En marge du budget 2023-2024
Il est de coutume, à la veille de la présentation du budget, d’effectuer un relevé des projets qui ont été annoncés pour le prochain exercice financier mais qui n’ont pas été mis en œuvre pour diverses raisons. Cela a été également le cas pour l’année financière 2022-2023 qui prend fin le 30 juin prochain. Au moins six projets de grande ampleur, et nécessitant de lourds investissements, n’ont pas été réalisés et n’ont même pas été mis en chantier alors que l’année financière tire à sa fin. C’est sans doute pour éviter des critiques pour ces promesses non-tenues que le gouvernement annonce la création d’une plateforme numérique qui surveillera l’avancement des projets à compter de la prochaine année financière.
Il convient de préciser que le budget est un puissant outil économique et que sa présentation, qui est en quelque sorte la grand’messe du ministre des Finances, comporte une dimension psychologique vu que les mesures annoncées jouent sur le moral de la nation dans le sens qu’ils aident à créer ce que d’aucuns appellent un «feel good factor» au sein de la population. Certains projets sont donc annoncés tout simplement pour faire un effet d’annonce alors que d’autres sont annoncés comme s’ils étaient réalisables durant l’exercice financier à venir alors que leur réalisation s’étendra sur plus d’une année compte tenu de leur ampleur.
Parmi les projets annoncés pour l’exercice financier 2022-2023 et qui n’ont pas vu le jour on compte la création d’un Techonological Park à Côte D’Or qui devait accueillir des entreprises étrangères engagées dans la recherche ainsi que des laboratoires et des compagnies indiennes pour la production de médicaments et de vaccins. L’Education Hub, qui devait être créé dans la même région, n’a pas vu le jour non plus. Le projet de création d’une Financial Crime Commission, qui devait chapeauter plusieurs organismes de lutte contre les crimes à col blanc, dont la Financial Services Commission, est restée lettre morte.
Le Rivière des Anguilles Dam, qui fait son apparition chaque présentation de budget, attend toujours de voir le jour alors que la construction de 12 000 logements sociaux d’ici à 2024, annoncée en grande pompe par le ministre des Finances, a été ramenée à une taille plus réaliste avec 8 000 maisons dont les contrats font déjà l’objet d’une polémique. Il en va de même pour la construction de drains au coût de Rs 11,7 milliards, qui se font toujours attendre, alors que plusieurs régions du pays ont été inondées lors des dernières grosses pluies.
Pour parer aux critiques qui ne manqueront pas de pleuvoir lors des débats sur le budget 2023-2024, que présentera Renganaden Padayachy cet après-midi, on nous annonce la mise en place d’une «Digital Office», soit une plateforme numérique qui permettra de superviser les travaux menés par divers ministères et départements du gouvernement. Cette plateforme digitale est en voie de finalisation et devrait être opérationnelle après la présentation du budget 2023-2024. Selon les concepteurs de cette plateforme, le Digital Office permettra au bureau du Premier ministre de suivre en temps réel l’avancement des projets. Un tel exercice de contrôle, dit-on, aura également l’avantage de rendre la fonction publique plus efficiente et les hauts cadres des ministères plus comptables car ils pourraient faire l’objet de sanctions en cas de lenteur injustifiable.