Pourquoi la population, dans son immense majorité, a de la peine à faire confiance à l’opposition, a croire celle-ci incapable de se présenter comme une alternance credible au gouvernement de Pravind Jugnauth ? Tout simplement parce que depuis Paul Berenger a parlé de dynamique au sein de l’opposition, puis n’a plus rien dit avant d’annoncer que les discussions reprenaient afin d’établir un programme commun de gouvernement, la population est de plus en plus convaincue qu’il s’agit d’une grande farce qui se joue comme du papier à musique. D’abord, Paul Bérenger, de plus en plus déconnecté de la réalité, a voulu que le leader du PMSD aille à Réduit, l’objectif étant de décapiter les bleus afin que le MMM ait le terrain libre dans les régions urbaines et, éventuellement obtienne plus d’élus que le Parti travailliste. Suffisamment pour permettre à Paul Bérenger d’augmenter son « pouvoir de négociation » face au docteur Navin Ramgoolam. Le calcul du chef des mauves est fondamentalement machiavélique mais il est habitué à ces manoeuvres en arrière-plan.
À la baguette
Il s’agit d’une véritable danse macabre jouée par l’opposition parlementaire avec la baguette Paul Bérenger. Pour n’être qu’un simple citoyen certes leader d’un parti, le Dr Ramgoolam veut lui jouer comme s’il avait toutes les cartes en main. Sa grande crainte est de voir la concrétisation d’une alliance à trois, ce qui réduirait en peau de chagrin le nombre d’investitures du labour au sein d’une telle coalition. Mais, la plus grosse difficulté à laquelle se heurte l’opposition durant ces ‘fumeuses’ rencontres est la répartition des tickets en milieu urbain : ni le MMM ni le PMSD ne veulent lâcher le morceau afin de concéder une part de tickets équitable aux rouges. Car, dans certaines régions, le MMM ne veut rien céder. À Stanley/Rose-Hill, par exemple, ce qui reste de partisans rouges réclame trois investitures mauves. Déjà très remontés contre Paul Bérenger depuis 2014, ces ‘die-hard’ mauves voit d’un très mauvais œil une énième alliance sous la direction du Dr Ramgoolam, synonyme d’une nouvelle défaite pour eux. Encore plus irrités, ils estiment que ces ‘négociations tripartites’ ne mènent à rien car les élections législatives ne sont pas imminentes, Pravind Jugnauth ayant à maintes reprises déclaré qu’il ira jusqu’à la fin de son mandat. C’est d’autant plus vrai que l’ile Maurice ne connaît aucune crise économique, sociale ou écologique. Le PMSD, allié ‘naturel’ du P. Tr, se la joue calme mais ne rate rien de ce jeu, Xavier Duval ayant refusé toute proposition d’aller à réduit et très curieux concernant l’octroi du poste de vice-Premier ministre.
‘Buzz médiatique’
L’agitateur Rama Valayden, par contre, ne manque jamais une opportunité de créer un ‘buzz médiatique’ pour exister. Il ne se rend même pas compte qu’il a déjà perdu le peu de capital politique qu’il possédait à Rose-Hill, pourtant son fief. Pourquoi Valayden a du mal à s’y accepter, lui qui pourtant s’est dépensé sans compter dans les quartiers populaires de cette ville ? C’est qu’il peine à trouver une certaine crédibilité auprès des classes moyennes alors que dans le même temps, les classes des pauvres sortent petit à petit de leurs conditions, ce qui prive l’avocat-agitateur d’une base électorale. Le populisme de Valayden s’effrite comme tout populisme à l’épreuve du développement économique et social. On l’a vu avec le sort des ‘Avengers’, nom ronflant dont s’étaient affublés quelques avocats il n’y a pas longtemps, afin de créer le buzz médiatique avec le soutien d’un reporter d’une radio privée. Puis, il ne s’est plus rien passé, comme on s’y attendait. Que ce soit Valayden, Bha.dain ou Bodha, tous auront du mal à gagner en crédibilité face à d’une part l’opposition parlementaire et, d’autre part, l’alliance conduite par Pravind Jugnauth. Il ne serait pas étonnant qu’une guerre ouverte s’ouvre entre le courant citoyen et l’opposition parlementaire, présentée par Bhadain and Co comme étant des politiciens dépassés par les évènements
Pari gagnéEn face d’eux, le gouvernement peut lui présenter son bilan marqué par le pari gagné contre la pandémie et la menace d’une crise économique et sociale. Le maintien de cet objectif avec des gros moyens mobilisés pour y arrive démontre la volonté de Pravind Jugnauth de privilégier l’économie et le social plutôt que la rhétorique politique. L’enjeu lié à la relance économique ne souffre pas d’être relégué au plan secondaire et la présentation du budget 2023-2024 donnera une idée des thématiques prioritaires du gouvernement. Il est quand assez révélateur d’entendre certains économistes mettre en garde contre des mesures populistes alors que d’autres – y compris les syndicats et autres ONG – réclamant encore plus de soutien de l’État en faveur des couches sociales précarisées par les conséquences économiques engendrées par la Covid-19 et le conflit militaire en Ukraine. Une telle contradiction résume parfaitement la difficulté qu’il y a fait plaisir à tout le monde. D’autant que le gouvernement doit à tout prix relancer l’économie dans un contexte économique global marqué par une configuration des pôles de pouvoir qui se redessine alors qu’à Maurice se posent les enjeux liés à la productivité, la formation de compétences de haut niveau et la nécessité de retenir c