Nos moeurs politiques sont si figés et nos partis politiques si sclérosés que tout changement, surtout s’il va dans le bon sens, mérite d’être signalé, voire d’être salué. Du côté du Mouvement Socialiste Mauricien (MSM) et de la majorité gouvernementale on note, avec satisfaction, la présence de quatre femmes au conseil des ministres après le remaniement ministériel de la semaine dernière. Encore qu’il faut bien admettre que l’entrée de Dorine Chukowree au gouvernement relève d’un calcul politique puisque cette nomination répond à un critère ethnique mais surtout permet de faire un clin d’œil à d’éventuels transfuges qui pourraient abandonner le navire mauve d’ici aux prochaines élections générales pour se joindre au MSM.
Autant dire que dans le cas du MSM obligation fait loi. Mais c’est du camp de l’opposition que viennent les plus intéressantes initiatives. Il faut d’abord saluer la démarche de l’alliance PTr-MMM-PMSD d’avoir invité les Mauriciens, et pas seulement leurs partisans, à faire part des propositions qu’ils estiment susceptibles de figurer dans leur manifeste électoral. Une démarche tout à fait originale quand on sait que dans le passé ce sont les partis politiques qui ont toujours imposé leurs idées et leurs projets aux électeurs. Dans bien des cas il s’agissait de promesses mirobolantes qui n’étaient presque jamais tenues.
Cette invitation faite aux Mauriciens n’est pas qu’un simple dialogue. Elle traduit également un souci d’être à l’écoute de la population dont les aspirations et les idées, parfois très terre à terre, et d’une logique implacable, ne rejoignent pas toujours celles des politiciens enfermés dans leur tour d’ivoire. Il faut croire que cette démarche a été appréciée par plus d’un car un journal du matin nous apprenait, hier, que les dirigeants de cette alliance, à tout le moins ceux chargés de travailler sur la préparation du manifeste électoral, ont reçu plus d’une centaine de propositions.
Etre à l’écoute des Mauriciens
Un «response» positif qui a agréablement surpris ceux qui ont été à la base de cette initiative puisque le leader de l’Opposition s’est engagé à répondre individuellement à chacune des personnes qui ont pris la peine de soumettre leurs idées afin de les remercier. Comme quoi il suffit d’être à l’écoute des Mauriciens pour qu’ils se sentent concernés. Cette démarche de l’alliance rouge-mauve-bleue est d’autant plus salutaire qu’elle vient démontrer que les Mauriciens ne se désintéressent pas de la chose politique, contrairement à une croyance générale quand bien même ils souhaitent voir du sang nouveau au sein de la classe politique.
Tout aussi salutaire est l’initiative du Reform Party et de son allié En Avant Moris de Patrick Belcourt, d’avoir réuni des jeunes à un Youth Forum pour discuter d’une dizaine de propositions concernant la jeunesse, extraites de la liste de 80 propositions rendues publiques par ce parti le mois dernier. Quel que soit le reproche que l’on peut faire à Roshi Badhain concernant ses déclarations à l’emporte pièce force est de reconnaître que cette ouverture vers les jeunes fait souffler sur nos mœurs politiques vieillots un vent nouveau. Une démarche novatrice qui n’a rien à voir avec les traditionnelles aile-jeune qui ne sont souvent que des appendices sans importance de nos formations politiques.
Un dialogue fécond
Jusqu’ici seule l’Eglise catholique avait institué ce genre de dialogue en encourageant différentes paroisses, à créer, en période de campagne électorale, un espace de dialogue entre les candidats et les paroissiens. Des échanges qui permettaient aux candidats d’expliquer la vision de leur parti pour l’avenir. Pour positives qu’elles aient pu être, ces rencontres ne débouchaient pas nécessairement sur des actions concrètes susceptibles de changer la vie ou l’environnement de ces paroissiens-électeurs.
Cette fois ce sont les dirigeants des partis politiques qui tendent la main aux électeurs pour un dialogue que l’on souhaite fécond. Cela mérite d’être relevé en espérant que ce dialogue se poursuive et soit étendu à l’ensemble des Mauriciens. Les nouvelles technologies constituent aujourd’hui un formidable outil permettant de renforcer ce dialogue.