre en Ukraine », élimineraient tous les avantages dont bénéficie son gouvernement. Dont les per diem pour les voyages à l’étranger, les allocations téléphones et autres, lui-même et ses ministres payant désormais tout cela comme vous et moi. Et c’est certain que si de telles décisions étaient prises, le niveau de popularité du gouvernement monterait en flèche. Et les membres du gouvernement seraient plus proches de la population. Vu qu’ils se côtoient tous les jours dans le métro.
Ce monde parallèle existe. En Angleterre par exemple, on peut voir l’ancien Premier ministre James Cameron prendre le métro, alors que Christiane Taubira, ancienne Garde des Sceaux en France, venait à son bureau à bicyclette. Dans ces deux pays, les membres de leurs gouvernements savent garder les pieds sur terre, et on pouvait même voir un Boris Johnson, alors Premier ministre, sortir de chez lui tout débraillé de la tête aux pieds, et venir partager du thé avec des journalistes.
Ici, le système est tel qu’il a permis de nourrir des hommes et des femmes, dont beaucoup ont gardé leur air hautain, même quand ils n’étaient plus ministres ou présidents ! Nous ne pouvons donc croire que même si le projet métro serait « important » et « nécessaire » pour le pays et sa population, le gouvernement ne l’utilise pas. Sauf pour l’inauguration locale, et quand Narendra Modi viendra en décembre. Pourtant, l’exemple venant d’en haut, les membres du gouvernement aurait dû être les premiers à voyager par le tram. Mais que ce soit au passé ou au présent, et même au futur, jamais on n’a vu un Premier ministre ou un ministre, et aussi des membres de l’opposition, voyager par le bus. On ne voit pas les « puissants » se mêler aux « faibles ».Alors, le métro, n’y pensez même pas ! Et certains s’étonnent ensuite d’être méprisés et haïs de leur vivant. Alors qu’ils ont tout fait pour ériger une barrière entre eux et ceux qui ont voté pour eux !
