Les choses repartent du côté de l’opposition après l’échec prévisible d’un regroupement qui ressemblait fort à un panier de crabes. Cette fois ce sont les partis représentés au Parlement qui ont décidé d’unir leurs forces non seulement pour obtenir à terme le départ de Pravind Jugnauth et de son gouvernement, comme ils le réclament depuis des mois, mais de présenter une liste commune de candidats aux prochaines élections municipales dont on ne sait cependant pas quand elles auront lieu.
Bhadain ‘out’
Il aura fallu une rencontre entre Navin Ramgoolam, Paul Bérenger et Xavier-Luc Duval pour arriver à un tel résultat qui, sur le papier peut paraître attrayant, pour leurs partisans. Ce résultat appelle plusieurs observations. Tout d’abord Roshi Bhadain (qui ne siège pas au Parlement) et son Reform Party se retrouvent exclus alors que Nando Bodha et son Rassemblement Mauricien, de création récente, est pris «on board» pour reprendre une expression chère à Bérenger. Rien d’étonnant à cela, car comme nous l’écrivions la semaine dernière, Roshi Bhadain avec ses précédentes prises de position concernant ceux qu’il a qualifiés de « dinosaures politiques » et surtout son assemblée de délégués qui l’a choisi comme candidat au poste de Premier ministre en cas d’élections générales, a fini par irriter tout le monde.
Le camouflet que reçoit Roshi Bhadain ne devrait surprendre personne, car comme nous l’avons déjà écrit, le leader du Reform Party est comparable à la grenouille de la fable de La Fontaine qui voulait se faire aussi gros que le bœuf en pensant pouvoir rivaliser avec les leaders des partis traditionnels qui occupent le terrain politique depuis plus d’un quart de siècle. Il doit certainement se mordre les doigts et sera désormais appelé à faire preuve de plus d’humilité. Quoi qu’il en soit, ses chances d’être repêché sont très minces, car outre Bérenger qui n’a pas caché publiquement son mécontentement à l’égard de Bhadain, le Parti Travailliste lui tient toujours rigueur pour son rôle de premier plan dans l’affaire Dufry qui a contribué à terrasser Navin Ramgoolam au lendemain des élections de 2014.
Bérenger en homme fort
Quant à Nando Bodha, il dispose aux yeux de Bérenger d’un atout non-négligeable celui de répondre à un des critères importants de la realpolitik mauricienne. Ce qui, soit dit en passant, n’est pas pour plaire à Navin Ramgoolam qui répond au même critère et qui de surcroît a été critiqué par le leader du Mouvement Démocratique dans un passé pas très lointain.
Au-delà de ces arrangements politiques entre ennemis d’hier et amis d’aujourd’hui, ce qu’il faut sans doute retenir c’est que c’est Paul Bérenger qui semble prendre la main dans le jeu politique qui se déroule sous nos yeux. Il n’a d’ailleurs pas caché qu’il a des propositions à faire à ces deux interlocuteurs du PTr et du PMSD. Le vieux briscard, qui compte plus de cinquante ans de carrière politique, est conscient qu’il livrera sans doute sa dernière bataille électorale lors des prochaines législatives et veut mettre toutes les chances de son côté tant en termes de conditions d’alliance que pour l’avenir de son parti avant qu’il ne se retire et passe la main à sa fille. Quoi qu’il en soit les élections municipales, si elles arrivent avant les législatives, seront cruciales pour cette nouvelle alliance appelée à remplacer l’Entente de l’Espoir aujourd’hui moribonde.
