L’entrée en opération du National Wholesale Market, il y a quelques semaines, constitue certes une avancée pour le commerce des légumes mais il suscite déjà des grincements de dents. La grogne enregistrée ces jours-ci est le fait des maraîchers de Quatre Bornes et de Port-Louis qui reprochent aux encanteurs de ne pas jouer le jeu en leur proposant des prix qu’ils qualifient d’exorbitants. Résultat, disent-ils, ce sont les consommateurs qui vont casquer ce dont se défend l’association des encanteurs.
Déjà font remarquer les maraîchers le fait que le Wholesale Market se trouve à Wooton les obligent à utiliser un camion pour transporter leurs légumes jusqu’à leur lieu de travail. Un coût additionnel qu’ils sont contraints de passer aux consommateurs. Si de surcroît les encanteurs pratiquent des prix exorbitants, ils finiront par travailler à perte, disent-ils, puisqu’ils ne pourront mettre une marge de profit raisonnable à la vente. Ils citent en exemple le lalo qui se vend à Rs 170 le demi-kilo. A ce prix peu de gens refusent d’acheter ce légume pourtant très prisé des Mauriciens.
Achat de camions duty-free
La Market Traders Association, qui regroupe les maraîchers du Marché Central, tient le même langage. Son président Issoop Soobadar explique que la question de transport par camion ne se posait pas auparavant car la vente à l’encan se faisait non loin du marché. Désormais, les membres de cette association doivent, non seulement assumer le coût du transport par camion, mais payer également des porteurs qui réclament Rs 60 pour chaque caisse de pomme d’amour qu’ils portent à même leurs épaules jusqu’aux étals. Issoop Soobadar fait un plaidoyer pour que le gouvernement accorde des facilités duty free aux maraîchers pour l’achat d’un camion.
L’Association des encanteurs se défend d’exploiter la situation à son profit. Sa présidente soutient que c’est la loi de l’offre et de la demande qui détermine les prix des légumes car lorsqu’un légume n’est pas en abondance et que les marchands ne s’y intéressent pas c’est normal que le prix augmente. Le contraire aussi est vrai car cela joue dans les deux sens.
Quoi qu’il en soit les maraîchers reconnaissent que la création du National Wholesale Market représente une avancée car la vente de légumes se fait dans de bien meilleures conditions. De plus, les responsables de ce marché de gros seront appelés à tenir compte de la traçabilité des légumes et de leur teneur en fertilisants et autres produits chimiques. Pour certains maraîchers, il faudra attendre encore deux ou trois mois, le temps que le marché de gros trouve ses marques pour qu’on puisse évaluer son efficacité et s’assurer que chacun joue son rôle comme il se doit.