Cher Navin Ramgoolam, << VOS ACTES DU TRIPLE MANDAT DE PM VOUS SUIVRONT TOUJOURS >>
Après avoir écouté et lu vos nombreux messages mélancoliques à la nation, on ne peut s’empêcher d’arriver à une conclusion inéluctable : vous êtes complètement coupé de la réalité et vous vous vautrez dans la boue de vos gloires passées, de vos diplômes honorifiques, de vos moeurs douteux. Cela n’est peut-être pas surprenant puisque vous êtes entouré de personnes qui ont tout à gagner à vous dire à quel point vous êtes merveilleux, le plus fort, le plus beau.
Puisque votre aimable message s’adressait à la nation mauricienne moyenne, vous me permettrez sûrement d’exprimer ma réaction. Je dois d’abord vous reprocher votre mauvais sens du timing. En décembre dernier, alors que le pays avait grandement besoin d’un chef de file pour remonter le moral des troupes, d’une inspiration, vous avez brillé par votre silence. Maintenant, les ravages de toutes vos «affaires» et de votre compagnie peuvent être invoqués comme une excuse commode pour détourner l’attention de vos nombreux échecs, soudain le bon Samaritain, le sauveur, le messie est sous les feux de la rampe.
Vous soulignez à juste titre que le Parti Travailliste a fait beaucoup pour ce pays. Dans le passé, quand il excellait dans le jeu politique, faisant appel aux émotions et aux préjugés communautaires, luttant contre l’impérialisme, luttant pour certaines libertés (et en achetant d’autres au prix de Diego….), le PTR a effectivement accompli quelque chose. En dix ans, le champ de bataille a changé, le jeu est maintenant celui du progrès économique, et votre record est épouvantable. Pour tous ceux qui, comme moi, avons toujours été en première ligne pour soutenir le Parti Travailliste et qui ont voté pour vous depuis votre retour pour prendre le pouvoir du Parti (pour lequel aucun repentir ne peut apporter la rédemption), la désillusion est d’autant plus amère. Tous les signes sont maintenant là pour montrer que la pourriture s’est déjà installée. Le monument s’effondre et le chef de la maison ne peut même pas remarquer les fissures. Il faut maintenant de nouvelles pierres, de nouvelles fondations, et mieux encore, de nouvelles maisons.
Je ne m’attarderai pas longtemps sur votre poste de Premier ministre. Je peux comprendre qu’à force de devoir nommer plus de la moitié de vos candidats qui étaient ministres et qui ont été choisis parmi les riches et ont été condamnés dans certains cas (un pourcentage stupéfiant), vous n’avez pas gratté le fond du tonneau. Cependant, s’il vous plaît, ne modifions pas le sens de mots du dictionnaire comme «loyauté», «capable», «honnête» . Ces mots sont des farces pour vous.
En tant qu’auteur de cette débâcle, vous devez assumer l’entière responsabilité de l’action (ou de l’inaction) des personnes que vous avez placées dans une position où leur incompétence a causé de nombreux dommages, de celles que vous avez poussées à un niveau à peu près médiocre parce qu’elles étaient simplement membres d’une société culturelle et qu’elles n’ont pas été démises de leurs fonctions. Vous êtes le coupable numéro 1. Après des années de mauvaise gestion de votre gouvernement , ce pays est devenu un refuge pour l’indolence et l’incompétence, un repaire pour les profiteurs et les corrompus. La futilité du travail, de l’effort, de l’honnêteté et de la capacité a été amplement démontrée par les énormes récompenses que la corruption et la flatterie apportent. Le déclin des normes morales, la perte d’espoir, de courage et de bonne volonté, la prolifération du sentiment communautaire et «casteiste» sont toujours des éléments importants dans le palmarès de votre gouvernement, voire des marques de fabrique de votre administration. C’est une triste histoire. Vous aviez tant de pouvoir pour faire tant de bien. Vous nous avez réduits à l’indignité ultime de devoir aller mendier des aides, des subventions, des prêts, des miettes.
Je vais vous dire quelle est la plus grande tâche qui attend ce pays : il commencera bientôt à être confronté au problème de renaître des cendres de l’ère post-indépendance. Il y aura beaucoup à faire pour atteindre la stabilité économique, un niveau élevé de moralité et pour construire l’ossature nationale que ce pays n’a jamais eue… Cependant, je suis confiant dans l’avenir. Comme tous les peuples qui se relèvent après un holocauste, une guerre mondiale ou toute autre calamité, ce pays va se lancer dans son propre programme de reconstruction. Après votre départ, il ne peut y avoir aucun doute sur la capacité de cette nation à y parvenir. Cependant, je n’ai que deux craintes : la covid 19 pourrait être la plus grande tragédie qui pourrait se produire à cette jonction.
Comme vous, nous admirons le Mahatma Gandhi, il est cependant étrange que vous respectiez une telle entreprise alors que votre gouvernement avait beaucoup plus en commun avec le gouvernement indien. Vous dites qu’il est temps pour la Grande-Bretagne de «réexaminer» le retour de Diego à l’île Maurice, maintenant que les États-Unis ont une raison absolue de le faire.
Vous semblez très en colère contre tous, contre vos opposants politiques, contre les autres, contre les rumeurs, les scandales, les campagnes de peur. Et, vous accablez même ceux qui vous entourent de cette attitude colérique.
Une chose dont vous n’en accordez que peu de considération et qui pourtant vous condamne à la voie du garage: le temps. Certes personne ne sait de quoi demain sera fait, mais après l’heure ce n’est plus l’heure. L’interrogation est simple: qu’est-ce un NCR pourrait être capable de réaliser pour le peuple à 80 ans, ce dont il a failli réussir alors que l’âge, l’énergie et l’esprit vivace lui étaient impartis, 15 ans de cela? Certainement, peu de choses. Là aussi nous ne voudrions pas être méchant pour lui dire <>. Comme le dit si bien l’écrivaine Pauline Viger-Bélanger : < Quand la faute est consommée, que l’on veut revenir en arrière, il est trop tard. Nos actes nous suivent”
Cassam DHUNNY