Rencontre entre le Cardinal Piat et le Premier ministre
La rencontre entre le Cardinal Maurice Piat et le Premier ministre, hier, a été l’occasion pour l’un comme pour l’autre de s’expliquer tout en maintenant leur position respective, notamment pour ce qui est de la situation socio-politique dans le pays. Le cardinal Piat était accompagné du vicaire général, Jean-Maurice Labour, alors que le Premier ministre avait à ses côtés son adjoint et ministre du Logement, Steeven Obeegadoo, qui avait déjà eu une première rencontre avec le cardinal à l’évêché lundi soir. Visite présentée alors comme une tentative de Steeven Obeegadoo de jouer au pompier compte tenu de la virulence et la pertinence des propos du cardinal lors de son homélie de dimanche dernier concernant la situation socio-politique dans le pays.
Dans un communiqué publié à l’issue de la rencontre, qui a duré un peu moins de deux heures, l’évêché explique que «ce rendez-vous avait été demandé et obtenu depuis une semaine avant le message du dimanche des Rameaux». Selon le communiqué, il s’agissait pour le cardinal d’aborder avec le Premier ministre deux dossiers qui font partie du partenariat de longue date entre l’Eglise et l’Etat. Des dossiers y relatifs et documentés ont été soumis au PM qui a donné l’assurance qu’il en prendra connaissance, de manière approfondie, et qu’il les soumettra aux départements appropriés pour un suivi.
Le discours prononcé par le cardinal lors de la messe des Rameaux, qu’il a célébrée, a fait l’objet d’une discussion dans laquelle chaque partie a réagi. Les échanges ont été francs, dans une atmosphère de respect mutuel, a en croire le communiqué qui précise que «le Premier ministre a reproché à l’Eglise de réagir à partir de faits non avérées en soulignant qu’un dialogue aurait pu clarifier les choses. Mgr Piat, de son côté, a saisi l’occasion pour préciser sa crainte que les acquis démocratiques, reconnus à notre pays depuis l’indépendance, ne se perdent. Il a également souligné la grande souffrance du peuple devant la prolifération du trafic de la drogue».
Il a aussi été souligné, durant la rencontre, que l’Eglise s’est toujours manifestée de manière forte quand elle estimait que des problèmes graves menaçaient les fondamentaux de la démocratie et des droits humains. Le cardinal a ainsi évoqué, le souvenir de son prédécesseur, le Cardinal Jean Margéot lors de la menace à la liberté de la presse, en 1985, ainsi que l’intervention de Mgr Amédée Nagapen lors de l’état d’urgence prolongée en 1973.