Selon la presse, les candidats battus du MSM auraient repoussé une offre de démission de Pravind Jugnauth du MSM, ce dernier ayant assumé à lui-seul la cinglante défaite de l’Alliance Lepep aux récentes législatives. Est-ce que le seul retrait de la famille Jugnauth suffira-t-il au MSM de se refaire une sante face a la formidable alliance menée par le quatuor Ramgoolam/Bérenger/Subron/Duval ? Rien n’est moins sûr ! Il convient de faire ressortir que le PTr et le MMM sont tous deux engagés dans une transition de leadership, le Dr Navin Ramgoolam ayant potentiellement deux successeurs avec Ritish Ramful et Dhaneshwar Damry, alors qu’au sein du MMM, le leadership pourrait échoir à un triumvirat Joanna Bérenger/Shakeel Mohamed. Mais, le leader du MMM, Paul Bérenger reste encore prudent quant à l’officialisation d’une seule personne a la direction de son parti. Le PTr n’a pas de telle prudence à observer, la direction devant revenir à l’une des deux personnalités citées plus haut avec l’indispensable bénédiction du Dr Ramgoolam dont la légitimité retrouvée de fort belle manière lui confère le droit d’indiquer le meilleur profil pour lui succéder à la tête du Labour.
‘Moustass Leaks’
La situation au sein du MSM qui vient d’assister au départ du PMSD de l’Alliance Lepep se révèle, elle, autrement plus compliquée, voire désespérante. Cela étant dit, à Maurice, il faut se garder d’enterrer trop hâtivement certains hommes politiques, le retour triomphal du Dr Ramgoolam le démontre, même si le gros coup de main de ‘Moustass Leaks’ aura été déterminant ! Le Dr Ramgoolam, ayant reconnu ses erreurs du passé, n’est pas homme à se complaire dans la nostalgie tout comme Paul Bérenger, les deux ayant pris la mesure des défis économiques qui s’imposent au pays. Au MSM, le poids de la famille Jugnauth est tel qu’il ne favorise guère l’émergence d’un leader autre que celui issu de cette famille. Faut-il rappeler que le Sun Trust est un fond composé uniquement de la famille Jugnauth et qu’une première tentative de permettre sa gestion par d’autres politiciens du MSM, à savoir le Dr Ramjuttun, Ajay Daby et Vishnu Lutmeenaraidoo avait valu à ces derniers l’expulsion du MSM au début des années ? A ce jour, si Sun Trust reste un véritable trésor de guerre qui permet au MSM d’envisager sereinement la vie hors du Parlement, la question se pose quant au maintien de la haute main de la famille Jugnauth sur le MSM. Comme l’ont révélé les ‘Moustass leaks’, il existait un pouvoir quasi-parallèle hors de l’Hôtel du Gouvernement exercé par Mme Kobita Jugnauth, elle-même véritable pièce maitresse au sein de ‘La-kwisinn’. On peut imaginer l’étendu qu’aurait pris ce ‘pouvoir’ si l’alliance conduite par Pravind Jugnauth avait remporté les élections du 10 novembre dernier.
Mainmise de la famille Jugnauth
Comment dans une telle configuration où tous les tenants et aboutissants sont entre les mains d’une famille le MSM pourrait renaitre de ses cendres ? La direction du MSM doit se révéler lucide dans son analyse de sa cuisante défaite et admettre que la mainmise de la famille Jugnauth sur le destin de ce parti le conduit tout droit vers sa disparition ou un sabordement. Attendre que le nouveau gouvernement fasse des faux-pas n’est pas une option car la composition très équilibrée du nouveau cabinet est une indication claire que le mot d’ordre est « meaning business », où aucun compromis n’est possible sur la bonne gouvernance, la transparence des affaires publiques et une saine gestion de notre économie. Tout le monde au sein du nouveau gouvernement a assisté à la décadence et putréfaction du gouvernement sortant, à ses petites et grandes affaires politico-financières qui ont servi amis et parents.
Boulet de canon
Force est de constater qu’il n’existe aucune petite étincelle qui permet à la direction du MSM de croire à une reconquête du pouvoir car le mal fait aux institutions publiques de Maurice risque de leur demeurer comme un boulet de canon. Et ce parti tel qu’il est composé – depuis les années 80 déjà – n’offre aucun espoir à celles/ceux qui attendent une refondation de l’intérieur. Il faudra encore réécouter les ‘leaks’ révélant le pouvoir parallèle exercé par Mme Kobita Jugnauth pour prendre la mesure de son influence sur toutes les institutions publiques et parapubliques de l’ile Maurice. Aucun pays qui aspire à démocratiser ses institutions, à promouvoir les chances égales pour toutes ses communautés ou, encore et surtout à se montrer exemplaire au monde en termes de ‘business’ ne peut admettre de telles pratiques. Le drame, c’est que peu de Mauricien-ne-s sont prêt-e-s à croire que la famille Jugnauth commencerait une autocritique jusqu’à exclure certain-e-s de ses membres du MSM sans s’exposer à une tragédie familiale interne. Cette ‘putrefaction’ politique qui a rongé de l’intérieur le MSM a été trop longtemps tolérée par Pravind Jugnauth lui-même, le rendant complice d’un système qui a fini par dévoyer l’ensemble des fonctionnements de l’État. Comment, au vu de cet état de choses – dont la presse rend désormais compte et en détail au quotidien -, le MSM pourra relever la tête avec cette même direction qui l’a conduit aux abimes un 11 novembre 2024 !