Stanley Harmon lance une bande dessinée sur le marronnage, ce jeudi, au Centre Nelson Mandela pour la culture africaine et créole. Intitulé « Goulous-letan margoz », il narre l’histoire de ceux qui se sont révoltés contre le système oppressif de la servitude.
La présentation de ce livre s’inscrit dans le contexte de la commémoration du 189è anniversaire de l’abolition de l’esclavage. Et le Centre Mandela, qui parraine la sortie de l’ouvrage, sous l’égide du ministère de la Culture, abritera aussi une exposition qui mettra en exergue l’iconographie de l’esclavage, à Lespas Lar.
Stanley Harmon est un habitué de l’univers de la bande dessinée. Puisqu’il avait déjà en 2004 édité, dans « Zistoir Ze ek Melia », les aventures de Ze et Melia, deux personnages qui évoluaient déjà à l’époque de l’esclavage. Un sujet qui l’inspire visiblement, et qui lui donne l’occasion de publier deux ouvrages pour expliciter cette période de notre histoire.
Comme il est décliné dans la vidéo de présentation, »nou destin se travay. Anba zot fwet nou ki peye. »Le ton est donné, pour un travail de conscientisation. Celui qui avait déjà travaillé sur des publications, en collectif, notamment pour des ouvrages sur Malcolm de Chazal et Mère Théresa, voit son nouveau livre « devenir l’occasion de mieux expliquer ma démarche artistique. D’ailleurs, je suis en pourparlers avec le Centre Nelson Mandela, par rapport au prix de vente du livre. Au Japon et en Belgique par exemple, le manga et la bande dessinée sont des moyens de promouvoir la langue maternelle de ces pays. Je veux faire la même chose ici. Et pour toucher un large public je pense à un prix idéal de Rs 100.Mais ce n’est qu’un vœu. Il faudra attendre le retour des responsables du Centre pour connaître le prix de vente.Je pense à la bande dessinée « Paul et Virginie », publiée par Shenaz Patel. Le prix n’était pas accessible à tous.Moi, je souhaite toucher tout le monde. »
Stanley a collaboré avec la chercheuse Cynthia Perne-Antoine, qui a travaillé « sur les expressions des personnages. Il fallait savoir comment parlaient le colon et l’esclave. Il sera question d’onomatopées, comme pour une langue directe. Qui vise à la re-création d’une conversation. » L’auteur ne laisse rien au hasard, ayant même cherché comment s’habillaient les soldats à l’époque. Et pour garder un ton intime, il a fait appel aux souvenirs de sa mère, d’origine Agaléenne. »En l’écoutant parler de la vie sur cette île, je me suis rendu compte de la mesquinerie dont elle fut victime. Car ce que faisait l’administrateur s’apparentait aussi à une sorte d’esclavage. Comme s’il n’avait jamais été aboli sur Agaléga. »
La quête d’une petite fille marronne, en route vers la montagne du Morne, sera donc dans « Goulous-letan margoz ».Stanley Harmon a retranscrit ses aventures, dans un langage qui ressuscite les personnages de Madame Françoise, Diamamouv et Madame La Victoire. Des noms à jamais inscrits dans la mémoire des descendants d’esclaves. Rendez-vous au centre Nelson Mandela pour la culture africaine et créole, ce jeudi,à 17h30,pour la présentation de cet ouvrage. Au caractère pédagogique évident !
Sedley Assonne