Pour bénéfique qu’il puisse être pour la santé démocratique du pays, le regroupement des forces d’opposition extra parlementaires n’en pose pas moins un certain nombre de problèmes. Tout d’abord au niveau du nombre de partenaires souhaitant former une nouvelle alliance. A force de vouloir ratisser large afin de prendre tout le monde «on board», pour reprendre un terme cher à Paul Bérenger, cette alliance en gestation finira par ressembler à un panier à crabes tant les intérêts et les aspirations des uns et des autres sont disparates. Leur seul point commun c’est leur désir de voir partir Parvind Jugnauth et son gouvernement. Ce qui est également le cas de l’alliance PTr-MMM-PMSD et où existe quand même un semblant de cohésion.
Faisons le décompte. Linion Pep Morisien de Rama Valayden, Dev Sunnassy et José Moirt, le Rassemblement Mauricien de Nando Bodha, le Reform Party de Roshi Bhadain, Rezistans et Alternative d’Ashok Subron, One Moris de Sherry Singh, En Avant Moris de Partick Belcourt, Idéal Démocrate de Géraldine Hennequin et Les Verts Fraternels de Sylvio Michel, soit neuf formations politiques et organisations citoyennes aspirant à former une troisième force politique. Avouez que ça fait un peu beaucoup, comme dirait l’autre.
Des kamikazes politiques
Comment trouver une certaine cohésion quand on est une dizaine de partenaires ? Comment faire cohabiter toutes ces formations et tous ces dirigeants de partis sans froisser les susceptibilités des uns et des autres. Il importe de préciser que certaines de ces organisations n’ont aucune structure et que c’est l’affaire d’une seule personne qui est à la fois, le leader, le président et le secrétaire général. Dire qu’on reproche aux leaders des partis mainstream d’agir comme s’ils étaient les propriétaires de leurs partis. Pas étonnant que certaines voix s’élèvent déjà au sein de ce regroupement pour exprimer les craintes d’une situation ingérable à long terme. S’il est vrai que l’union fait la force elle peut aussi être source d’incompatibilité quand cette union est composée d’éléments ayant une vision des choses et une approche différentes. Sans compter l’ego surdimensionné de certains. Il y a au sein de ce regroupement des forces extra parlementaires, de véritables kamikazes politiques
Si la plupart de ceux qui souhaitent former une troisième force politique disent ne vouloir ni de Pravind ni de Navin encore faut-il qu’ils puissent s’entendre entre eux pour barrer la route aux deux à la fois. Ce qui ne sera pas une mince affaire. Le système politique de «first past the post» l’a prouvé plus d’une fois celui qui recueille le plus de suffrages aux élections remporte la mise et laisse le perdant dans une situation de sous représentativité en termes de sièges à l’Assemblée nationale. La division des voix au sein de l’opposition ne peut que jouer en faveur de Pravind Jugnauth et du Mouvement Socialiste Militant qui dispose, en sus d’une base électorale, d’une puissante machine de guerre et d’énormes moyens financiers à nul autre pareil. L’alliance PTr-MMM-PMSD sait qu’elle peut compter, elle aussi, sur une base électorale qui lui est restée fidèle quand les trois partis étaient au creux de la vague. Elle compte exploiter le sentiment anti-gouvernement des flottants pour faire la nique au MSM. Dans ces conditions, on peut s’interroger sur les chances de ce regroupement de forces extra parlementaires de remporter une majorité de sièges qui lui permettront de