April 19, 2024
Hennessy Court 3rd floor Sir John Pope Hennessy street Port-Louis
News

Plastique toxique : Le GM s’engage à travailler pour une ‘pollution-free planet’

Près de 500 millions de tonnes de plastiques fabriquées dans le monde, générant 353 millions de tonnes de déchets, dont 22% sont abandonnées ou brulées dans des décharges sauvages… Face à ce constat alarmant, l’assemblée pour l’environnement de l’ONU (ANUE), représentant la plus haute instance internationale sur ce thème, a adopté le mercredi 2 mars une motion créant un « comité intergouvernemental de négociation » chargé d›élaborer un texte à l’horizon 2024. L’assemblée s’est tenue à Nairobi au Kenya sur le thème «Strengthening actions for nature to achieve the Sustainable Development Goals».

175 pays membres des Nations unies, y compris Maurice, se sont accordés à négocier le premier traité mondial approfondi pour lutter contre la pollution plastique. Cette pollution qui met en danger les océans, menace la vie humaine et animale, défigure les paysages est devenue une vraie menace pour l’environnement. Selon les prévisions, la quantité de déchets plastiques qui se déversent dans les océans devrait tripler d’ici 2040.

Le traité devrait s’attaquer au cœur du problème en exigeant des nations qu’elles s’engagent à nettoyer leurs déchets plastiques. Il sera aussi juridiquement contraignant et aura ainsi plus de poids que l’accord de Paris qui demande que les nations s’engagent volontairement à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Ainsi, cette initiative est considérée comme l’accord environnemental le plus important depuis l’accord de Paris, signé en 2015.

Les grandes lignes du traité

A Nairobi, les négociateurs ont dû définir ce que signifiait le cycle de vie du plastique. Le traité pourrait se focaliser sur le moment où le plastique est considéré comme un déchet. Dans ce cas, les solutions devraient s’articuler autour de la diffusion des programmes de réutilisation, de recyclage et d’une gestion des déchets mieux financée. Autrement, le cycle de vie du plastique est peut-être plus long. Cela signifierait que le traité devrait aborder l’ensemble des étapes, de la production de plastique vierge à la conception des emballages, en passant par la distribution pour terminer par son élimination après usage.

L’industrie s’est focalisée sur la gestion des déchets mais les négociateurs ont préféré opter pour la définition plus élargie. Ainsi, s’attaquer au problème sous des angles différents offrira davantage de possibilités d’intervention. Cela permettrait de réduire la quantité d’emballages qui deviennent des déchets ou même les supprimer.

Actuellement, les organisations estiment que huit millions de tonnes de plastique sont rejetées dans les mers chaque année, qui se déversent ensuite dans les océans. Les règlementations d’une nation n’empêchent pas les déchets d’une autre d’atteindre ses rivages. L’interdiction des sacs en plastique dans un pays n’empêche pas son voisin d’en faire de la contrebande pour en tirer un joli profit.

Ajouter à cela, les déchets plastiques sont au cœur du commerce international. Il est donc nécessaire de mettre en place des accords internationaux. Plus important encore : aucune norme ou politique uniforme et mondiale n’existe actuellement pour encadrer l’industrie. Le plastique biodégradable est défini différemment selon le fabricant. Il faut savoir que tout le plastique ne peut pas être recyclé, soit en raison de la façon dont il est fabriqué, soit parce qu’il est trop coûteux ou difficile à recycler. La pollution inclut celle terrestre et marine, et aussi bien les plastiques que les micro plastiques, causées par leur utilisation ou la dégradation des déchets de ces produits fabriqués à partir d’hydrocarbures fossiles et responsables selon l’OCDE de près de 3,5% des émissions de gaz à effet de serre responsables du réchauffement climatique.

Aujourd’hui, 40% du plastique fabriqué est destiné aux emballages. Ils sont la plupart du temps jetés quelques minutes après leur ouverture. Dans le monde, à peine 9% du plastique est recyclé. Les déchets et la production sont tous deux en hausse. De 1950 à 2020, la production de plastique, matière issue des énergies fossiles, a augmenté de 2 millions de tonnes à plus de 500 millions de tonnes par an. Il est estimé que la production atteigne 1 milliard de tonnes d’ici 2050.

Le traité devrait donc inclure tous ses aspects tout en abrogeant un aspect juridique qui pousserait les États à prendre des actions concrètes en passant des lois et ne se confirmer à des discours. Des pressions seront exercées pour aider les pays du Sud à faire face aux problèmes de plastique créés dans le Nord.

Objectifs des Nations unies d’ici 2040

Réduire le volume de plastique

Rejeté dans les océans de 40%

Réduire la production de plastique de 55%

Permettre aux gouvernements d’économiser US 70 milliards

Réduire les émissions de gaz à effet de serre de 25%

Créer plus de 700,000 emplois à travers le monde

Et Maurice dans tout cela ?

En 2018, le pays a produit quelque 76,000 tonnes de déchets provenant du plastique dont 14% est irrécupérable. 2,000 à 3,000 tonnes de produits en plastique sont recyclées chaque année. 128 millions de bouteilles sont commercialisées par les compagnies et 40% de ce chiffre est recyclé par an. En 2020, le ministre Ramano a présenté deux nouvelles lois pour lutter contre lutter contre la pollution du plastique dont l’«Environment Protection Control of Single Use Plastic Products Regulations 2020» et l’«Environment Protection Banning of Plastic Bags Regulations 2020». Ainsi, depuis le 15 janvier 2021, il est interdit de fabriquer, distribuer, vendre, importer, utiliser ou être en possession des produits en plastique à usage unique listés ci-dessous :

Couverts ; cuillères, fourchettes et couteaux

‘Chopsticks’

Assiettes

Bols

Pailles

Conteneurs avec un couvercle en plastique

Take-aways

Gobelets

Plateaux

Touillettes (ustensiles utilisés pour mélanger les boissons)

La stratégie du gouvernement

Le gouvernement, en 2020, dans sa politique de lutte contre la pollution du plastique a mis en place en plan d’action échelonné jusqu’en 2024. Les mesures principales sont : renforcer les cadres réglementaires et institutionnels pour le contrôle du plastique et promouvoir des alternatives ; promouvoir la réutilisation et le recyclage dans le secteur ; encourager les campagnes de sensibilisation et les activités de nettoyage à travers l’île ; soutenir la recherche sur les impacts du produit et trouver des solutions pour le développement durable.

Les autorités ont ainsi soumis des propositions aux grandes compagnies ou encore les hôtels afin de trouver des alternatives aux sacs en plastiques, bouteilles et autres équipements. Les conditions rattachées pour l’obtention d’un Environment Impact Assessment (EIA) licence ont aussi été revues. Le gouvernement a pour objectif d’éliminer le plastique à usage unique en 2030.

Le ministre Ramano : « Une nouvelle loi en élaboration »

Le ministre de l’Environnement, Kavy Ramano, a fait personnellement le déplacement à Nairobi pour assister à cette 5e assemblée pour l’environnement de l’ONU. Une occasion, dit-il, de réaffirmer l’engagement du gouvernement mauricien de travailler vers une ‘pollution-free planet’.

Il est revenu sur les stratégies que Maurice compte mettre en place afin de combattre les fléaux qui touchent l’environnement. « « Face aux défis auxquels le monde fait face, nous n’avons d’autre choix que de nous réinventer, réfléchir à nouveau en termes de développement durable. Ainsi, le gouvernement mauricien a pris l’engagement de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 40% d’ici 2030. »

Il a ajouté qu’une nouvelle loi est en cours d’élaboration afin de revoir l’approche du pays en matière de protection de l’environnement, la gérance des projets de développement durable tout en prenant en compte les zones sensibles et les côtes. « Nous allons venir de l’avant avec une nouvelle loi sur le changement climatique. Maurice est l’un des premiers pays de la région à faire passer ce genre de loi pour la protection de l’Environnement. Le gouvernement travaille aussi sur un plan pour les prochains dix ans et compte apporter des changements dans la politique, les stratégies et initiatives concernant la protection de la nature. Maurice a comme objectif de devenir une économie circulaire. We need to change.»

Le ministre de l’Environnement met aussi en avant le fait que Maurice, en tant que petit État insulaire, est grandement affecté par le changement climatique. Dans cette lutte pour protéger la nature, notamment l’océan, duquel Maurice est tributaire pour son développement économique, le gouvernement compte venir de l’avant avec de nouveaux projets pour combattre l’érosion qui affecte nos plages. « Nos lagons se retrouvent en danger face au changement climatique qui se fait de plus en plus ressentir. Ajouté à cela, il y a le niveau de la mer qui augmente rapidement et le blanchissement des coraux, il donc est de notre devoir de trouver des solutions pour protéger la nature. Car il ne faut pas oublier que le tourisme représente une bonne partie de notre PIB et demeure importante pour l’économie du pays. »

Leave a Reply

Your email address will not be published.