C’est de nouveau la pagaille dans le camp de l’opposition. Et comme pour ne pas changer c’est, encore une fois, l’inénarrable Badhain qui vient jeter un pavé dans la mare politique avec sa proposition de démission de six membres de l’opposition parlementaire afin de forcer le gouvernement à tenir des élections générales, à un an et demi de la fin de son mandat. Comme il fallait s’y attendre cette proposition a, non seulement reçu une fin de non-recevoir de la part des principaux concernés, mais elle a aussi suscité les commentaires amusés des observateurs politiques. Certains ont même trouvé farfelue pour ne pas dire risible, la proposition du leader du Reform Party.
Roshi Badhain a la fâcheuse habitude de se prendre pour la grenouille de la fable de La Fontaine. Des politiciens et des commentateurs avertis savent pertinemment qu’une démission de députés de l’opposition, fut-elle au nombre de six, n’oblige en rien le gouvernement à tenir des élections générales. Le très respecté constitutionnaliste Milan Meetarbhan le dit d’ailleurs : il n’est nullement écrit dans la Constitution que la démission de six députés rend la tenue d’élections générales obligatoire. Pour justifier sa proposition, Badhain dit qu’il y a des antécédents. Les exemples qu’il cite sont des élections générales anticipées organisées, après la démission des députés de la majorité et ce, dans le cadre d’une stratégie bien réfléchie et d’un contexte politique bien précis. Or, il n’y a rien de tel pour le moment.
Une fois de plus, il s’agit d’une lubie d’un chef de parti, voire de groupuscule, qui se cherche, qui a décidé de se présenter seul aux prochaines élections législatives et qui se voit déjà dans la peau d’un «Prime minister in the making». Et l’on s’étonne ensuite que Pravind Jugnauth, bien calé dans son fauteuil de Premier ministre et de leader du MSM, ironise et se moque d’une opposition qui est toujours à la recherche d’une unité encore irréalisable à ce jour. Si la fameuse alliance PTr-MMM-PMSD se fait toujours attendre l’on aura noté que plus personne ne parle de l’Entente de l’Espoir, qui n’aura duré que le temps d’une rose vite fanée.
Un cafouillage sans pareil
Les Mauriciens regardent éberlués cette opposition qui n’arrive toujours pas à trouver ses marques. D’un côté le trio rouge-mauve-bleu, où rien n’est encore finalisé, Roshi Badhain qui fait cavalier seul, Linion Pep Morisien qui se cherche encore, Nando Bodha qui nage en pleine confusion ne sachant trop à quelle locomotive s’amarrer. Un cafouillage sans pareil. Un spectacle désolant avec des gens qui disent tendre vers un même objectif, celui de former un bloc cohérent susceptible de faire partir le gouvernement aux prochaines élections et d’apporter de profonds changements à un système politique qui a fait son temps mais qui ne peuvent s’empêcher de se prendre à contrepied au point de rendre toute forme d’alliance entre eux impossible.
Quant au gouvernement il fait preuve de stoïcisme et se montre impassible face aux nombreuses critiques de l’opposition et aux difficultés auxquelles il fait face en ce moment. Mieux, il répond à ses adversaires, coup pour coup, chaque semaine, par le biais d’une conférence de presse hebdomadaire. Faut-il vraiment s’étonner que les Mauriciens soient déçus de la classe politique ?