L’industrie hippique est arrivée à la croisée du chemin. Il y a ceux qui vont comprendre les enjeux réels tant sur le plan économique et social, il y a ceux qui vont se battre pour protéger leurs acquis et leur business. L’Etat aura un choix à faire, un choix difficile politiquement, car il est question tout de même de toucher à 210 ans d’histoire. Mais ce choix est aujourd’hui important, car une industrie ne peut être l’otage d’une petite minorité aux retraites dorées, qui nagent contre-courant et qui ne se soucient guère des autres stakes holders. Le MTC a fait son temps. Ce club et sa filiale la MTCSL survivent grâce aux investissements colossaux de 96% des propriétaires, non membres.
Ne nous voilons pas la face. L’homme qui défie le changement n’a rien à perdre. Le président du Mauritius Turf Club, Jean Michel Giraud a déjà assuré sa retraite et l’avenir de ses enfants et petits-enfants. Il en est de même pour cette bourgeoisie du Mauritius Turf Club, cette infirme minorité qui est aujourd’hui réfractaire à des changements drastiques, mais importants. Le Champ de Mars a été l’un des rares endroits du pays où ce petit régime a continué à faire la pluie et le beau temps. Il y a eu une ouverture pendant trois ans, de 2007 à 2009 lorsque Gilbert Merven avait pris la barre. On avait noté une petite explosion dans le segment au niveau des recrutements des membres au sein du MTC. Cela n’a jamais été digéré et elle a été vite maîtrisée par une reprise du pouvoir. Quand Giraud est allé frapper à la porte du Dr Ramgoolam pour demander une commission d’enquête, il avait l’appui de cette petite minorité dominante.
Le même scénario s’est produit avec Kamal Taposeea qui a été président du club de 2018 à 2020. Ce dernier, avec l’appui de son Chief Executive le Sud Africain Mike Rishworth, avait prôné une ouverture avec le gouvernement conscient de l’enjeu économique et de la nécessité de passer à une autre étape dans la gestion des courses hippiques. Nous reprenons un extrait de son discours de l’Assemblée générale du club en 2021: During the course of my tenure as President of the Club over the last 3 years, for which I sincerely thank you for your support, I have always stated that the MTC’s current model is not a viable one for the future. Our income model is primarily based on activities which account for only 37 to 39 days per year. This is not sustainable in the long run. There is a desperate need to revamp our aging infrastructure, to have a better training centre, and to recapitalize the Club through partnerships with the end game being for us to have our own Tote.”
Recruté pour assurer une gestion saine des finances et de restructurer le MTC, le CEO, Mike Rishworth n’avait pas caché qu’un changement doit s’opérer. “ Racing in Mauritius must change, and change fast. We are lagging far behind the rest of the world in many areas. Racing must be able to re-structure itself by adopting technology to meet changing customer demand trends. We must be in a position to generate income from events other than our own racing. There is no need to “re-invent the wheel”, all that needs to be done is to accept tried and tested international best practice and implement this as a matter of extreme urgency. I am of the view that we need to adapt, and adapt fast, or we are going to have a very uncertain future. In this regard, I am happy to report that we are talking to the Authorities on a number of exciting initiatives which could result in the beginning of a turnaround for the sport of thoroughbred racing”,avait-il déclaré très honnêtement aux membres du club en mars 2021.
Ces deux éléments en ont pris pour leur grade à travers des multiples critiques. Rishworth a du tout laisser tomber après l’élection de Giraud et Taposeea a été poussé vers la porte de sortie. Pour les “Nou club”, ces deux personnes ont vendu le Mauritius Turf Club. Mais pourtant, en 2011, l’ex-président du MTC, Me Gavin Glover avait tenu plus ou moins le même langage dans une interview.
Nous prenons la peine de publier quelques extraits de ses déclarations afin de permettre à des turfistes qui ont des mémoires courtes:
“L’industrie des courses à Maurice est plus que jamais à la croisée des chemins. Nous avons reçu, dans le dernier budget du ministre des Finances, des restrictions très importantes qui vont certainement avoir un impact négatif sur notre industrie. La seule différence qui existe entre l’industrie des courses à l’étranger et celle de Maurice est que nous sommes le seul pays au monde où le gouvernement ne reverse pas un seul sou dans l’industrie. Le gouvernement prend tout, mais ne donne rien. C’est la seule différence qui existe entre Maurice et les autres entités hippiques à travers le monde. Il nous faut travailler vers une formule où les propriétaires de chevaux et les écuries deviennent “self-sufficient” pour pouvoir aller de l’avant. Car on ne peut plus continuer à subventionner matin, midi et soir tout ce qui se passe dans une écurie.”
“Ce n’est pas une, “helping hand” que nous recherchons avec l’État. Au MTC nous disons simplement qu’il est plus que jamais nécessaire d’avoir un véritable partenariat avec l’État. Si vous avez une entité comme le Mauritius Turf Club, qui est reconnu mondialement pour l’organisation des courses, qui vous rapporte par son savoir-faire, son expertise et son professionnalisme, un demi-milliard de roupies par an dans les caisses de l’État, je pense qu’il est du devoir de tout gouvernement de s’assurer que la poule aux œufs d’or ne meurt pas prématurément. Voilà ce que je dis…”
“il nous faut en 2011 réinventer le club. L’administration du MTC comme elle est actuellement est dépassée. Il nous faut une refonte totale de notre administration et on s’y attelle déjà puisque nous allons présenter lors de notre assemblée générale annuelle un nouvel organigramme avec une répartition des tâches beaucoup plus homogène pour le staff du club et ceci dans le but d’avoir plus de productivité et d’efficacité”.
Dix ans se sont écoulés entre cette position exprimée par Me Gavin Glover et celles du duo Taposeea et Rishworth. Dans le fond, c’était les mêmes approches et les mêmes volontés de restructurer le MTC pour qu’il réponde aux exigences d’une monde moderne tout en travaillant avec l’Etat.
Le gouvernement Jugnauth est conscient que l’industrie hippique contribue énormément dans la caisse de l’État. Ce gouvernement a aussi compris qu’il est important d’aider le club ou l’organisateur des courses, car des milliers de familles en dépendent pour vivre. Mais, tout gouvernement responsable ne peut pas injecter l’argent du peuple dans une structure où il ne peut rien contrôler et n’a aucun droit de regard. Dans un environnement où une petite minorité fait la pluie et le beau temps que ce soit en termes des salaires mirobolants, des contrats en bétons et l’achat des voitures tous les ans. Dans un milieu où la classe ouvrière a été négligée pendant des décennies. Un gouvernement responsable ne peut pas injecter l’argent des contribuables dans un secteur où l’argent sale circule ouvertement. Il fallait avoir un droit de regard et les amendements apportés et échelonnés sur 4 ans étaient nécessaires si on se tourne vers les recommandations de la Commission Parry et Lam Shang Leen. Il est absolument faux de dire que le gouvernement Jugnauth ou celui qu’on diabolise systématiquement soit Jean Michel Lee Shim ont pas pris l’industrie en otage. Le gouvernement a une vision de ce que devrait être l’industrie hippique dans 5 ou 10 ans.
L’arrivée de la Horse Racing Division est un grand pas en avant. L’institution à Maurice d’un Turf Authority a pu être évitée pendant des années grâce aux connexions politiques de la bande “Nou club”. Pour combattre ce changement drastique, mais nécessaire, les “nou club” sont allés chercher Jean Michel Giraud en 2021, conscients de son influence avec les hommes politiques, dont Paul Bérenger qui est dans l’Opposition. Pour bloquer tout processus de changement, la participation des politiciens et de cette section de la presse partisane était nécessaire. Les évènements à travers les multiples coups de gueule de Jean Michel Giraud dès sa élection et Giraud-Gate (les mails envoyés à Arvind Boolell, Rajesh Bhagwan et Rama Valayden) en sont les preuves. Les multiples interventions live de Rama Valayden, en contact direct avec un employé de la MTCSL, le sont aussi.
Alors que tout est mis en place pour démarrer la saison le 9 avril, la position du président du MTC, Jean Michel Giraud, est claire. On ne débutera pas tant que la MTCSL n’ait pas obtenu ce qu’elle recherche, en d’autres mots “Pe met Couteau embas la gorge”! C’est vrai que l’état financier de la MTCSL est mauvais, mais on ne peut nier qu’il ne pouvait être le contraire avec les effets de la pandémie. Tout comme on peut nier que la MTCSL a maintenu les gros salaires en 2021, a recruté des gens inutiles.
Jean Michel Giraud ne peut continuellement se battre contre le gouvernement tout en espérant une aide. La prise de position de ses ‘macros influenceurs’ sur les réseaux sociaux démontrent que cette bande est prête à tenir les courses en otage.
Il existe une façon de faire, cela dans le respect, mais malheureusement, partout où il est, Jean Michel Giraud sème la tempête. Il est la gangrène! Que ce soit dans le tennis, aux élections du CNOM et au MTC, il fait des dégâts. Le problème, ce que ses conseillers sont aussi mauvais que lui que ce soit dans leur attitude, dans leur approche, dans leur vision.
En attendant, qui sont ceux qui paient? Pas les membres du MTC, pas les ‘MI’ de Giraud mais les 96% des propriétaires qui n’ont aucun ‘SAY’ dans l’industrie et le day to day running des activités de l’organisateur des courses. Pire, on annonce des augmentations drastiques, au-delà de 5%, des locations des boxes et autres facilités offertes par la MTCSL. Ils sont devenus les “vaches à lait”.
C’est clair que dans un tel scénario, l’idée de voir émerger d’autres organisateurs des courses a fait son chemin. Il nous faut aujourd’hui un “People Turf Club”, voir un “Owners Turf Club” qui permettra à tout un chacun d’être des acteurs influents dans l’industrie hippique. Les statuts du Mauritius Turf Club sont dépassés. Ils ne permettent pas une ouverture et il n’existe aucune volonté aussi de le faire.
Il est impératif d’avoir quelque chose de nouveau dans une île Maurice moderne. Il faut tout simplement vaincre cette peur qui bloque une vraie démocratisation de nos courses. Faisons tout simplement confiance à cette compétence mauricienne, qui existe dans d’autres milieux de la communauté.