March 29, 2024
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Opinion

« Wife-beating society »

C’est en 1972 que Vidya Prasad Naipaul, alors simple « travel writer » en voyage à l’île Maurice, livre son constat accablant sur notre pays, qu’il qualifie de « Mauritius is a conservative, wife-beating society ».Cinquante ans plus tard, le statut de la femme au sein de la société mauricienne a plus qu’empiré. Coup sur coup, deux femmes ont été agressées, l’une ne devant son salut qu’aux passants qui s’en sont pris à son agresseur au centre commercial Mahogany, dans le Nord, et l’autre finissant brûlée dans la voiture de son bourreau, dans un champ de cannes à Saint Julien, dans l’Est du pays.

Les images de la vidéo sont insoutenables. A son regard paniqué, Sanjana Khoodeeram comprend déjà qu’elle ne sortira pas vivante du véhicule de Tayrish Buldy, de qui elle vivait séparé. Comme déjà écrit dans le scénario de notre société machiste, elle avait bénéficié d’un « Protection Order », un misnommer car cette couillonnade n’a jamais protégé aucune femme ici !, mais le type la terrorisait toujours. Et comme d’autres avant elle, elle a fini brûlée.

Je n’ai pas entendu Sanjana Kalpana Koonjoo-Shah,la ministre des « droits » de la femme s’exprimer sur ces deux cas, mais plus particulièrement sur celle de la victime de l’est, qui porte d’ailleurs le même prénom qu’elle. Elle doit prendre position, et nous dire ce que compte faire CONCRETEMENT son ministère pour que d’autres femmes ne connaissent la même fin que la pauvre Sanjana.

Nous n’avons également pas entendu les responsables d’associations socioculturelles, si occupés à s’occuper de politique plutôt que de se pencher sur les droits d’une femme. Les responsables des « ailes » féminines de tous les partis politiques n’ont également rien dit sur ces deux cas, occupées qu’elles sont à adorer leurs leaders respectifs. Et c’est ainsi que la place de la femme est réduite au rang de « bibelot », de poupée qui doit juste se taire, et accepter tous les coups que l’homme lui donnera.

En fait, si la femme est devenue une moins que rien au sein de notre société, et ce dans toutes les communautés !, c’est parce que l’histoire de ce pays s’est toujours écrite au masculin. Et pour une Anjalay Coopen ou une Madame Françoise, esclave, il n’y a que les milliers de noms d’hommes qui se bousculent pour faire croire qu’ils sont les uniques « bâtisseurs » de ce pays. N’est-ce pas Mahé de Labourdonnais ? Et c’est d’ailleurs le Code d’un autre macho, le sieur Napoléon, qui régit encore l’existence de la femme ici.

Depuis 1968, aucun cadre administratif ne protège d’ailleurs la femme à Maurice. Et le dernier projet de loi voté donne pleins pouvoirs au Premier ministre pour décider d’expulser le compagnon d’une femme, sans qu’il soit obligé de s’expliquer sur sa surréaliste décision. Et seule la brave Lindsey Collen ose contester cela en Cour, parce que 70 parlementaires, en majorité des hommes, en ont décidé ainsi. On verra bien d’ailleurs ce que décideront les Juges quand Tayrish Buldy sera traduit aux Assises. Car, pour nous cet homme mérite la peine de mort. Mais comme les hommes l’ont abolie, il doit finir ses jours en prison, au travers d’une sentence à vie. Car, tout ce qu’il a fait était prémédité. Il n’y a aucune circonstance atténuante, aucune excuse, à son odieux geste !

Et dans tout l’enfer enduré par la femme à Maurice, les religieux ont aussi leur part de responsabilité. A tant vanter le « mariage » comme étant une « institution sacrée », ils ont fini par emprisonner la femme dans un carcan dont elle ne peut plus sortir. Le monde occidental l’a compris en acceptant le concubinage, mais aussi la séparation. Ici, avec soi-disant le divorce par « consentement mutuel », des couples continuent de s’entredéchirer, juste pour qu’avoués et avocats s’enrichissent. Le judiciaire doit aussi faire son mea-culpa, tout comme la police. Ne dit-on pas que quand les agresseurs sont policiers, leurs collègues ne font rien pour faire respecter un Protection Order ? Il y a donc des hommes qui doivent être au-dessus des lois ?

Et dans tout l’enfer enduré par la femme à Maurice, les religieux ont aussi leur part de responsabilité. A tant vanter le « mariage » comme étant une « institution sacrée », ils ont fini par emprisonner la femme dans un carcan dont elle ne peut plus sortir. Le monde occidental l’a compris en acceptant le concubinage, mais aussi la séparation. Ici, avec soi-disant le divorce par « consentement mutuel », des couples continuent de s’entredéchirer, juste pour qu’avoués et avocats s’enrichissent. Le judiciaire doit aussi faire son mea-culpa, tout comme la police. Ne dit-on pas que quand les agresseurs sont policiers, leurs collègues ne font rien pour faire respecter un Protection Order ? Il y a donc des hommes qui doivent être au-dessus des lois ?

Tout cela survient sur fond de « monnaie de singe » accordé à tout couple qui procréerait. Alors que justement c’est aussi l’enfant qui paie le prix lourd quand deux adultes ne peuvent plus s’aimer. Il y a toute une mentalité à revoir. Mais en fin de compte, it’s up to everyone of us. Quand vous sentez que votre couple part à la dérive, laissez le droit à l’autre de vivre sa vie. La vie est un cadeau de Dieu et l’homme ne peut prendre sur lui pour tuer. D’ailleurs, c’est un des paradoxes de cette île : Demandez le rétablissement de la peine de mort pour les criminels, vous vous ferez écharper par ceux qui sont contre. Mais ils n’élèvent jamais la voix quand des femmes sont victimes de violence domestique. Pour eux, seul l’échafaud doit être banni. Pas les multiples bourreaux qui s’en prennent aux femmes sans défense !

Et la solution ? Il faudrait amender les lois, et permettre qu’on puisse divorcer « on the spot », comme à Las Vegas, et ainsi éviter que traînent des litiges conjuguaux qui ne font aucun bien aux couples, et à leurs enfants, toujours les perdants. Bien entendu, les tenants du mariage viendront dire qu’on ne doit pas le banaliser. Mais à moins d’être hypocrite, ou aveugle, il faut accepter que le mariage, tel que le rêvaient ses défenseurs, y compris des religieux qui ne se marieront jamais !,n’est plus cette institution « sacrée ».Si auparavant, il était demandé à la femme de se résigner, et d’accepter un mari volage ou brutal, de nos jours, les femmes ne veulent plus accepter un tel sort. Le même qui était réservé à leurs grand-mères, tantes, cousines, nièces et mères. La femme d’aujourd’hui veut vivre sa vie comme elle veut, et c’est son droit. Il faut cesser de lui ressasser que le « bonheur » se trouve dans le mariage, aux côtés d’un type dont elle découvrira la face cachée APRES le mariage. Il y a eu nombre de mariage arrangés qui ont marché. Mais ce n’est jamais une recette pour obliger une femme à pratiquer la même chose !

C’est quand la femme mauricienne aura le droit d’exister, de vivre comme bon lui semble, que nous commencerons par donner tort à Naipaul. Pour l’heure, la femme mauricienne ne peut toujours pas sortir seule, sans courir le risque d’être importunée dans la rue, ou agressée par celui qui dort dans le même lit qu’elle. Tant qu’on n’aura pas plus de femmes en politique, en égalité sur les listes des candidats mâles, la femme sera toujours moindrement représentée à l’Assemblée Nationale. Le lieu où des hommes croient détenir le pouvoir suprême sur tout ce qui se rapporte aux droits de la femme.

C’est toute cette mentalité rétrograde qui emprisonne la femme dans un carcan ignoble. Au nom de Sanjana Khoodeeram, tout doit être fait pour que la femme mauricienne puisse respirer. On doit lui demander pardon de l’avoir laissée mourir, dans des conditions atroces ! Aucune femme, infidèle ou pas, ne mérite un tel sort. Comme disait le Nazaréen, que celui qui n’a jamais péché jette la première pierre. Laissons vivre la femme mauricienne !

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