Un opérateur du secteur tourisme avait fustigé la gestion du ministère concerné, et pointé du doigt Steve Obeegadoo. Questionnant même le chiffre de deux millions de touristes qui viendraient visiter notre île. Cet opérateur connaît la maison, et on peut lui accorder le bénéfice du doute quant à ses motivations.
Mais le fait est qu’il est temps de repenser le tourisme, tel qu’il fut imaginé dans les années post-indépendance. La destination Maurice fut très prisée par l’Europe, et plus particulièrement la France, du fait que Gaëtan Duval avait un carnet d’amis qui ont contribué à vendre notre île. Avant les foires et les salons, c’étaient Carlos, Brigitte Bardot, Stéphanie de Monaco et Johnny Halliday qui assuraient notre promotion.
Cela a marché jusque dans les années 80.Et tant que les vedettes précitées étaient encore de ce monde. Mais, pour ne prendre que l’exemple de Bardot, qui devait abandonner le cinéma pour la sauvegarde des animaux, dès que ces stars n’étaient plus médiatisées, personne ne parlait plus alors de notre pays. D’autant plus que « Joe » aussi s’en était allé faire semblant de dormir au cimetière de Saint-Jean.
Après lui, le déluge ? Pas nécessairement, mais il n’est pas faux de dire que l’après Sir Gaëtan Duval n’a jamais vraiment été pris en compte, par tous les ministres du Tourisme qui lui ont succédé. Et même quand son fils Xavier-Luc est arrivé au même ministère, il n’a pu répliquer ce que faisait le paternel. Car, si Sir Seewoosagur Ramgoolam laissait le champ libre à Gaëtan, tel ne fut pas le cas pour son fils, obligé de composer avec Navin Ramgoolam et Sir Anerood Jugnauth, les deux Premiers ministres n’étant pas toujours partisan de la méthode Duval, même si le Premier avait aussi connu le père.
Ce qui fait que de José Arunasalom à Nando Bodha, en passant par Xavier-Duval et Steve Obeegadoo, le dossier Tourisme n’a jamais avancé dans la continuité. Et même si notre principal marché restait la France, on n’a pas su diversifier, pour des raisons politiques, religieuses ou autres.
On peut prendre l’exemple de l’ambassadeur Showkatally Soodhun, qui fait vraiment le strict minimum dans la région du Moyen Orient. Il pense sûrement qu’il ne faut pas une ouverture vers les clubs de football du Qatar, de l’Arabie Saoudite,d’Iran, et autres Bahrein, Emirats Arabes Unis, entre autres, restant « actif » uniquement sur le front religieux. Puisqu’on pense donc qu’il faut payer un ambassadeur dans cette région uniquement pour s’occuper des visas pour la Mecque, alors que les pays Arabes offrent aujourd’hui de multiples possibilités, sur le plan sportif notamment.
De championnat anonyme, le football de cette région est aujourd’hui diffusé en Europe, et les observateurs président que ce football deviendra encore meilleur, surtout avec un ambassadeur commme Cristiano Ronaldo. Alors, notre ambassadeur nek gete, pa fer narien mem ? Regardez ce qui s’est passé quand Ronaldo est allé jouer en Iran. Il y a eu une hystérie collective, parce que ce footballeur, comme Gaëtan Duval l’avait deviné pour Bardot, Carlos, Halliday et la princesse de Monaco, a une valeur globale, et est en lui-même un véritable encart publicitaire !
Cela n’est donc jamais par la tête de Showkatally Soodhun de parler avec un des Sheiks Arabes qu’il côtoie, dans ses fonctions d’ambassadeur, et de penser à leur dire d’inviter Ronaldo à Maurice ? Et par la même occasion d’évoquer des échanges au niveau football pour nos footballeurs, les clubs de la région misant gros sur les joueurs ? Et est-ce que le ministre du Tourisme lui-même a suggéré à Soodhun de penser à approcher Ronaldo ? Soodhun est déjà dans la place. Et il connaît les responsables de ces pays. Vous imaginez Ronaldo débarquant ici, et qu’il dise un seul mot sur notre pays ?
En fait, n’est pas Gaëtan Duval qui veut. Mais quand même, n’est-ce pas évident pour ceux concernés par l’avenir du tourisme Mauricien qu’il faut utiliser les bonnes vieilles méthodes qui ont marché auparavant, et qui peuvent toujours servir de nos jours ? Je parle de la région du monde Arabe, mais même en Europe, il n’y pas vraiment eu d’ouverture vers l’Europe de l’Est. Et au moment où l’Occident boycotte la Russie et ses alliés, on aurait pu penser à une campagne vers ces pays, et inviter les touristes Russes et autres à venir chez nous.
Mais voilà, parce que nos gouvernements se sont toujours postés du côté occidental du monde, nos ministres du tourisme, et les fonctionnaires de ce ministère, ont sûrement peur de proposer de nouvelles ouvertures pour notre destination. Nous sommes aux côtés des Américains, mais on peut les compter sur les doigts d’une main ceux qui viennent de ce pays vers nous.
Notre tourisme ne peut plus rester figé sur un seul bloc. Le monde change, et est devenu un village global. Il est temps de voir qui sont nos voisins, et s’ils veulent passer du bon temps dans nos hôtels et sur nos plages. Cessons de voir le monde que par le prisme religieux et politique. Nous avons besoin de touristes pour faire marcher ce secteur, cette industrie. Osons repenser notre tourisme. Et s’il faut secouer Soodhun, ou mettre quelqu’un d’autre à sa place, pensons-y. Mais osons aller vers les nouveaux marchés. Vers ces pays qui ont non seulement des Sheiks, mais aussi des chèques qui peuvent aider notre économie ! Gaëtan Duval l’avait compris très tôt, quand il prospecta l’Arabie Saoudite en y envoyant travailler des Mauriciens. Y-a-t-il un médium qui peut entrer en contact avec lui, pour demander la recette de la réussite touristique à celui qui fait semblant de dormir ?
Sedley Assonne